Concilier les exigences techniques, la perception et les coûts
1 Les critères techniques
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Parmi les critères
techniques, on note l'opacité du papier - important pour des mailings où il
faut imprimer le texte des deux côtés. Pour illustrer de beaux objets, on
utilisera un papier un peu brillant. La blancheur du papier est un élément très
recherché en France - plus c'est blanc et plus c'est beau. On remarque que ce
critère est nettement moins prisé dans les pays d'Europe du Nord. Le rendu
d'impression reste de loin le critère le plus important. Le type de presse
d'imprimerie joue aussi son rôle dans le choix du papier.
Sophie Fily (Antalis)
: "Le canal de perception visuelle est
systématiquement saturé. Les clients cherchent à se différencier par d'autres
sens".
Pour certains papiers, comme celui de presse, il y a aussi une échelle de
gradation suivant la qualité d'impression obtenue. En bas de cette échelle se
trouve le papier journal. Vient ensuite celui des revues télé, un niveau
au-dessus. En haut de la pyramide, le papier des magazines qui parlent de la
décoration et qui offre, par excellence, un bon rendu des détails graphiques.
2 Le poids et le grammage
Pour des mailings de VPC, on
choisira un grammage faible car il faut ici faire rentrer un maximum de
documents dans la même enveloppe sans dépasser le poids imposé par les tarifs
postaux. Pour la VPC, on utilisera facilement un grammage de 70-80 grammes par
mètre carré, tandis que des annonceurs, comme Air France ou des assureurs à la
recherche de notoriété, utiliseront plutôt un grammage de 90-100 grammes. A
noter que certains annonceurs font aussi appel à un papier de 45 grammes, ce
qui correspond au papier journal ou bien au papier des guides. Côté grammage,
le papier de création dispose d'un avantage. Il est relativement plus épais,
pour le même poids. Cela permet de choisir le papier de grammage inférieur pour
la même épaisseur et, en fin de compte, de multiplier le nombre de documents
sans alourdir le mailing.
3 La perception visuelle et plus
Face à la communication visuelle, télé, Internet..., le
papier retrouve aujourd'hui son importance de support physique. Au lieu
d'écraser l'ancien support, l'héritier des papyrus, le virtuel a curieusement
renforcé les attraits d'une communication "palpable". Les papetiers ont répondu
par la multiplication des choix et des qualités sensorielles très variées,
reproduisant les différents univers des activités de l'homme. « Le canal de
perception visuelle est systématiquement saturé. Les clients cherchent à se
différencier par d'autres sens, constate Sophie Fily, responsable de
prescription chez Antalis. En même temps, la domination d'Internet repousse les
gens vers des choses plus traditionnelles. D'où l'importance du touché, de
l'auditif et parfois même de l'olfactif, quand on insère des essences dans les
enveloppes. » Le bruit, le "claquant" quand on ouvre l'enveloppe, est un
nouveau critère dans le choix du papier. Par exemple, Evanescent, un nouveau
papier cristal coloré d'Antalis, ressemble à celui des fleuristes. La tendance
aujourd'hui n'est plus au choix de telle ou telle couleur primaire, mais plutôt
aux variantes et aux déclinaisons des couleurs. Par exemple, des effets lumière
obtenus grâce à des pigments - perlés, mordorés, iridescents, métallisés. Aussi
à la mode, les calques couleur pour les enveloppes. « L'avantage de nos papiers
translucides de la gamme Cromatico, c'est que l'on voit immédiatement ce qu'il
y a à l'intérieur », affirme Sophie Fily.
4 ISA ou mailing adressé ?
Le marketing adressé offre beaucoup moins de choix de papier que
les imprimés sans adresse. Lorsqu'il y a le nom du destinataire sur le
courrier, cela signifie probablement que le document va être utilisé pour
remplir un formulaire, écrire à la main, avec un stylo de fortune, etc. Le
papier doit alors supporter toutes les formes d'intervention possibles -
beaucoup plus qu'un imprimé sans adresse. Un courrier adressé doit également
pouvoir être plié, perforé, doit supporter différentes encres, y compris les
encres spécia- les utilisées pour couvrir des cases à gratter. Autre contrainte
technique : tous les papiers ne permettent pas d'obtenir une qualité laser à
l'impression, surtout pas les papiers de création. Ceux-là sont plus difficiles
à personnaliser avec l'adresse du mailing ; ils seront surtout utilisés pour
des brochures à l'intérieur de l'enveloppe.
5 L'enveloppe
L'enveloppe est la toute première chose que l'on voit,
avant même le message. Le papier de l'enveloppe sera choisi selon la méthode de
reproduction des adresses : étiquette collée, repiquage laser ou même manuelle
et calligraphique, utilisée pour des opérations de haute valeur et à faible
volume. Le format des enveloppes est souvent carré. Ces derniers temps, des
efforts ont été réalisés pour promouvoir des formats différents, par exemple le
format 114 x 224 à l'américaine, ou encore le A4 plié en deux dans le sens de
la longueur.
