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[Interview] Alain Dufossé : "L'innovation est un bébé qu'il faut protéger"

Publié par Marie-juliette Levin le
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Govin Sorel

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Marketing : Pourquoi ce thème de la convivialité ?

Alain Dufossé : Nous avons créé un lien stratégique avec Pernod Ricard en leur proposant des domaines d'exploration, des opportunités de développement. La convivialité s'est imposée naturellement comme un territoire de recherche, car cette notion est dans l'ADN du groupe.

C'est durant ces occasions de partage et de convivialité que toutes nos marques s'expriment. Et c'est donc notre territoire d'exploration. Mais, plutôt que de prédire le futur, le BIG cherche à l'inventer. Nous ne nous fixons aucune limite. La faisabilité d'un projet, on s'en moque !

Marketing : Comment fonctionne votre structure ?

Alain Dufossé : C'est un électron libre. Le BIG est constitué d'une équipe de sept personnes, dont trois qui travaillent sur la prospective. Elles suivent au quotidien environ 800 sources différentes pour sonder tout ce qui est intéressant dans nos univers. Et pour détecter les signaux faibles, nous avons aussi un réseau de correspondants dans une douzaine de villes à travers le monde. Ensuite, le BIG organise des "safaris" dans des villes pour rencontrer des "trenders", artistes, architectes, des personnes influentes dans leur domaine.

Au regard de ces tendances émergentes, l'équipe réfléchit à des concepts puis des prototypes avec des phases d'expérimentation, des "business models". Nous proposons à Pernod Ricard un projet clés en main et charge au groupe de décider d'investir ou non dans ce projet.

"Notre organisation est totalement autonome"

Govin Sorel

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Marketing : Comment êtes-vous perçus en interne ? Ne vous substituez-vous pas aux directions marketing des différentes marques ?

Alain Dufossé : Dans la feuille de route du BIG, il était prévu de ne pas dupliquer ce qui pouvait être réalisé par les équipes d'innovation au sein des différentes sociétés de marques du groupe. Notre donneur d'ordres est le bureau exécutif de Pernod Ricard. Ainsi, le BIG rapporte directement à Thierry Billot, directeur général en charge des marques.

Mais notre point de mire, ce sont les consommateurs et non les marques. Le BIG travaille sur des sujets sur lesquels personne d'autre ne planche au sein du groupe. C'est pourquoi nos projets n'ont pas vocation à revenir dans l'organisation de Pernod Ricard. Ils peuvent naître et se développer à l'extérieur du groupe.

À l'instar de Nespresso, filiale de Nestlé, notre organisation est totalement autonome. Nous disposons de notre propre budget. Même si nous pouvons parfois utiliser les ressources du groupe ou échanger avec certaines filiales.

Marketing : Au sein de Pernod Ricard, le marché français est-il pilote sur ce type d'organisation ?

Alain Dufossé : Plus largement, je ne connais pas de cellule organisée sur le même mode que le BIG, ailleurs dans le monde. Il y a de nombreux "labs" dans les grands groupes mais pas de structure aussi indépendante que la nôtre. Dans notre industrie, il n'existe pas d'équivalent.

Un certain nombre de groupes s'implantent et mettent des équipes légères dans la Silicon Valley pour se connecter à l'environ digital et s'en inspirer, mais cela ressemble davantage à de l'innovation de système, en général moins rupturiste. Ce n'est pas forcément comparable...

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