[Le nouveau mot] Uberiser
Les polémiques autour de la concurrence virulente faite aux taxis par les véhicules de tourisme avec chauffeur, dont Über, ont donné naissance au néologisme " Uberiser ".
Je m'abonne " Uberiser " désigne l'apparition d'une marque digitale dont l'activité entre en concurrence frontale avec le secteur traditionnel et entraîne donc une fragilisation, voire une substitution à terme du modèle économique et des acteurs historiques.
La marque Amazon fut l'un des premiers acteurs à " uberiser " le secteur de l'édition et la viabilité économique des librairies. Dans le domaine des médias, Facebook et Google se placent en tant que concurrents sérieux des acteurs traditionnels. Airbnb bouleverse l'hôtellerie, Google Art Project " uberise " les musées d'art et ArtPrice devient un challenger pour les maisons de ventes aux enchères.
La transformation digitale, la convergence du offline et du online, et l'essor des modèles collaboratifs ont fortement joué en faveur de l'émergence de ces marques qui deviennent de plus en plus puissantes notamment par leur capacité à créer, développer et pérenniser un ecosystème autour du moi. Le moi consommateur-collaborateur-citoyen.
Ainsi, leur succès s'explique par leur capacité à concentrer leur attention sur les besoins et sur les désirs d'un consommateur toujours plus expert, exigeant et toujours plus connecté. Ces acteurs qui " uberisent " ont également opéré un véritable travail sur leur actif marque et sur leurs valeurs pour construire des marques fortes, inspirantes et convaincantes.
" Uberiser " entre donc dans le lexique des 'mots-applis' aux côtés de " Googler ", " Facebooker ", " Tweeter " ou encore " Shazamer " mais avec une dimension plus économique, symbolisant d'une part, le succès toujours grandissant du modèle start-up, et d'autre part, l'importance du phénomène et l'urgence pour les économies traditionnelles de se transformer à l'heure du digital.
Chronique parue dans Marketing de février 2015