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Quel futur pour les médias d'information ?

Réunies à l'occasion du salon Presse & Médias au Futur le 3 décembre, trois directrices générales de groupes médias ont échangé sur le sujet de la nécessité de redonner confiance dans la presse. Des pistes ont été évoquées...

Publié par MARIE JULIETTE LEVIN le - mis à jour à
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Quel futur pour les médias d'information ?

Modérée par Stéphane Bodier, DG de l'ACPM, une table ronde a réuni Isabelle André, DG d'Infopro digital, Sophie Gourmelen, DG du Parisien et Pascale Socquet, DG de Prisma Media pour échanger autour des relais de croissance à imaginer pour 2025 et les conditions requises pour redonner confiance dans les médias.

Malgré une forte inquiétude pour l'évolution du business en 2025, dans un climat politique et économique très instable, les dirigeantes gardent le cap sur leurs projets d'évolution. « Nous avons enregistré une belle année de croissance sur le numérique, notamment grâce aux JO, et grâce à l'arrivée de nouveaux annonceurs », note Sophie Gourmelen, dont le journal vient de fêter ses 80 ans. Pour sa part, Pascale Socquet, a rappelé la dynamique d'innovation du groupe avec le lancement de la version française du magazine littéraire américain Harper's Bazaar, mais aussi d'un quinzomadaire TV pour les + de 50 ans et d'un trimestriel sur la cuisine. Enfin, Prisma Media a fait l'acquisition du pôle digital de M6 (dont Passeport Santé, Cuisine AZ, Turbo.fr. « Le groupe rassemble 40 millions de Français par mois », rappelle la DG de la filiale du groupe Vivendi. Isabelle André, dont le groupe BtoB est présent dans 21 pays, mise sur la data et l'animation de communautés de professionnels, comme principaux leviers de diversification. Toutes trois ont fait part de leur inquiétude sur le modèle d'affaire de la presse, fortement concurrencé par les plateformes.

Les clés de la confiance

Face à la multiplication des sources d'information tous azimuts qui peuvent conduire à de la désinformation et à la défiance vis-à-vis des médias traditionnels, une partie de la réponse réside dans la formation et la pédagogie. « La semaine de la presse à l'école mais aussi la formation dans les entreprises permet d'expliquer le métier de journaliste et de comprendre pourquoi la presse doit être payante », explique Sophie Gourmelen. La marque média est importante et légitime pour porter l'information. Mais pour maintenir sa crédibilité et continuer à informer le citoyen, la presse doit investir malgré des recettes publicitaires en baisse. « Il faut être solide sur notre business model pour investir. Tout l'enjeu, ce sont les droits voisins et la rétribution des plateformes. En 10 ans, le groupe a perdu 60% de sa valeur en C.A. numérique alors que les revenus publicitaires des plateformes ont été multipliés par trois. Sans compter qu'avec l'IA, les éditeurs se font piller leurs contenus », argumente Pascale Socquet. Pour marquer sa différence et gagner en crédibilité, la presse doit éduquer sur le travail journalistique. En BtoB, la confiance se gagne sur l'expertise. « Nos 240 000 abonnés et 12 millions de lecteurs numériques savent ce qu'ils viennent chercher sur nos marques médias, historiques et référentes sur leurs secteurs », analyse Isabelle André, dont le groupe édite LSA ou l'Argus de l'Assurance.

Le « Personal branding » des journalistes

Capitaliser sur la marque média dans l'écosystème des réseaux sociaux est une stratégie défendue par les médias, à travers leurs équipes de journalistes, experts et garants d'une intégrité professionnelle face à des influenceurs moins scrupuleux. « Il faut être performant sur les réseaux sociaux car c'est là où l'influence est reine », note Pascale Socquet. Chez Infopro Digital, Isabelle André aime à rappeler que « chaque journaliste est un influenceur qui anime sa communauté. À eux de voir sur quel réseau, ils souhaitent s'exprimer ». Quelques règles s'imposent cependant. « Au Parisien, les journalistes incarnent l'ADN du journal, ce qui nourrit la confiance dans l'information délivrée », précise Sophie Gourmelen, dont la marque réunit 10 millions d'abonnés sur les réseaux sociaux.

Cap sur l'innovation

En 2025, le Parisien va continuer à se déployer sur le digital « là où sont nos lecteurs de demain ». Pour cette nouvelle année, l'innovation est au coeur des stratégies des groupes médias. « Ne pas opposer innovation et régulation », analyse Pascale Socquet, « même s'il faut oeuvrer auprès du législateur pour avancer sur l'écosystème ». En BtoB, la bataille se joue aussi du côté des partenaires. « Pour consolider son parc d'abonnés (55% des revenus du groupe), nous allons conserver notre spécificité éditoriale qui aide nos lecteurs -des décideurs- à la prise de décision et déployer des outils de business intelligence éditorialisés », détaille Isabelle André. Elle a également lancé un appel aux annonceurs et aux agences leur demandant de privilégier la presse plutôt que les GAFAM pour rééquilibrer les investissements. « Le print est un écrin publicitaire pour les marques. Ce sont les annonceurs du print qui financent la transition digitale », a conclut Sophie Gourmelen. Si les éditeurs doivent trouver de nouveaux relais de croissance, deux sujets s'imposent à eux en 2025 : l'IA générative et le développement de la vidéo dans l'écosystème digital.

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