Humanitaire n'est pas synonyme d'austérité
La promotion d'une cause peu connue demande plus d'efforts que la collecte de fonds pour une action médiatisée. Les aspects créatifs du message et le papier seront choisis en conséquence, quitte à augmenter quelque peu les coûts.
Je m'abonneÀ LIRE AUSSI
- Papier : comment faire le bon choix
- Concilier les exigences techniques, la perception et les coûts
- Choisir l'imprimeur en fonction du papier
- Assortir le papier à l'image de la marque
- Les papiers de création pour une communication de luxe
- Créateur de papier, un métier unique
- Grand public, B to B : quel papier ?
- Comment avoir une belle peau ?
- Des papiers variés pour personnaliser les messages
- Papier : comment faire le bon choix
- Concilier les exigences techniques, la perception et les coûts
- Choisir l'imprimeur en fonction du papier
- Assortir le papier à l'image de la marque
- Les papiers de création pour une communication de luxe
- Créateur de papier, un métier unique
- Grand public, B to B : quel papier ?
- Comment avoir une belle peau ?
Le domaine humanitaire, le champ d'action des associations reconnues
d'utilité publique et caritatives, est souvent considéré comme un terrain
sensible pour le marketing direct. Comment communiquer sur des sujets touchant
à la générosité des donateurs, tout en véhiculant l'image d'une gestion
parcimonieuse. Autrement dit, comment dépenser l'argent en communication sans
en avoir l'air ? La tâche n'est pas simple. Mais ce serait une erreur de
vouloir répondre par des réductions drastiques de tous les postes de coûts. La
bonne approche passe par une adéquation optimale entre le contenu du message,
le type de communication et le papier choisi. Dans l'humanitaire, on distingue
trois types de messages, suivant l'objectif et le degré d'urgence : un message
"léger", avec peu d'éléments inclus, imprimé en bichromie, sera utilisé pour
des cas d'urgence. Un message "moyen" comportera plus d'éléments, ainsi qu'un
dépliant de meilleure qualité.
Martial Ducroux (Cime)
Enfin, un message "lourd" sera utilisé pour des besoins de prospection
(contrairement aux deux types précédents qui sont plutôt destinés à la collecte
des fonds). Martial Ducroux, P-dg de l'agence CIME, spécialiste des causes
humanitaires, souligne la correspondance nécessaire entre le papier, le but du
message et la cause défendue : « Le message de collecte de fonds se défend par
son contenu. Le choix du support doit être en cohérence avec la nature
philosophique de la cause. Quand il s'agit de parler de la pauvreté et de la
précarité, l'impression en noir et blanc passe mieux. Mais lorsqu'il s'agit,
par exemple, de collecter des fonds pour des vacances pour les enfants des
familles démunies, comme le fait le Secours Populaire, on fera appel aux
couleurs et la quadrichromie car il s'agit là de vendre de l'espoir. » Dans la
catégorie supérieure, le message de prospection parlera de la cause, mais
également de l'association elle-même. Il peut contenir des dépliants
classiques, mais aussi des étiquettes autocollantes, le tout imprimé sur un
papier de meilleure qualité. Les étiquettes seront imprimées sur un papier
adhésif qui ressemble à l'offset, avec le même touché mais en plus épais. Les
messages à vocation humanitaire sont souvent conçus dans des conditions de
précipitation extrême, pour des raisons qui tombent sous le sens. « Il en fut
ainsi, par exemple, du message "Urgence Salvador" pour le Secours Populaire
Français, qu'il fallait réaliser en toute précipitation, tant que la campagne
médiatique battait son plein et que l'on pouvait espérer de bonnes retombées »,
raconte Martial Ducroux. Ce message est cité comme un exemple de sobriété.
Papier offset, lettre au format A4 avec une photo choc en noir et blanc, bon de
soutien au format un tiers de A4, deux enveloppes : l'ensemble fabrication et
papier n'a pas coûté plus de 60 centimes par unité, sans compter la création,
le timbre et la TVA. « Quand il faut faire très vite, le choix d'imprimer en
deux couleurs est suffisant, estime Martial Ducroux. Il n'y a pas besoin de
grands discours, il faut surfer sur l'actualité. » Le message Urgence Salvador
a été imprimé à 100 000 exemplaires. Mais humanitaire ne rime pas toujours avec
message laconique. Parfois, le sujet impo-se un discours davantage développé.
Comme l'explique Martial Ducroux : « Prenez le cas des soins palliatifs. C'est
une cause peu médiatisée aujourd'hui. Alors, dans le message, on se doit de
décrire les enjeux, argumenter, citer des exemples pour convaincre. » Résultat
: le message de ce type sera plus riche et coûtera aux alentours de 1,40-1,50
franc. Le coût total d'un message ordinaire dans l'humanitaire avoisine 4
francs, timbre et TVA compris. On notera que les organismes humanitaires et les
associations n'ont pas le droit de se faire rembourser la TVA sur les timbres
car elle est déjà récupérée par les donateurs. Le budget représente une
contrainte forte. Dans le marketing classique, un message qui aura coûté 5
francs, aura un meilleur rapport investissement-retombées qu'un message à 3
francs. Dans le marketing direct humanitaire, les créatifs doivent brider leur
imagination. Qu'il s'agisse du format ou du poids du mailing, ici, les écarts
ne sont pas permis. On cherche naturellement à diversifier les for-mats et les
pliages, en utilisant quatre volets, portefeuilles, cinq volets en accordéon,
etc. Mais un document avec des découpages et des pliages compliqués, ne passera
pas. Le projet sera revu à la baisse. Cette considération vaut également pour
les matériaux utilisés, négociés au mieux. Le choix du papier est limité à
l'offset et au couché mat. Lorsque l'impression doit être réalisée en deux
couleurs pour des raisons de coûts, le papier offset est estimé suffisant. La
quadrichromie impose l'utilisation du couché mat qui offre un meilleur rendu
des couleurs. Les calques et autres supports originaux sont exclus. « C'est
dommage car le calque est un symbole de transparence. Justement, les
humanitaires ont souvent besoin de faire passer un message de transparence
concernant leur gestion. Mais le calque est hélas trop cher », commente Martial
Ducroux.