Les patrons de chaînes TV unis face aux plateformes
Réunis à l'occasion de la matinée SNPTV -Syndicat national de la publicité télévisée -, organisée le 5 avril, les grands patrons des groupes audiovisuels français ont fait état de leurs attentes sur de nombreux dossiers.
Introduite par le président du SNPTV, François Pellissier, la matinée des professionnels du média télévisé organisée au théâtre du Rond-Point à Paris, a été l'occasion de mettre à jour les points de vue de chacun sur les dossiers brûlants du secteur. « Il faut rappeler le rôle crucial de la télévision et de la publicité dans le financement de l'information et de la création, à plus forte raison dans un contexte d'explosion de l'intelligence artificielle, des fake news, de mutation des usages et d'augmentation de la publicité digitale. Notre média est essentiel pour financer une information vérifiée et solide, faire perdurer l'exception culturelle française et aussi en termes d'efficacité publicitaire », a précisé François Pellissier, devant une assemblée attentive. L'enjeu face aux Gafa ponctué l'ensemble des débats. « Il faut lever les freins (secteurs interdits) et les asymétries concurrentielles qui nous pénalisent. C'est vital pour permettre à la TV de se battre à armes égales face aux plateformes », a introduit le président du syndicat.
L'union fait la force
Lors d'une table ronde -très animée- et consacrée à l'avenir du média, les patrons de chaînes Rodolphe Belmer (TF1), Arthur Dreyfuss (Altice Media), Delphine Ernotte (France Télévisions), Maxime Saada (Canal+) et Nicolas de Tavernost (M6) ont fait état de leurs doléances. « Les asymétries réglementaires poussent les annonceurs à investir auprès des acteurs du digital et siphonnent la capacité de financement des grands acteurs historiques. C'est en train de toucher l'audiovisuel », a alerté Rodolphe Belmer. Il appelle donc l'État à « prendre la mesure de ces asymétries » et « le monde économique » à se rendre compte des effets « discutables et socialement délétères » d'investissements qui se dirigent de plus en plus vers ces plateformes. Sur le sujet évoqué de l'impact des « fake news » sur les médias, Delphine Ernotte, PDG de France Télévisions a alerté sur le fait que « l'information coûte cher (1/3 de l'antenne du service public est dédié à l'information) en rappelant que le modèle économique n'était « plus garanti dans la presse, presque plus dans la radio » et qu'il l'était « encore en télé mais pour combien de temps ? ». Elle a dit aussi craindre « une crise majeur » du fait des « fausses infos » qui circulent sur les réseaux sociaux en vue des prochaines élections européennes, notamment.
Consolidation inévitable
Autre sujet évoqué, le rapprochement et l'union des chaînes. Selon l'ensemble des participants, les consolidations dans l'audiovisuel et plus largement dans la vidéo sont inévitables. « Toutes les plateformes rêvent de la télé mais on a vu que ce n'est pas si facile. Il y aura une consolidation inévitable car le marché ne pourra pas soutenir tous ces acteurs », a estimé pour sa part Maxime Saada. Arthur Dreyfuss, PDG d'Altice Media, en passe d'être racheté par le même CMA CGM, a insisté sur le fait qu'il y avait un « consensus entre nous » sur la nécessité d'avoir des investissements réalisés « au plus proche des Français », insistant sur l'atout de BFM en régions. « Dans cet univers du numérique, on est des nains. L'union fait la force. Ce n'est pas un secret que je suis très favorable aux consolidations dans l'audiovisuel public », a rappelé Delphine Ernotte. « La ministre qui est en faveur de ce projet dans le public, le sera sans doute dans le secteur privé », a annoncé Nicolas de Tavernost, dont le mandat se termine le 23 avril prochain. Ce dernier souhaite par ailleurs, voir intégrer au projet de loi sur l'audiovisuel public une disposition limitant à deux ans - et non plus à cinq ans - la revente d'une chaîne disposant d'une fréquence TNT. « Il faut faire bouger la réglementation », a conclu le patron de la chaîne privée.
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