Lovebox : comment un projet personnel s'est mué en marque internationale
Lorsque Jean Grégoire part finaliser son MIT aux États-Unis, il ne pense pas que l'objet qu'il a conçu pour garder le lien avec sa copine lors de cet amour à distance deviendra une start-up en plein développement international. Entretien avec le fondateur de la Lovebox.
Je m'abonne"Le projet a démarré il y a trois ans. Il est né d'une idée personnelle : je partais aux États-Unis pour faire de la recherche en robotique au MIT et je souhaitais offrir à ma copine un cadeau qui permettrait de conserver le lien durant cet amour à distance", confie Jean Grégoire, fondateur de la Lovebox. C'est ainsi qu'il crée à Grenoble, dans un Fablab, une première version de la Lovebox. Il s'agit d'une petite boîte en bois sur laquelle on peut envoyer un message via l'application mobile. La personne est avertie d'un message reçu grâce au coeur présent sur la boîte qui se met à tourner tant que celui-ci ne sera pas lu. "Il y a donc un volet émotionnel très fort, puisque la Lovebox génère l'effet surprise d'avoir reçu une petite attention quand on se lève ou qu'on rentre du travail par exemple", explique Jean Grégoire. Le fablab lui propose alors d'exposer le prototype de la Lovebox lors d'une exposition durant laquelle, le dernier jour, il rencontrera son associée actuelle Marie Poulle.
2017 : La naissance d'une start-up
Marie l'invite ensuite à pitcher au Coworking de Grenoble, devant des mentors. C'est ce qui va permettre de faire une première levée de fonds de 180 000 € au total, auprès de plusieurs Business Angels français et étranger et d'un accélérateur de start-up The Refiners à San Francisco. La première année est donc consacrée à la création d'une version bêta de la Lovebox, notamment grâce au soutien de la Cité de l'objet connecté à Angers. C'est durant cette phase de préparation que Jean Grégoire et son associée commencent également à créer une communauté en ligne et à faire tester le produit pour en mesurer l'attractivité. En octobre 2017 est lancée la campagne Kickstarter :"Nous avons choisi Kickstarter comme plateforme de financement collaboratif, car cela nous permettait de nous lancer au niveau international et notamment aux États-Unis. Nous avons également fait le choix de ne lancer cette campagne qu'une fois que nous étions prêts à industrialiser les commandes, qui ont ainsi pu être livrées pour Noël 2017, sans déception d'un délai trop long d'attente pour les personnes qui nous ont permis de financer le projet. Néanmoins, lors de cette première vague de commande, nous n'avons pas fait de bénéfices sur les ventes, le coût de l'industrialisation ayant été encore trop important, mais cela nous a permis de bénéficier tout de même d'un moment de communication fort pour faire connaître la Lovebox", se rappelle Jean Grégoire. Ainsi, cette campagne de financement a-t-elle permis de mobiliser 2 081 contributeurs pour 270 000 euros de fond récoltés et 4 000 produits livrés : deux tiers en France et un tiers aux États-Unis.
2018 : L'année de la stabilisation et du développement
"L'année suivante plusieurs chantiers ont été lancés tant sur le produit que sur la mise en place d'un véritable dispositif de Customer Success", explique Jean Grégoire. Ainsi, du côté de la Lovebox, l'objectif a-t-il été de stabiliser la version bêta, notamment grâce aux remontées des premiers clients, mais aussi de l'enrichir en nouvelles fonctionnalités, comme la possibilité désormais d'envoyer un dessin ou un sticker par exemple ou encore de programmer la date et l'heure d'envoi : "C'est important pour nous de développer un produit qui sera utilisé dans la durée, au moins une fois par semaine, en créant un nouveau réflexe d'attention pour l'être aimé", fait-il observer.
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Second chantier, celui du travail sur la satisfaction et la relation client, qui est devenu en quelques mois non pas un service supplémentaire dans la société mais bien un service intégré tout au long du process tant dans l'amélioration du produit que dans la façon dont nous communiquons. "Enfin, un grand chantier a été initié sur l'acquisition en ligne, où nous avons principalement développé Instagram et Facebook, principaux canaux d'acquisition désormais pour la Lovebox", nous confie Jean Grégoire. Instagram génère ainsi trois quarts des nouvelles acquisitions et Facebook un quart. "Nous n'utilisons finalement Google Ads que sur des recherches très précises telles que la Lovebox, ou boîte en bois avec message pour que nos prospects puissent nous trouver. Mais, nous ne cherchons pas à être présents sur d'autres mots-clés type cadeaux puisqu'il s'agit de mots-clés saturés et chers, où il est désormais difficile et coûteux de passer devant les sites spécialisés en cadeaux", conclut-il même s'il avoue aussi qu'ils ont la chance de bénéficier encore aujourd'hui d'une grande part de trafic en organique. Il est ainsi fier d'annoncer pour 2018, un chiffre d'affaires d'un million d'euros ainsi qu'un nouveau tour de table de 500 000 euros dont 260 000 € en capital sur la plateforme Sowefund.
2019 : L'année de l'internationalisation
Aujourd'hui, la société revendique plus de 20 000 Lovebox vendues depuis le lancement et compte six personnes réparties de la façon suivante : quatre en France et deux à San Francisco, avec une ambition : se concentrer sur le développement aux États-Unis, là où la culture du "love" et de montrer son affection est plus forte. D'un point de vue business, les chiffres sont également plus prometteurs outre-Atlantique : "Le rapport des commandes s'est inversé, avec une plus grande part d'achats aux États-Unis, près des ¾ des commandes", constate Jean Grégoire.
Une prochaine levée de fonds d'un million d'euros est donc prévue pour soutenir la croissance aux États-Unis. Les coûts de transports ne sont pas d'ailleurs pas beaucoup plus importants pour faire livrer en France du lieu de production qu'aux États-Unis, grâce à l'offre de Delivengo de la Poste qui permet d'envoyer de petits colis à l'International sur des coûts maîtrisés. Enfin, du côté des cibles, les équipes se sont aperçues que la Lovebox était finalement dans la moitié des cas offerte dans un contexte familial (enfants, petits-enfants, neveux etc.) plutôt que dans le cadre d'une relation amoureuse, de nouvelles réflexions sont alors lancées quant à l'évolution du produit pour une utilisation plus optimale pour les enfants.
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