Réparer plutôt que racheter neuf : comment Murfy veut donner l'envie
Beaucoup remplacent leur appareil électroménager défectueux par une machine neuve. Souvent, le lave-linge, par exemple, peut pourtant être réparé. Comment Murfy, nouveau partenaire du Label Emmaüs, s'y prend-il pour changer les habitudes des uns et des autres et favoriser une économie plus circulaire ?
Je m'abonneDepuis ce printemps, petite nouveauté sur le site du Label Emmaüs : on découvre sur la plateforme spécialisée dans la seconde main... des appareils électroménagers reconditionnés par Murfy. Guy Pezaku, à l'origine de la création de la société de réparation, se dit "fier" de voir cette collaboration aboutir, d'autant que le CEO apprécie "l'approche sociale et environnementale" de son partenaire aux missions "essentielles".
Label Emmaüs a ainsi créé une marketplace à but non lucratif, et son catalogue est alimenté par des acteurs de l'économie sociale et solidaire et constitué de produits issus du réemploi, des livres, des créations et donc des produits électroménagers de seconde main.
Selon Guy Pezaku, le partenariat entrer les deux structures valide "la sincérité de l'engagement" de Murfy, lui qui entend notamment, afin d'augmenter la durée de vie des équipements et de limiter les émissions carbone, "faire de l'économie circulaire la norme de demain".
Peu de réparations en France
Pour l'heure, la réparation n'est pas encore une priorité pour une majorité de personnes. "En France, dit-il, 30 millions de foyers possèdent en moyenne 7 gros appareils électroménagers à domicile, et ces derniers tombent en panne tous les 7-8 ans." Néanmoins, la plupart du temps, rapporte l'Adème, les produits défectueux ne sont pas réparés, mais ils sont remplacés par des biens neufs avant tout (c'est en tout cas le cas pour 8 remplacements sur 10).
Le bonus réparation, déployé depuis fin 2022, n'a guère changé la donne. L'idée était au départ d'inciter à faire réparer les appareils en panne (tels que lave-linge, machines à café, smartphones, etc.) grâce au remboursement d'une partie de la note. Or, en février dernier, une étude menée par l'association Halte à l'obsolescence montrait que le bonus avait été utilisé, l'an dernier, que pour "0,2 % des pannes et 1,7 % des réparations hors garanties". Dans le détail, "selon Ecologic et ecosystem, près de 165 000 réparations ont bénéficié du Bonus réparation en 2023, représentant une prise en charge de 4 millions d'euros par les éco-organismes", ont précisé les auteurs dudit rapport. Les raisons sont multiples, a rappelé Novethic : communication trop discrète, ristourne insuffisante, manque de réparateurs labellisés (par le réseau QualiRépar)...
"Changer les habitudes"
"Changer les habitudes prend du temps, confirme Guy Pezaku. Au fil des ans, il est devenu très aisé d'acheter, en quelques clics sur Internet, un appareil neuf et garanti, qui est livré rapidement." L'option "remplacement par un produit neuf" tend à rassurer par rapport à la solution de réparation : "Le geste de consommation n'est pas encore naturel. Les gens s'interrogent beaucoup plus que lors de l'acte d'achat d'un article neuf en ligne, glisse-t-il : Est-ce que le réparateur va vraiment venir ? Et si les pièces détachées coûtaient trop cher ? Le produit sera-t-il garanti ?"
Pas une mince affaire, dit-il, mais d'après Guy Pezaku, il faut "poursuivre le travail", "donner envie" aux citoyens de sauter le pas, et puis continuer de lutter contre les images préconçues, en particulier à propos du coût. En octobre 2022, en analysant les 78 000 réparations d'électroménagers que la société avait effectuées entre janvier 2021 et août 2022, elle avait constaté qu'une réparation coûtait en moyenne... 62 % moins cher que l'achat d'un appareil neuf (141 euros vs 368 euros). D'autant plus que, pour une réparation sur deux, il n'y a pas besoin de pièces détachables.
Mais petit à petit on y vient, à la réparation : "Il n'y a aucun Français, qui soit aisé ou non, qui prend plaisir à jeter un lave-linge de 80 kg parce qu'une pièce de 25 grammes ne fonctionne plus. En général, indique Guy Pezaku, les personnes s'en rendent bien compte que c'est un non-sens économique et écologique."
Former les réparateurs
Le rapport de l'association Hop mentionnait le manque de réparateurs labellisés sur le territoire. Toujours est-il que Murfy a créé en 2021 la Murfy academy pour embaucher des techniciens réparateurs. "Nous en avons formé 200, et nous souhaitons que ce chiffre double chaque année." Murfy vient typiquement de créer un centre de formation à Marseille et recherche des candidats afin de pouvoir recruter une quinzaine de techniciens sur place et d'intervenir sur une zone toujours plus vaste. "Pour le moment, nous ne pouvons couvrir que les réparations de 50 % des ménages en France", explique Guy. Or, la demande est là : "20 % du trafic de notre site viennent de communes auprès desquels nous ne pouvons pas encore envoyer de réparateurs..."
En revanche, tout le monde peut commander une machine reconditionnée, c'est livré...