DossierBig data, big opportunité mais big chantier
8 - Interview de Bernard Ourghanlian directeur technique et sécurité Microsoft France
" Faire le moins d'expériences possibles pour expliquer un phénomène "
Comment voyez vous le big data ?
Bernard Ourghanlian : Dans cette perspective, on collecte tout. On cherche s'il existe des corrélations entre les choses. Peut-être qu'après on en trouvera la raison. Mais l'objectif c'est de faire le moins d'expériences possibles pour expliquer un phénomène. La préoccupation ne porte plus sur la qualité de la donnée. D'ailleurs nous devrions plus parler de "machine learning" que de big data.
Qu'est, pour vous, cette "machine learning" ?
On a fait des progrès en "machine learning" dans les années 1990-95, époque où l'on ne parlait pas encore de big data. Attention, le "machine learning" ne se résume pas à faire apprendre des données à la machine. Ici, on est dans une logique de détermination, avec une certaine probabilité qu'un phénomène soit lié à un autre. On se trouve dans une logique d'apprentissage. Il s'agit de prendre un ensemble de données et voir comment va réagir "la machine".
Quel est le constat ?
On a obtenu des résultats assez extraordinaires. On est capable de prévoir le futur. On l'a observé suite à l'analyse de 20 ans de Unes du New York Times. Avec une probabilité de 80 %, on a constaté que l'on pouvait déterminer les épidémies importantes et les grandes révolutions. On est donc capable de prévoir le comportement d'individus. C'est un sujet préoccupant. Que se passerait-il si de telles données étaient arrivées entre les mains d'un état totalitaire ? On touche ici du doigt le potentiel du big data mais également la problématique éthique.