Les robots vont-il (aussi) remplacer les influenceurs ?
On les compte sur les doigts d'une main. Il n'empêche, les comptes d'avatars sont très suivis et font parler. Opportunité réelle pour les marques ? On a causé gynoïdes avec Virgile Brodziak, directeur général de J. Walter Thompson Paris
"On est carrément dans la prospective", s'amuse Virgile Brodziak, directeur général de l'agence J.Walter Thompson Paris, très intéressé par ces avatars d'influenceurs. Car ils, ou elles, puisqu'on parle plutôt de gynoïdes, robots à l'apparence féminine, "peuvent permettre de faire des coups". Exemple marquant, Prada, qui a invité lors de son défilé à Milan en début d'année Miquela Sousa, robot aux éternels 19 ans et 620 000 followers sur Instagram à l'époque (elle dépasse le million aujourd'hui). En guest star, la maison de couture lui avait laissé les commandes de son propre compte pour qu'elle y publie des stories.
"Si on y va, il faut être le premier et faire quelque chose qui n'a jamais été fait", estime Virgile Brodziak. Le luxe semble en avoir bien saisi l'intérêt. Et tant pis si c'est polarisant comme la campagne de la marque créée par Rihanna, Fenty Beauty, en partenariat avec Shudu Gram, qui pour le coup se revendique clairement comme étant un mannequin fictif créé par le photographe britannique Cameron-James Wilson: "Cela crée la discussion, comme Uniqlo avec ses robots dans les magasins".
Les avatars peuvent-ils réellement influencer les consommateurs ? "Cela peut fonctionner sur une typologie bien précise de population, plutôt jeune". Et réceptive. "Mais en réalité, la question de l'authenticité ne se pose pas dans un univers virtuel, c'est le contrat de lecture de base entre l'avatar et l'humain, qui garde toujours une distance".
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Une relation moins problématique en Asie, où il existe une plus grande culture des humanoïdes, avec des groupes de musique qui possèdent leurs avatars, et où la vocaloïde Hastune Miku donne des concerts... "Nous on a Gorillaz... et la Reine des neiges : quand on y réfléchit, en un sens c'est une influenceuse virtuelle pour des millions de gamines !"
Et au niveau du coût ? "Il est à parier que la question va se caler sur les modèles existants : un media dont on monnaye l'influence en fonction de la taille et de la réactivité de la communauté". Mais qui pourrait bien faire baisser les coûts de création de contenu : "plus besoin de payer un voyage à Bali tous frais payés à une influenceuse potentiellement capricieuse". Les codes en revanche restent les mêmes : "Les avatars font le buzz justement parce qu'ils reproduisent ceux du monde physique. C'est d'ailleurs là que c'est drôle, les gynoïdes singent les influenceuses jusqu'à la caricature". Cf les selfies à la moue boudeuse de #lilimequela... Virgile Brodziak s'attend à ce qu'elle fasse des émules dans le secteur de la food.
Pour autant, vont-ils remplacer les influenceurs? "Non et c'est tant mieux, de la même manière que les films en 3D de Pixar n'ont pas remplacé Hollywood... Il faut de l'intelligence derrière".
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