Smart City : en route pour la ville connectée !
Au service de l'environnement et des citoyens, le mythe de la "ville intelligente" devient réalité. Comment les nouvelles technologies contribuent-elles à répondre aux enjeux de la vie urbaine ?
Je m'abonneEntre écologie, propreté et sécurité : le mobilier urbain comme atout multi-fonctions
Les lampadaires intelligents se développent en ville pour limiter la pollution lumineuse, en éclairant au minimum lorsque personne n'est à proximité ou en créant un train de lumière qui accompagne les passants tout au long de leur trajet. Ils présentent un autre intérêt, celui de pouvoir accueillir des capteurs ou caméras de surveillance, utiles pour mesurer le trafic ou, en ces temps de pandémie, si le port du masque est bien respecté. C'est ce qu'a entrepris la ville de Barcelone en juin 2020 : 12 caméras ont été installées sur des lampadaires à proximité de la plage pour voir si les mesures de distanciation sociale étaient respectées : l'intelligence artificielle identifiait les portions de sable libres.
En France, la start-up Datakalab a développé une solution de comptage anonymisée grâce à des capteurs posés dans la ville : "Notre innovation consiste à traiter la data localement, depuis la caméra : aucune image n'est envoyée sur le web, uniquement les statistiques : nombre de personnes passées à un point précis ... C'est donc une solution RGPD Friendly et qui permet aux villes ou aux transports publics comme la RATP de transformer ces informations en actions concrètes : annonce sonore si l'on constate par exemple un relâchement quant au port du masque", confie Xavier Fischer, CEO de Datakalab.
Enfin, dans une démarche de gestion des déchets, les poubelles aussi deviennent connectées, que ce soit pour optimiser les tournées de ramassage ou développer le recyclage automatisé. La start-up Heyliot propose ainsi des capteurs à placer sur les contenants qui préviennent lorsqu'ils sont remplis tandis que la poubelle "BigBelly" (FutureStreet) est capable de reconnaître les déchets, de les trier et de les compacter automatiquement. Des initiatives nécessaires, lorsque les prévisions annoncées par la Banque mondiale sont une augmentation de 70% de la production de déchets à l'échelle mondiale d'ici 2050 si l'on ne fait rien.
"City as a service" : l'enjeu de la commodité
"La crise sanitaire a modifié notre quotidien : fini les migrations pendulaires ou encore les fonctions binaires des quartiers (résidentiel/affaires), le télétravail devient une nouvelle norme, tout comme faire ses courses ou du sport près de chez soi durant sa pause déjeuner. La ville va devoir se réorganiser : ouverture de tiers lieux comme les espaces de coworking, réévaluation de la logistique pour les transports en commun ... Les territoires deviennent, par leurs fonctions protéiformes, plus hybrides, le tout dans une ambition de "ville du quart d'heure" où tout est accessible à proximité", analyse Stéphane Lefebvre-Mazurel, Directeur du pôle B2B & SmartCity chez OpinionWay.
Parmi les innovations notables on peut citer celle du Kiosque Maraîcher connecté qu'a inauguré JCDecaux à Meudon : le kiosque de Bellevue a été transformé en un libre-service de produits fermiers issus de circuits courts. Il s'agit de casiers connectés réapprovisionnés tous les jours, achetés à des producteurs du Centre-Val-de-Loire. Selon un communiqué d'ailleurs : " Sur les 780 kiosques gérés en France par MédiaKiosk, 133 proposent d'autres services que la presse pour contribuer à l'animation de la vie locale : conciergerie de quartier, restauration rapide, fleuristes".
Les parkings, quant à eux, deviennent également des lieux de commodité : la start-up Parkki propose ainsi plusieurs solutions au service des usagers : stationnement intelligent et guidage à la place ou encore mise en place drive et click and collect.
Vie citoyenne : entre concertation et open-data
La vie dans la cité se veut aujourd'hui plus collaborative avec ses habitants, d'où le développement par les collectivités locales de fils d'informations et de consultations pour partager l'actualité et donner la possibilité de nouvelles idées. La start-up Néocity a donc développé une application mobile à destination des mairies pour qu'elles puissent gérer l'ensemble de ces interactions.
En parallèle, le gouvernement a invité à une accélération sur l'open data au service de la transformation numérique. La ville de Bordeaux a ainsi créé "L'Atelier Open Data" consultable sur le portail web opendata.bordeaux-metropole.fr tout comme la région Île-de-France sur data.iledefrance.fr qui présente 824 jeux de données répartis sur 18 thèmes dont l'emploi, l'aménagement du territoire, l'enseignement. C'est l'opportunité pour les collectivités de faire preuve de transparence quant aux informations communiquées et de participer à la prise de décisions, notamment pour les entrepreneurs locaux qui souhaitent s'implanter sur un territoire.
Point de vigilance : la cybersécurité
Les nouvelles technologies servent donc bien l'ambition d'un "mieux vivre" en ville, reste ntoutefois l'enjeu de la gouvernance de la data : droit d'utilisation des données personnelles ou encore respect de la vie privée. D'aucuns s'insurgent d'ailleurs contre la surveillance par reconnaissance faciale dans les rues créant un "maquillage camouflage" pour contrer les dispositifs biométriques. "D'où l'importance, en parallèle de s'assurer d'une bonne sécurisation des IOT et du stockage des informations, que ce soit pour des objets connectés de la vie du quotidien ou utilisés dans les parties communes : trop souvent la sécurité native des appareils est sommaire - alors que cela nécessite en réalité des briques développées par des experts en sécurité", conclut Georges Gagnerot, fondateur d'eshard, start-up spécialisée en cybersécurité.