Pourquoi Gymglish est fâché contre Google Adwords
Présente sur la toile depuis 2004, Gymglish s'adressait auparavant à une cible BtoB désireuse d'apprendre l'anglais. En 2006, elle s'est développée sur le marché du BtoC. Pour toucher cette cible, elle compte sur Google. Problème : le moteur de recherche vend le nom Gymglish à ses concurrents.
Gymglish a donc décidé de mener une campagne, à l'image de celle de l'entreprise américaine Basecamp. Le but de la démarche est de sensibiliser les entrepreneurs et les professionnels du marketing qui ont, pour la plupart, recours aux outils Google pour travailler. Interrogés par E-marketing Benjamin Levy, le cofondateur de Gymglish et son directeur marketing Adrien Soullier sont clairs : il ne s'agit pas là d'une croisade contre Google. En effet aujourd'hui ils affirment encore dépendre de la plupart des outils du géant américain. Cependant ils déplorent l'une de ses pratiques discutables qui permet à n'importe quelle entreprise d'acheter des mots-clés qui sont des marques déposées à l'international.
" L'impérialisme mafieux " de Google
En agissant ainsi, Google laisse les entreprises perdre les effets de leurs efforts de branding tout en les forçant à dépenser un budget sur leur propre marque. " On déplore d'avoir à payer une espèce de droit de passage pour éviter qu'un concurrent se positionne en tête de liste sur les résultats de notre marque. Par extension on déplore que la pub Adwords qui était au début bien distinguée des résultats naturels soit devenue en une décennie environ quelque chose qui se confond voire même prime sur les résultats naturels. Les résultats de pub sont en tête de liste et la façon de les afficher est de plus en ambiguë" explique Benjamin Lévy. Il affirme d'ailleurs qu'un internaute non-averti pourrait avoir du mal à distinguer une pub d'un résultat naturel et ainsi cliquer sur les premiers résultats de recherche sans se poser de questions.
" On déplore cette espèce d'impérialisme mafieux qui laisse Google prendre des initiatives comme celle-ci qui, selon nous, ne respectent pas la propriété intellectuelle ". En effet, au fil des années, Google a imposé sa marque et est devenu si puissant que personne n'ose s'opposer à son mode de fonctionnement. En entamant cette campagne de sensibilisation, Gymglish espère être entendu et rejoint par d'autres marques spécialisées dans le tech ou encore dans le milieu du marketing. " Je vous avoue que je ne crois pas que nous, écosystème français arrivions à faire Google changer ses pratiques ". concède-t-il toutefois.
Une volonté de fédérer les marques
Benjamin Lévy compte sur l'effet papillon pour fédérer d'autres marques autour de la cause et faire en sorte que les choses changent. Le but est d'essayer de réduire leur dépendance au géant américain tout en mettant en avant d'autres moteurs de recherche. S'il qualifie sa démarche de croisade de " mini David contre super géant Goliath ", le cofondateur de Gymglish espère toutefois obtenir des résultats satisfaisants de sa campagne.
" La plupart de nos confrères se posent moins de questions que nous et ont des stratégies d'acquisitions de clientèle qui passent par la pub et par Adwords. On a finalement peu de confrères qui ont développé des stratégies de développement moins liées à la pub. " explique Benjamin Lévy. En effet, la stratégie d'acquisition de Gymglish est une stratégie de revenue sharing basée sur des partenariats noués avec des médias, des professionnels, des écosystèmes de d'apprentissage de langues. Cela fait donc plusieurs années de l'entreprise française cherche des alternatives à Google Adwords. " On a beaucoup de concurrents qui sont dans des stratégies de croissance et de levée de fonds. C'est pourquoi on a le sentiment que les clients de Google Adwords ne valorisent pas toujours la rentabilité de leur investissement en pub mais plutôt la capacité qu'Adwords leur donne à piloter leur croissance et à devenir le plus gros possible, le plus vite possible pour un certain budget quel que soit le retour sur investissement. ".
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La voie légale, une option vaine
Malgré un formulaire mis à disposition des entreprises souhaitant faire des réclamations, Google se montre peu soucieux des doléances des plaignants. En effet, il ne vérifie pas le respect des règles énoncées dans le cadre de l'utilisation d'Adwords et les contrevenants ne sont généralement pas pénalisés. Malgré plusieurs réclamations faites à Google dont une il y a tout juste dix jours par Adrien Soullier, les choses ne changent pas pour autant. " On est sur des abus de position dominante " affirme Benjamin Lévy.
Pour ce qui est des voies légales, le cofondateur de Gymglish reste sensé. " Même quand l'Union Européenne attaque Google et obtient gain de cause, ça semble à peine leur chatouiller les orteils. Ils payent les amendes d'1 milliard sans que ça n'ait l'air de les ébranler. On est bien évidemment loin d'avoir le poids de l'Union Européenne et on n'a pas non plus les moyens de mobiliser pleins d'avocats pour attaquer Goliath ". C'est pourquoi pour obtenir gain de cause , Gymglish préfère se tourner vers des moyens communautaires. " On a vu il y a quelques semaines le cas de GameStop qui a réussi à fédérer des petits actionnaires pour contrer des edgefunds de WallStreet qui entendaient changer les règles du jeu. C'est l'exemple réussi d'une communauté qui se fédère contre des groupes, donc à l'image de ce qui s'est passé on peut peut-être se fédérer entre entrepreneurs ". Cela fait seulement quelques mois que l'on trouve dans la presse grand public des sensibilisations contre les GAFAs " ces monopoles qui nous imposent ce qu'ils veulent ".
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" Le jour où Google sera un peu menacé dans ce monopole de la recherche, peut-être qu'il fera plus attention aux voix qui s'élèvent contre ses pratiques " espère Benjamin Lévy. Pour l'instant il est question pour lui de pousser les professionnels et les utilisateurs lambda à se tourner vers d'autres moteurs de recherches. " Comme l'histoire de l'humanité l'a montré il faut se battre contre les empires qui ne respectent pas nos droits et entravent nos libertés ".
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