Fin annoncée de la publicité pendant les programmes Jeunesse sur France Télévisions
L'Assemblée nationale a voté cette nuit l'interdiction de la publicité pendant les programmes Jeunesse diffusés sur France Télévisions. Les marques concernées doivent-elles s'en inquiéter ?
Après le Sénat en octobre dernier, c'est l'Assemblée nationale qui a voté, dans la nuit du 14 au 15 janvier, une proposition de loi interdisant la publicité 15 minutes avant, pendant, et 15 minutes après les programmes destinés aux enfants de moins de 12 ans sur les chaînes de France Télévisions. Un vote qui a pris par surprise la majorité, opposée à cette loi portée par les écologistes, et qui doit son succès à l'absence dans l'hémicycle d'un grand nombre de députés...
Double impact
L'interdiction de la publicité pendant les programmes Jeunesse affecterait non seulement les ressources des chaînes publiques, mais également les annonceurs (marques et distributeurs) des marchés du jouet, loisirs, fournitures scolaires, alimentation..., ainsi que les acteurs du marché publicitaire.
France Télévision subirait un manque à gagner estimés entre 15 et 20 millions d'euros annuels, soit 5.26% des recettes publicitaires des chaînes publiques (380 millions d'euros). Pendant les débats, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, avait déjà clairement exprimé son inquiétude : " La situation financière de France Télévisions est préoccupante. Les recettes publicitaires ont diminué de 100 millions d'euros entre 2010 et 2014 et ce dispositif se traduira par un manque de 15 à 20 millions d'euros. " Elle ensuite a réagi à l'annonce du vote :
Je ne laisserai pas fragiliser le service public audiovisuel, ses salariés, ses missions, son soutien à la création #pub @Francetele 1/2
- Fleur Pellerin (@fleurpellerin) 14 Janvier 2016
Le vote de ce soir @AssembleeNat ne clôt pas le débat. Je continuerai à me battre pour les moyens et l'indépendance de @Francetele 2/2
- Fleur Pellerin (@fleurpellerin) 14 Janvier 2016
Pas trop d'inquiétude pour les marketers...
Face à l'opposition du gouvernement, la mesure a toutes les chances de ne jamais devenir réalité. Une obligation légale non respectée (le texte n'a pas été voté conforme) donne la possibilité à la majorité socialiste et au gouvernement de la bloquer lors d'une prochaine étape législative (navette du texte entre les deux Chambres).
Les marques, enseignes et publicitaires auront donc le soutien des pouvoirs publiques face à une mesure qui les empêcherait de communiquer de manière privilégiée à leur cible, et ne devraient pas, du coup, en subir les conséquences. D'autant que l'interdiction ne porte que sur les programmes Jeunesse des chaînes publiques.
A l'étranger : quand les annonceurs s'adaptent...
Au Québec, l'interdiction des publicités pendant les programmes destinés aux enfants, sur toutes les chaînes, est en vigueur depuis 1980, et ce, malgré une importante bataille juridique menée par les annonceurs et les publicitaires.
En 1990, ces derniers (fabricants de jouets, marques alimentaires...) ont créés Entreprise pour l'Essor des Enfants (Companies Comitted to Kids, voir vidéo ci-dessous), un organisme à but non lucratif qui a pour mission de produire des programmes éducatifs mais qui, selon ses détracteurs, permet à ses membres de placer leurs produits pendant les programmes. Les annonceurs ont également varié leur communication en créant des contenus multimédias à visée éducative comme, par exemple, des sites internet de jeux et de divertissement, qui mettent leurs produits, mascottes, logos... en avant.
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