Le plan de Didier Quillot (LFP) pour vendre ses droits TV un milliard d'euros
Invité du colloque NPA / Le Figaro ce mardi 16 mai, Didier Quillot, directeur général exécutif de la LFP, est revenu sur la récente acquisition record par SFR des droits de retransmission des compétitions européennes et sur ses ambitions concernant ceux du championnat national.
En place depuis un peu plus d'un an, Didier Quillot n'est nullement surpris par les 350 millions d'euros déboursés par SFR Sport pour s'offrir les droits de retransmission exclusifs de la Ligue des Champions et de la Coupe de l'UEFA entre 2018 et 2021 : " le football est un contenu premium pour trois raisons : c'est un spectacle, avec plus de 700 dates chaque saison L1 et L2 confondues. C'est du direct. Enfin c'est sous la forme d'un feuilleton ! C'est unique et supérieur aux séries, au cinéma ou à la musique... et on ne peut pas être piraté " s'amuse le patron du football professionnel français, qui oublie néanmoins un peu vite le succès croissant du streaming illégal. En septembre dernier, beIN et Canal+ estimaient que ces sites, en offrant une alternative à leurs abonnements, représentaient un manque à gagner total de 200 millions d'euros.
" Les droits du foot ne concernent plus seulement la télévision payante mais aussi les télécoms et les GAFA. Regardez Orange et Vodafone avec le championnat espagnol, SFR avec la Première League anglaise ou même Amazon qui a acheté une partie des droits de la Bundesliga allemande. " Mais le développement de la concurrence conduit à la surenchère : SFR Sport avait déjà arraché les droits de la Premiere League anglaise de 2016 à 2019 en proposant 120 millions d'euros, contre 63 millions dépensés par Canal+ jusque là. Quant à savoir s'il ne craint pas le développement d'une bulle, Didier Quillot préfère botter en touche : " Il y a un appel d'offre afin que le produit rencontre le marché. Notre travail consiste seulement à augmenter la valeur du produit. "
Dans cette optique, la Ligue a mis en place une stratégie en cinq actes :
1- Améliorer la qualité des pelouses : " les clubs qui ne le font pas sont rappelés à l'ordre. De la qualité de la pelouse dépend la qualité du jeu et donc du spectacle audiovisuel. "
2- Améliorer la qualité de l'arbitrage : " ils sont des acteurs du spectacle, nous avons donc entamé le chantier de la professionnalisation pour qu'ils participent à la qualité du jeu. "
3- Améliorer le remplissage des tribunes : " pour augmenter les recettes de billetterie et pour que cela soit plus beau à voir. Nous allons bientôt faire comme en Espagne, où les clubs reçoivent des amendes si la tribune face caméra n'est pas remplie. "
4- Améliorer la qualité de la retransmission : " nous travaillons par exemple avec Canal+ et beIN pour que les caméras soient plus proches de l'action et nous avons resserré le plan large de 50 à 30% du terrain, en nous inspirant de ce qui se fait en Angleterre et en Espagne. "
5- Améliorer la qualité du jeu, donc des joueurs : " il faut plus de stars et pour cela il faut améliorer la compétitivité des clubs, pour qu'ils gardent ou fassent revenir des internationaux. Les droits TV permettent d'attirer ces joueurs, c'est un cercle vertueux. "
Mais pour l'instant, Didier Quillot ne veut pas s'avancer sur le prochain appel d'offre qui concerne la Ligue 1 et se contente de rappeler les chiffres : " il y a 20 millions de Français qui aiment le foot, 2 millions qui le regardent tous les weekends, 5 millions d'abonnés à Canal + et 3 millions à beIN. "
En parlant de chiffres, si Didier Quillot vise le milliard, le championnat français est encore à la traîne en matière de valorisation, avec des droits estimés au total à 800 millions d'euros, contre 1,5 milliard pour l'Italie ou plus de 7 milliards pour le championnat anglais. " L'Angleterre a valorisé son championnat depuis plus longtemps, avec un jeu plus impressionnant et surtout des marques plus fortes chez les clubs ", explique Didier Quillot. Illustration en Chine, où la LFP vient d'ouvrir un bureau pour accompagner ses clubs à l'international, ce que leurs homologues anglais ont fait il y a de nombreuses années.
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