Compubase se fixe sur le variable
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La recherche de nouvelles méthodes managériales se trouve aujourd'hui au
coeur des préoccupations de tout responsable de centre d'appels soucieux de la
fidélisation de ses équipes. Et, puisque, malgré ce qu'en disent nombre
d'employeurs, le souci majeur des salariés reste la paie, "l'innovation" en la
matière passe aussi et surtout par la définition de nouveaux critères de
rémunération. L'incentive par la prime a aujourd'hui de nombreux partisans.
Mais leur ferveur a tendance à s'estomper à mesure que la prime prend du poids
dans la rémunération globale. Il est pourtant sur ce marché des thuriféraires
du mérite. Jusqu'au quasi-refus de la notion même de fixe. La société
Compubase, leader sur le marché des bases d'informations dans le domaine de
l'informatique et des télécoms, qui abrite un centre d'appels d'une trentaine
de consultants, va mettre en place dès la fin de l'année un système de
rémunération laissant la part belle au variable et (c'est une originalité),
presque exclusivement basée sur la base de critères qualitatifs. Explication.
L'activité télémarketing de Compubase est à 60 % consacrée à des actions
d'enrichissement des bases de données hébergées dans l'entreprise. Les 40 %
restant relevant de la détection de leads. Bref, le centre d'appels de
Compubase travaille quasi exclusivement en émission d'appels. Et les
consultants sont considérés comme des commerciaux à part entière. Comment
définir dès lors une grille d'évaluation salariale reposant sur des critères
qualitatifs. « Nous comparons la base d'information après l'intervention du
consultant à son état précédent. Et nous évaluons l'apport imputable à cette
intervention. En faisant jouer un dispositif complexe de capital points qui se
transformera, en fin de mois, en rémunération », explique Jack Mandard, P-dg de
Compubase. Par exemple, en matière d'enrichissement d'adresse, un mail sera
plus rémunérateur qu'un numéro de téléphone. Ce système permettant, selon le
dirigeant de Compubase, de ne pas handicaper le consultant qui passerait plus
de temps sur un seul contact, contrairement à l'ancien quota qui se rapportait
lui au nombre de questionnaires administrés. D'après Jack Mandard, cette
nouvelle grille devrait pour 80 % des consultants déboucher sur une
valorisation des salaires. Si le niveau des salaires pratiqués jusqu'ici fait
partie des secrets de la maison, Jack Mandard concède qu'ils seraient
compatibles avec les pratiques du marché, se situant autour des 10 000 francs
mensuels, et affirme que le nouveau système, s'il fonctionne bien, devrait
pouvoir, sur cette base, générer des augmentations avoisinant les 20 %.
DÉFINIR UNE ÉCHELLE DE VALEUR LIÉE À LA COMPÉTENCE
« Ce
système est également avantageux parce qu'il autorise une échelle de valeur
liée à la compétence, poursuit Jack Mandard. Prenons le cas d'un étudiant en
CDD qui ferait preuve d'une grande qualité de service. La seule rémunération
fixe ne traduira pas la valeur de sa prestation. Ce qui ne l'incitera pas à
rester dans l'entreprise. Avec un mode de rémunération basé sur des quotas
qualitatifs, son travail sera reconnu exactement au même titre qu'un consultant
qui aura de l'ancienneté. » Faut-il en conclure que cette politique de
motivation salariale fait table rase de la moindre dimension de promotion à
l'ancienneté ? Le P-dg de Compubase serait personnellement plutôt favorable à
une abrogation de ce type. Mais, reconnaît-il, « c'est délicat ». Aussi
opte-t-il pour « le maintien d'une petite valorisation sociale à l'ancienneté,
qui, à terme, devrait s'inscrire dans le variable. » La nouvelle politique
salariale de Compubase, en pronant la totale primauté du variable sur le fixe,
peut-elle décemment enthousiasmer les salariés ? L'expérience le dira. Mais en
matière d'expérience, chez Compubase, la flexibilité pèse également de tout son
poids, car, de l'aveu même du patron, « on ne promet pas à nos collaborateurs
un travail à vie. Nous leur présentons plutôt ce métier comme un excellent
tremplin pour pouvoir bien se revendre ailleurs, au bout d'un an ou deux ».