Grenoble dit non à l'affichage publicitaire
"Corolaire de la liberté d'expression, la liberté de réception doit permettre à chacun de choisir de recevoir ou non une information" : Grenoble décide de se passer de panneaux affichage et de JC Decaux dès 2015.
La communication extérieure - nouveau nom plus consensuel donné à l'affichage - est mal jugée par les Français... En effet, 73% la jugent envahissante et 85% intrusive (baromètre de la publicité TNS Sofres/Australie - voir plus loin notre article). Une "pollution visuelle " donc pour l'écrasante majorité des français. Le nouveau maire de Grenoble, Eric Piolle, a donc décidé de ne pas renouveler son contrat avec JC Decaux pour sa ville.
L'élu EELV, qui avait fait de cette mesure radicale une promesse de campagne (engagement n°15), a déclaré, dans un communiqué du dimanche 23 novembre dernier :
" les responsables publics traditionnels ont pris du retard sur les nouvelles aspirations des habitants, sur les nouvelles façons de vivre et d'échanger. Alors que la réalité a évolué depuis longtemps, ils maintiennent en vie les vestiges des 30 Glorieuses et de la société de consommation : affichage publicitaire, grandes surfaces, grands projets inutiles, etc. Il est temps d'aller de l'avant, et de faire émerger une ville plus douce et plus créative. Une ville pensée à hauteur d'enfant. Une ville moins agressive et moins stressante, au service de notre créativité et de notre identité. Libérer l'espace public de Grenoble de l'affichage publicitaire est un pas dans cette direction ".
Sao Paulo - la cidade limpa ou " la ville propre"- est pour l'heure la seule grande ville à avoir adopté une telle démarche (lire l'article du Monde Style) en 2007. Eric Piolle explique encore que "ce choix ambitieux honore un engagement pris devant les Grenobloises et les Grenoblois en mars 2014, en faveur d'une ville plus créative et moins agressive, une ville fière de son identité. C'est une première européenne pour une grande ville. La démarche portée par la Ville de Grenoble s'inscrit de façon cohérente dans un contexte économique en mutation".
2 051 mètres carrés d'espaces publicitaires... en moins
326 panneaux publicitaires vont ainsi disparaître de l'espace public : 227 " sucettes " (120 x 176 cm), 20 colonnes, et 64 grands panneaux (8m²), et autres supports. Soit au total 2 051 m² de publicité en moins dans la ville. Les espaces sur les abribus ne sont en revanche pas concernés. À la place des panneaux démontés, la première ville verte de France plantera "une cinquantaine de jeunes arbres avant le printemps ".
"La ville se prive de 6 millions de redevance sur 10 ans . Soit 600 000 euros par an. Et elle prive aussi ses habitants d'un service d'information, puisque la moitié des panneaux servait à de l'affichage de la municipalité ", a déclaré dimanche à l'AFP Albert Asseraf le directeur Stratégie, Études et marketing de JC Decaux.
Lire aussi : L'imprimé publicitaire : un média qui cartonne !
Un chiffre contesté par les élus grenoblois, qui l'expliquent ainsi dans leur dossier de presse : "le marché de la publicité vit de profondes mutations. Avec la concurrence d'internet, avec les nouveaux modes de vie et les nouvelles habitudes de consommation, les recettes de la publicité traditionnelle s'effondrent et la publicité animée et digitale, qui arrive en masse dans de nombreuses villes, inquiète par son hyper-visibilité. Pour continuer à être rentable, elle doit franchir un seuil et s'engager vers les écrans digitaux et, demain, vers la publicité télévisuelle dans la rue (comme à Miami). La Ville de Grenoble, consciente des risques liés à cette évolution du marché, a fait le choix de répondre aux besoins et aux aspirations des habitants. Ainsi, si la redevance perçue par la ville dans le cadre du contrat 2004-2014 était de 600 000 € par an, en cas de nouveau contrat, elle se serait seulement située dans une fourchette allant de 100 000 à 150 000 € par an (avec écrans digitaux) ".
Plus d'information
Sur le magazine en ligne de la ville de Grenoble
Sur la perception de la publicité : "Pub : je t'aime encore un peu", sur la neuvième étude TNS/Sofres
Les chiffres de la communication extérieure par l'Union de la Publicité Extérieure (UPE)
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