Étude de cas : Pour McDonald's, l'expansion passe par le géomarketing
L'enseigne de restauration rapide continue de croître, mais le rythme des ouvertures ralentit. Premier concurrent de lui-même, le franchiseur doit affiner sa connaissance des zones d'implantation. Après un premier essai inadapté à ses attentes terrain, McDonald's France a trouvé une solution géomarketing que la société a "customisée" à ses besoins.
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Comment assurer son développement quand on est leader sur un marché, la
restauration rapide, mature en termes d'implantation ? Le géomarketing peut
alors s'avérer un instrument efficace. McDonald's France a fait ses premiers
pas en géomarketing dès 1995, quand le vice-président en charge du
développement s'intéresse alors aux bases de données comportementales. En 1997,
un premier fournisseur est abordé, Claritas. Mais Pascale Dalcantarat, manager
Etudes Immobilières, constate que l'offre n'est pas adaptée aux préoccupations
immobilières du terrain. « Il y avait deux raisons principales : la taille des
secteurs postaux était trop grande et surtout ils ne respectaient pas les
barrières naturelles. A Lyon, par exemple, un secteur postal enjambait le
fleuve. Dans notre métier, un tel obstacle sépare deux zones de chalandise
distinctes », détaille Pascale Dalcantarat. En effet, les zones sont
déterminées en fonction de multiples critères, parmi lesquels les voies
d'accès, les barrières naturelles, la concurrence. Un applicatif packagé est
mis en place pour les chargés d'expansion à partir de l'offre Claritas. Puis
McDonald's acquiert ArcView, le SIG d'Esri, pour faire du géocodage. En effet,
une mise à jour hebdomadaire de la base est nécessaire et ne peut supporter le
surcoût d'un géocodage à la carte. Une contrainte supplémentaire est mise en
évidence : le système réclame un poste dédié dans chacune des cinq régions, et
ses données sont mises à jour par CD-Rom. « Autant dire pas régulièrement ! Les
gens de terrain ne passant qu'une fois par semaine au bureau, ils n'avaient pas
le temps de procéder à cette manipulation », constate Pascale Dalcantarat.
Enfin, certaines informations dans la base Claritas, comme le découpage par
familles, ne correspondaient pas aux attentes de l'enseigne. « Chez nous, ce
n'est pas seulement la maîtresse de maison qui vient consommer, ce sont aussi
les conjoints et les enfants », rappelle-t-elle. Neuf mois plus tard, la
décision est prise de changer de fournisseur. A la décharge de Claritas, cette
époque correspondait au rachat d'ADDE.
Une solution customisée
Déjà en relation avec Experian, qui réalisait des
études de marché pour McDonald's, le franchiseur adopte finalement en janvier
2000 le produit GeoBase (basé sur le SIG de GeoConcept). Ce système de
géomarketing, qui intègre une base de données, a deux destinataires chez McDo :
le service Etudes Immobilières, et ses treize chargés d'expansion, et le
département Marketing. « Nous avons commencé par nous réunir tous les mois avec
les gens de terrain pour rédiger un cahier des charges. Il était indispensable
qu'ils s'approprient l'outil », explique Pascale Dalcantarat. Accessibles via
Intranet, les données géomarketing permettent aux chargés d'expansion de
réaliser une étude de marché en quelques minutes : visualiser la carte
souhaitée pour positionner le restaurant, puis sélectionner des données
particulières au marché : axes associés (routes et autoroutes), hypermarchés,
et lancer l'applicatif qui produit l'étude spécifique, avec notamment des
cartes thématiques, des données socio-démographiques agrégées par zone, etc.
Quand l'utilisateur veut créer une zone, il a trois choix. Un : cliquer sur les
îlots ou quartiers choisis. Deux : ouvrir un ZTO (zone théorique
d'observation). Trois : créer un isochrone autour du restaurant (par exemple,
un rayon de 10 minutes en voiture). Avantage supplémentaire : outre le fait de
permettre l'analyse permanente des marchés potentiels, de telles études de
marché peuvent également servir pour les dossiers d'approbation des points de
vente auprès du Comité de direction et comme annexe au contrat de location
gérance. Mais le département études immobilières ne s'est pas contenté
d'acquérir un logiciel et les informations associées. Il a créé les ZTO. « On
établit un cahier des charges spécifique en fonction de la taille de la ville,
de celle du bâtiment, du périmètre isochrone. On fait la même chose pour les
quatre principaux concurrents. L'utilisateur peut alors consulter les données
du marché, raisonner par analogie et valider une éventuelle sur ou
sous-performance », commente Pascale Dalcantarat. Une autre application permet
des consultations thématiques. Exemple : si un restaurant veut implanter un
Ronald Land (aire de jeux) sur son terrain, il regardera d'abord où habitent
les familles. Cet ensemble d'applications spéciales McDo a été intitulée
"GeoMc".
GeoMc en Europe ?
Les utilisateurs
McDonald's apprécient la simplicité d'utilisation de l'outil, mais avancent
certains points faibles. La base Setra, utilisée dans GeoBase pour les flux
routiers, n'est pas assez fine pour le franchiseur. Néanmoins, le leader de la
restauration rapide estime que l'amortissement d'un tel système est rapide,
puisqu'il évite de nombreuses études de marché onéreuses et permet différentes
utilisations : études, marketing, immobilier, opérations pour une redevance
annuelle constante. De surcroît, McDonald's trouve en Experian un cabinet
conseil qui l'aide dans son utilisation de GeoBase. Par exemple, Experian
participe aux analyses des enquêtes réalisées auprès des clients McDonald's.
Cette approche personnalisée du géomarketing de la part du service expansion
français va peut-être faire école dans les autres filiales européennes du géant
de la restauration rapide. « Notre objectif est que les autres pays aient les
mêmes bases et les mêmes outils que les nôtres. Le choix d'Experian a
d'ailleurs été fait aussi pour sa présence européenne », rappelle Pascale
Dalcantarat. L'objectif étant que le prestataire soit le même dans chaque pays
où c'est possible. GeoMc deviendrait ainsi une base unique, dupliquée dans
chaque territoire. Des contacts sont en cours avec certains pays d'Europe du
Nord et du Sud. « Quand on ouvre un restaurant, on peut occasionner des
transferts de clientèle dans certains cas. Il nous faut comprendre quels
générateurs de trafic motivent nos clients », conclut la manager études
immobilières. Cette technique associant données et cartographie est devenue un
instrument précieux de son expansion.