Fairtrade / Max Havelaar lance un label équitable pour agriculteurs français en difficulté
Face à la détresse des agriculteurs français, le label Fairtrade / Max Havelaar s'engage en dévoilant un nouveau label équitable devant permettre aux Français désireux d'adopter une consommation responsable.
Je m'abonneUn prix équitable, pour un revenu décent côté producteur. Alors qu'un tiers des agriculteurs français touchent moins de 350 euros de revenu par mois, 53% des consommateurs français sondés par OpinionWay pour le compte de Fairtrade / Max Havelaar réclament le respect d'un prix payé aux agriculteurs permettant au moins de couvrir leurs coûts de production. En attendant EGALIM 2, Max Havelaar présente ce 6 mai un nouveau dispositif de certification devant soutenir les agriculteurs et permettre aux 81% des Français désireux de pouvoir agir à leur échelle en faveur de l'agriculture hexagonale de le faire.
Le Made in France est plébiscité par 62% des Français sondés par OpinionWay à l'occasion de la 20ème édition de la Quinzaine du Commerce Equitable. Pour 52% d'entre eux, la crise a un impact négatif pour les agriculteurs français, en renforçant notamment les problématiques existantes, qui sont, selon les sondés, les prix bas imposés par les intermédiaires (pour 67% des sondés) et la concurrence internationale (pour 63% des sondés). 46% d'entre eux indiquent vouloir favoriser les agriculteurs qui respectent l'environnement, et 39% les marques et labels qui garantissent une juste rémunération des agriculteurs. 36% des Français indiquent ainsi acheter davantage de produits équitables, tandis que 32% achètent directement auprès du producteur.
30% des céréaliers français déficitaires
En face, les agriculteurs français sont dans une situation de plus en plus précaire : 30,1% des céréaliers, 21,5% des éleveurs / cultivateurs et 14,9% des éléveurs laitiers sont déficitaires. Nombreux sont ceux qui travaillent plus de 53 heures par semaine sans pouvoir se payer un SMIC, ce qui retarde d'autant le passage à un modèle économique plus durable et responsable. Le taux de suicide chez eux est de 12,6% supérieur à la moyenne de la population. Dans ces conditions, le taux de reprise des exploitations chute dramatiquement, alors que la crise a mis en avant le risque de dépendre entièrement de l'étranger pour s'approvisionner.
Fort de ce constat, Fairtrade / Max Havelaar pointe du doigt les mêmes raisons qui ont motivé la création des premières filières équitables il y a trente ans : "déséquilibre du rapport de force entre producteurs et acteurs en aval de la chaine de production, fixation des prix par des marchés internationaux, volatilité génératrice d'incertitude, pression constante sur les prix sans considération pour les coûts de production réels...", indique le communiqué, qui présente la réponse du label, qui reproduit en France ses initiatives développées en direction des pays du Sud : "Fairtrade/Max Havelaar s'engage aujourd'hui sur les filières françaises de blé et lait grâce à une méthode inédite de fixation du prix garanti en fonction du territoire et d'un objectif chiffré de revenu. La traditionnelle prime collective propre au commerce équitable, l'éligibilité automatique en cas de conversion vers le bio et un cahier des charges compatible Haute Valeur Environnementale-HVE, seront des outils d'accompagnement vers une agriculture durable. L'approche territoriale et l'éligibilité des jeunes en installation contribueront au maintien de l'activité agricole dans les territoires en déprise. Cette innovation est expérimentée sur le marché français et le dialogue ouvert au niveau européen."
" Nous avons utilisé les leçons de nos filières historiques pour créer ce nouveau cahier des charges adapté à la France, en dialoguant avec les producteurs. Alors que tout le monde parle de garantir un prix juste, transparent et supérieur aux coûts de production à l'agriculteur, nous le proposons aujourd'hui concrètement ", indique dans le communiqué Blaise Desbordes, DG de Max Havelaar France.
" En s'engageant dans la labellisation " Produits laitiers équitables Max Havelaar ", notre objectif est d'obtenir pour la filière lait Charentes-Poitou une valorisation décente, pour mieux rémunérer la qualité du travail des producteurs et ainsi maintenir cette filière laitière en déprise depuis quelques années sur notre territoire ", ajoute Patrick Roulleau, président de l'association Centrales des laiteries Coopératives des Charentes et du Poitou (ACLCCP).
" À ce jour, 2/3 des exploitations céréalières du Gers ne dégagent pas de revenu. Ce projet représente pour nous la promesse d'être considéré et rémunérés dignement. Il apporte des perspectives, de la visibilité et une certaine pérennité à nos exploitations ", témoigne enfin Florent Estebenet, agriculteur et administrateur de la coopérative agricole Vivadour - Gers (32).