Créateur de papier, un métier unique
Trois questions à Emeric Thibierge, créateur de papier, dirigeant de Thibierge et Comar.
Je m'abonneÀ LIRE AUSSI
- Papier : comment faire le bon choix
- Concilier les exigences techniques, la perception et les coûts
- Choisir l'imprimeur en fonction du papier
- Assortir le papier à l'image de la marque
- Les papiers de création pour une communication de luxe
- Grand public, B to B : quel papier ?
- Humanitaire n'est pas synonyme d'austérité
- Comment avoir une belle peau ?
- Des papiers variés pour personnaliser les messages
- Papier : comment faire le bon choix
- Concilier les exigences techniques, la perception et les coûts
- Choisir l'imprimeur en fonction du papier
- Assortir le papier à l'image de la marque
- Les papiers de création pour une communication de luxe
- Grand public, B to B : quel papier ?
- Humanitaire n'est pas synonyme d'austérité
- Comment avoir une belle peau ?
Qu'est-ce que le métier de créateur de papier ?
C'est comme un
créateur de tissu. Chez Thibierge et Comar, nous essayons d'avoir des idées
nouvelles, sur les couleurs..., de les développer, les transformer en produits.
Mais nous n'avons pas d'outil industriel, nous sous-traitons la production. Et
nos papiers sont utilisés principalement par une clientèle haut de gamme, très
sensible à l'image de marque. Ils servent pour la création des invitations, des
cartes de voeux, des dossiers de presse et aussi pour des brochures et des
mailings. La création de papier est un état d'esprit, une façon de regarder les
choses, de capter les idées. Lors d'un voyage à Venise, au début des années 90,
j'ai pu observer le travail des souffleurs de verre. J'ai admiré les couleurs
du verre - opalescent, mat, sablé, très intenses. Et je me suis dit "c'est
magnifique, il faut que l'on fasse cela en papier". Quelques mois plus tard,
nous avons nommé un responsa- ble pour ce projet, qui s'était mis à chercher
des solutions techniques adaptées, et aussi des industriels en Europe, capables
de mettre ses solutions en oeuvre. Après des années de travail, ce papier a vu
le jour : la gamme des calques de couleur Cromatico a connu un succès mondial.
Dans les étapes de création, vous n'avez pas mentionné de réflexion sur la demande du marché. Un oubli ?
Au risque de vous décevoir,
je dirai que non, ce n'est pas un oubli. On nous reproche souvent de faire des
choses dans notre coin, de ne pas penser au marché. Pour le projet des calques
couleur, nous avons consulté, et très largement, des designers, des agences,
des graphistes. A peu près tous nous ont dit "non, nous n'avons pas besoin d'un
tel papier, il n'y a pas de marché pour lui". En fait, tous ces gens n'aiment
pas être dérangés dans leurs habitudes de travail par des offres de nouveaux
papiers. Heureusement, nous n'avons absolument pas tenu compte de leurs avis.
Nous avons même fait augmenter le nombre de couleurs dans la future gamme
Cromatico, de cinq à douze. Et avec le succès que l'on connaît. Sur la même
vague, nous y avons ajouté aujourd'hui la gamme Cromatico Fluo. Cela donne un
mélange intéressant entre le côté aguicheur, agressif et presque cheap des
couleurs fluo et l'aspect raciné et élitiste du papier transparent.
Quelles sont les dernières créations de papier, et quelle serait leur utilité pour le marketing direct ?
Notre dernière création
est une gamme de papiers transparents avec deux matières, satinée et brillante,
et des reflets métalliques, en particulier or et nacre. J'ai repéré ces
couleurs en visitant l'exposition entomologique du Museum d'histoire naturelle
- il y avait un minuscule scarabée, pas plus de 7 millimètres de taille,
couleur parme avec un reflet nacré. Le scarabée a donné naissance à cette
gamme, baptisée Evanescent. Manipulé, ce papier émet le son d'une feuille
métallique. Mais son avantage pour le marketing direct est dans son poids très
léger, de 68 grammes - ce n'est pas une source d'économies, mais plutôt un
moyen de raffinement.