Creator Economy : Pourquoi les réseaux sociaux misent sur la créativité digitale
Il existe aujourd'hui, à travers le monde, des millions de créateurs de contenus digitaux. Chacun peut désormais partager ses photos, vidéos ou créations et les rendre visibles au plus grand nombre. Mais comment les plateformes sociales évoluent pour faciliter et valoriser cette créativité digitale foisonnante ?
Je m'abonneDes outils de plus en plus intuitifs et mobile first
Les plateformes de social media se doivent de proposer une expérience simple et intuitive pour créer du contenu en ligne : " C'est pourquoi, pour la réalisation des Épingles Idées, la fonctionnalité s'ouvre directement sur l'appareil photo pour enregistrer la vidéo puis propose des outils de montage et des suggestions de contenus additionnels (musique, filtre ...)", détaille un porte-parole de Pinterest en France. Du côté de Facebook, c'est un "Creator Studio" qui est mis à disposition des créateurs pour qu'ils puissent produire, publier, gérer et monétiser les contenus de leurs Pages Facebook et de leurs comptes Instagram : "Nous voulons que chacun dispose d'outils suffisamment puissants, intuitifs et amusants, comme si vous aviez un studio d'enregistrement dans votre poche, directement dans l'application Facebook et qui permet de mesurer vos performances", confirme Violaine Gressier, Global Luxury Industry Manager pour Facebook et Instagram. Certaines plateformes sociales proposent également un accompagnement pédagogique à l'instar de Twitch et de son "Creator Camp" : des sessions live organisées avec des partenaires ou employés du réseau social : "Nous fournissons sur le portail des créateurs autant d'informations que possible pour aider les streamers à commencer à diffuser, cela inclut par exemple des conseils sur le matériel à acheter, des trucs et astuces pour attirer les téléspectateurs ou encore une assistance technique sur notre blog", confirme Melissa Simoni, sales director France & Benelux chez Twitch.
Un nouvel enjeu de monétisation
Créer du contenu en ligne est chronophage, demandant un investissement personnel important, que ce soit en termes de temps dédié ou parfois de matériel dans lequel investir. Les principales sources de rémunération proviennent en général des collaborations mises en place avec les marques ou de la publicité affichée sur un blog ou à l'intérieur des vidéos. Toutefois, la mécanique du don en direct aux créateurs se développe de plus en plus, qu'il soit ponctuel ou sous forme d'abonnement mensuel, à l'instar de Twitch qui a intégré cette fonction de façon native à la plateforme : " La communauté cherche des opportunités de soutenir financièrement les créateurs de contenu, le travail créatif et l'expérience communautaire", poursuit Melissa Simoni. En parallèle, de nouvelles plateformes en ont fait leur promesse principale, à l'instar de Patreon, Tipeee et uTip. Leur différence tient dans les modalités du mécénat : montant libre ou fixé par le créateur, avec ou sans contrepartie exclusive ... "Sur uTip, nous avons fait le choix de considérer que le travail créatif fourni par les créateurs sur l'ensemble des plateformes sociales est déjà suffisant, nous invitons donc leur communauté à les soutenir dans leur rythme actuel de publication sans qu'ils aient à créer des contenus additionnels", explique Stanislas Mako, co-fondateur. La plateforme permet donc aux créateurs de rendre visible sur un même espace tous leurs contenus postés par ailleurs sur le web et les réseaux sociaux. D'autres réseaux sociaux ont fait le choix de créer un fonds spécial de soutien aux créateurs. C'est le cas de Snapchat qui avait promis 1 million de dollars par jour jusqu'à la la fin 2020 à partager parmi les utilisateurs de Spotlight mais aussi de TikTok, qui a promis de lever un fonds européen de 255 millions d'euros d'ici 2023 pour les créateurs en Europe : "Ce fonds accompagnera les créateurs qui consacrent beaucoup de temps et d'énergie à la création de vidéos divertissantes, informatives et inspirantes. Il est fonction de plusieurs critères dont le nombre de followers, de vues sur les 30 derniers jours ...", détaille Fabien Laxague.
Twitter et Facebook réagissent !
Face à cette évolution des usages, les plateformes de social média traditionnelles ajoutent de nouvelles fonctionnalités. Ainsi, "Twitter a lancé récemment les "Super Follows", un système d'abonnement payant mensuel pour que les followers puissent soutenir financièrement leurs twittos préférés. Des dons ponctuels peuvent aussi être effectués dans la devise du pays et même désormais en Bitcoins. Notre ambition est que tout le monde sur Twitter ait accès à des moyens de se faire payer. Les monnaies numériques qui encouragent un plus grand nombre de personnes à participer à l'économie et aident les gens à s'envoyer de l'argent par-delà les frontières et avec le moins de frictions possible contribuent à cet objectif ", confirme Stefania Baldi, Responsable Partenariats chez Twitter France. La plateforme propose également de créer des salons privés digitaux, les "Twitter Spaces", où les followers doivent payer pour y accéder : " Cette fonctionnalité permet par exemple aux créateurs de contenus de proposer un atelier, une formation ou des rencontres digitales avec des fans etc.", précise Stefania Baldi. De son côté, Facebook a étoffé les opportunités d'être rémunéré pour le travail créatif fourni : par exemple, durant la diffusion d'une vidéo en live ou pour celles qui ont été précédemment diffusées en direct (et où la fonctionnalité était activée), les fans peuvent acheter des étoiles et les envoyer au créateur afin qu'il reçoive une rémunération. Il existe également d'autres produits et outils de monétisation pour Facebook et Instagram, comme les événements payants en ligne, permettant l'accès à un événement en contrepartie d'un certain montant." Ces pratiques du don et de l'abonnement en direct se démocratisent, permettant aux créateurs de contenus de prendre leur autonomie vis-à-vis des marques", résume Guillaume Pommier, Directeur délégué de Social & Stories.
L'éthique, au coeur des préoccupations actuelles
"Cette question d'éthique est aujourd'hui un sujet qui s'applique à la fois aux influenceurs, de plus en plus soucieux de choisir avec soin les marques avec qui ils collaborent ainsi qu'aux plateformes sociales, qui se doivent de garantir un environnement sain et sécurisé pour la diffusion des contenus sécurisé", poursuit celui-ci. Les initiatives se multiplient ainsi dans ce sens : YouTube fait la chasse aux contenus antivax, Facebook propose plusieurs contrôles brand safety concernant la vidéo in-stream... Les plateformes cherchent en parallèle à sensibiliser les créateurs de contenus : Pinterest a par exemple mis en place une Charte des créateurs au printemps dernier, que tous les créateurs doivent signer avant de publier des Épingles Idées (faire preuve de bienveillance, vérifier ses sources, veiller à ce que les informations publiées soient exactes et fondées ...). "Contrairement aux polémiques soulevées ces derniers mois sur d'autres plateformes de financements, de notre côté, nous avons toujours eu une charte des contenus claire et sans zone d'ombre. Cette charte est saine et ne réduit pas la parole des créateurs. Elle permet de préserver la mission de la plateforme tout en ayant une vision la plus large possible de la création. La modération est réalisée par des humains et en discussion avec les créateurs concernés", conclut Stanislas Mako.