Et le chief data officier est né
Le big data fait naître de nouveaux métiers et notamment celui de chief data officer. Face à la pénurie de profils, les entreprises mettent en place des parades.
Je m'abonneData chief officer, data architect, data scientist, data integration specialist, data vizualizer, data analyst... Autant de nouveaux métiers et nouvelles compétences recherchées dans le big data qui étaient le sujet d'une table ronde de la conférence " Big data, big challenge, big opportunity " organisée par Marketing Magazine. " Ces métiers phares n'existaient pas voici trois ans, d'autres métiers vont peut-être émerger..., a expliqué Pierre Cannet, p-dg de Blue Search Conseil, cabinet de recrutement spécialisé dans le digital. De plus, ces métiers ne sont pas précisément définis. Nos clients viennent nous voir avec un besoin... ".
Autre souci, certaines entreprises exigent une séniorité alors qu'il n'existe pas de salariés avec 8-10 ans d'expérience dans ces métiers... Pour recruter dans le big data, les entreprises doivent donc se résoudre à embaucher des personnes qui ont une expérience dans la Business Intelligence (BI) ou le CRM. Mais, elles ne sont pas toutes logées à la même enseigne : les entreprises dont la data est au coeur du développement comme les VPCistes et les e-commerçants, ont déjà dans leurs effectifs des statisticiens et des économètres, et re-déploient ces compétences dans le big data via la formation continue. Les autres doivent externaliser ces compétences.
" Il y a forcément pénurie de profils quand il y a rupture technologique ", explique Pierre Cannet. Parfois, les entreprises sont pro-actives pour trouver ces perles rares. Le p-dg de Blue Search Conseil a cité l'exemple d'IBM qui a mis en ligne une plateforme d'autoévaluation des étudiants pour travailler dans le big data. En novembre dernier, Quantmetry, entreprise de conseil en statistiques et en big data, a pris l'initiative d'organiser le salon data job, premier du genre à Paris. Une pénurie qui fait monter les enchères : un DSI est à plus de 100 KE de salaire par an selon Pierre Cannet, un data scientist et un data architect à 80 KE.
Une fois le recrutement de son chief data officer (CDO) terminé, encore faut-il savoir à quelle direction il doit être rattaché : Direction des services informatiques (DSI) ? Direction marketing ? Direction générale ? " Nous avons eu ce même débat sur le digital, se souvient Pierre Cannet. Les métiers du big data ont deux poumons : le marketing (marketing client, CRM, commerce/e-commerce) et les systèmes d'information (BI, CRM, e-commerce). "
Le poste de CDO reste flou
" Dans la plupart des cas, le CDO est rattaché au DSI ", a constaté Pierre Delort, président de l'Association nationale des directeurs de systèmes d'information (ANDSI). " Ma position est que le chief data officer doit être proche des équipes de data warehouse car ces dernières connaissent le mieux le métier. Mais, le congrès big data, qui s'est tenu en avril dernier, a montré que le profil du poste de CDO reste flou ! ".
" Avant les DSI avaient un rôle sur les process ; aujourd'hui, les logiciels remplissent cette fonction. Les DSI doivent se concentrer sur les données, a estimé Pierre Delort de l'ANDSI. Faire raconter de belles histoires à des données, c'est tout un travail qui nécessite à la fois des compétences métiers, statistiques et informatiques ". Ce dernier croit, en particulier, à l'importance qui sera accordée à la statistique : statistiques descriptives et statistiques inductives ou inférentielles. " Le rapport de McKinsey de mai 2011 explique que nous allons manquer de décideurs aptes à comprendre des statisticiens ! ", a conclu Pierre Delort.
" Les secteurs les plus poreux à la big data sont dans le B to C car, ils possèdent beaucoup de données et ont le plus besoin de les analyser pour personnaliser leur campagnes ", explique Pierre Cannet. Sont concernés la grande distribution et les e-commerçants. Le p-dg de Blue Search a également cité les secteurs des médias, de la banque et de l'assurance. En B to B, les SSII (conseil et logiciels) recrutent. Arrivent aussi sur ce marché, la pharmacie (génomique notamment), la sécurité, et le transport.
Le big data n'étant pas un secteur d'activité en soi, il est impossible de connaître les effectifs qui travaillent dans ce domaine. Idem s'agissant de la création de postes dans les cinq années à venir : les chiffres varient de 10 000, selon l'Afdel* à 4 millions, selon Gartner !
*Association française des éditeurs de logiciels