6 Le papier et le mode d'impression
Le
papier sera choisi en fonction du positionnement de la campagne, de la cible,
du volume et du budget global. Le mode d'impression correspondant est
sélectionné suivant la présence de la couleur, des photos, la qualité de
reproduction souhaitée et toujours le volume. Par exemple, lorsqu'il s'agit de
communiquer sur une exposition de peinture ou l'ouverture d'une galerie, on
choisira un beau papier couché plutôt qu'un offset. Mais quand le message est
composé de mots percutants, on pourra faire appel à un papier de création. Ce
papier a la particularité de "boire" à l'impression et de donner des fondus.
Dans ce cas, les images serviront d'illustration au texte sans jouer le rôle
principal. En tout état de cause, on aura besoin d'un test de rendu à partir
du moment où le message contient des photos et d'autres impressions en
quadrichromie car le papier peut prendre l'encre de manière différente. Suivant
le mode d'impression, feuille à feuille ou rotative, on choisira donc le papier
adapté.
7 Bien choisir son imprimeur
Le choix de
l'imprimeur est également crucial pour la réussite de la campagne, surtout
lorsqu'il s'agit d'utiliser des papiers de création. Les papetiers conseillent
généralement de faire plusieurs essais techniques car le papier de création
peut absorber ou renvoyer l'encre. D'autres problèmes peuvent apparaître, liés
à l'habitude de l'imprimeur de travailler avec des supports particuliers. Les
papiers de création sont plus délicats à imprimer. Pour les imprimeurs, cela
peut représenter des contraintes. Comme en témoigne Frédéric Le Bris, chef de
fabrication chez Piment (DDB) : « Petit Bateau communiquait auparavant sur des
supports classiques, offset et couché mat. Notre équipe a proposé des calques.
Cette solution n'a pas donné entière satisfaction lors des impressions en tons
directs. Nous sommes donc passés au papier Cromatico d'Antalis. Là, nous avons
obtenu une blancheur impeccable et un rendu couleur satisfaisant. Mais ce
papier est assez technique et exigeant. Nous avons affronté quelques problèmes
de séchage - vous imprimez lundi, jeudi vous passez le doigt dessus et ça
adhère toujours. C'était en fait un problème de l'imprimeur qui ne maîtrisait
pas le siccatif adapté. L'agence a été obligée de faire des essais auprès de
trois imprimeurs différents pour trouver celui qui savait travailler avec ce
papier. Aujourd'hui, les problèmes sont réglés. La campagne Petit Bateau est
rééditée quatre fois dans l'année, avec un tirage entre 50 000 et 150 000
exemplaires. »
8 Le coût
Le papier fait partie des
coûts variables dans une opération de mailing, au même titre que l'impression,
le routage et le timbre. Plus le tirage est grand et plus on sera regardant sur
ce poste de coûts. Les papiers couché mat et l'offset représentent le gros du
marché des mailings car ils offrent les meilleurs rapports financiers. Sur le
papier non couché, l'impression est moins chère mais au détriment de la
qualité. Le prix pour un papier couché de grande consommation est défini au
kilo, entre 5,50 francs et 7 francs dans la gamme du papetier Stora Enso et des
autres. La valeur supérieure correspond aux papiers plus légers : il y a plus
de surface dans une unité de poids et on peut donc insérer un document plus
important sans dépasser le poids limite. Le papier de création est plus souvent
livré en feuille à feuille, par unité de vente de 1 000 feuilles. Son coût peut
varier largement, entre 20 et 120 francs au kilo.
9 Les tarifs postaux
Aujourd'hui, dans les opérations de mailing, il est
souvent fait appel au tarif postal TS 3 : 1,68 franc, pour un courrier dont le
poids ne dépasse pas 35 grammes. Cela paraît peu, mais il ne faut pas oublier
qu'auparavant, le poids correspondant à ce tarif était de 20 grammes seulement.
Il fallait alors se livrer à de vraies prouesses pour caser jusqu'à quatre
feuilles de papier ou bien deux feuilles et deux enveloppes et ce, pour un
poids plume. Et même encore aujourd'hui, il faut développer quelques trésors
d'ingéniosité pour ne pas dépasser ce poids limite de 35 grammes, au-dessus
duquel les coûts de l'envoi passent à 1,86 franc, plus la surtaxe au poids, de
8,50 francs pour chaque kilo.
Glossaire
Bouffant : papier dit "brut de machine" de composition fibreuse, dont la main est égale ou supérieure à 1,70. Couché : papier qui a été soumis à un procédé améliorant sa brillance et son imperméabilité. Epair : aspect du papier examiné par transparence. Uni, fondu ou nuageux, selon l'homogénéité de la répartition des fibres. Gaufrage : consiste à faire apparaître un relief par le passage du papier entre deux cylindres gravés. Grammage : masse par unité de surface d'un papier. Exprimé en gramme par mètre carré. Main : appréciation par le toucher de l'épaisseur et de la résistance d'un papier. Un papier a une main lorsque son épaisseur semble élevée pour sa masse au mètre carré. Trame : ensemble de points, de formes et de surface variables, permettant de reproduire les demi-teintes d'une même couleur. Translucide : support se laissant traverser par la lumière mais au travers duquel on ne peut distinguer les objets par application directe. Vélin : papier lisse, d'épair uniforme. Vergé : papier présentant par transparence des stries espacées perpendiculairement aux premières.