L'âge du faire : le succès inattendu des "manufactureurs"
Six tendances décryptées
1. Les progrès de la technologie mettent dans les mains des individus de plus en plus d'outils pour faire eux-mêmes. C'est le premier facteur décisif : la généralisation de l'internet mobile et le boom des applications changent profondément la donne. On pourrait formuler ainsi l'état d'esprit qui en découle : " Je fais parce que je peux faire ".
2. La complexité du monde moderne donne envie de retrouver un contrôle sur sa propre vie. De plus en plus d'individus vivent mal le fait de ne plus savoir comment les choses qu'ils consomment sont produites. Au travail, certains éprouvent un sentiment grandissant d'inutilité car ils ne comprennent plus la signification de leur activité, celle-ci étant devenue trop abstraite. " Faire ", dans ce contexte, c'est retrouver du sens dans sa vie ou dans sa consommation.
3. La défiance à l'égard des autorités incite un nombre croissant de Français à se débrouiller eux-mêmes. Les pratiques collaboratives séduisent aujourd'hui précisément parce qu'elles permettent de se passer d'intermédiaires. Le circuit court est préféré aux processus impersonnels et gigantesques. Le local, le covoiturage, l'achat et la vente entre particuliers : autant d'initiatives qui redonnent une capacité de contrôle aux individus et, du même coup, un plus grand sentiment de confiance.
4. La sensibilité à l'égard du gaspillage fait prendre conscience à un nombre croissant de consommateurs du piège dans lequel nous enferme l'obsolescence programmée. Le mouvement en faveur de la réparation qui émerge aujourd'hui de façon de plus en plus visible répond à ces préoccupations.
5. La durée de la crise économique favorise également les solutions " do it yourself ". Les économies réalisées permettent de survivre en attendant de meilleurs lendemains, de se constituer un revenu d'appoint ou d'investir autrement son argent.
6. La dématérialisation croissante de la vie quotidienne rend nostalgiques des individus qui cherchent à redécouvrir des savoir-faire qui disparaissent. C'est la raison pour laquelle beaucoup se pressent dans les ateliers qui les célèbrent. Témoignage d'un jeune trend setter interrogé dans Trend Observer : " Il y a une overdose de technologies. Je pense souvent à faire quelque chose avec mes mains, c'est-à-dire quelque chose qui dure. Je me vois aller voir un maître charpentier et me mettre à l'ouvrage. "
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