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Magali Tézenas du Montcel (Sporsora) : "Le sport va avoir besoin d'un soutien colossal"

Tandis que l'ensemble des compétitions sportives sont suspendues ou reportées du fait de l'épidémie, à l'exemple des Jeux Olympiques de Tokyo, repoussés en 2021, Magali Tézenas du Montcel, déléguée générale de Sporsora, alerte sur les conséquences économiques pour l'ensemble de l'industrie sportive.

Publié par Clément Fages le - mis à jour à
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Magali Tézenas du Montcel (Sporsora) : 'Le sport va avoir besoin d'un soutien colossal'

Championnats nationaux, Roland Garros, Euro de football et Jeux Olympiques... Aucune compétition sportive n'est épargnée par l'épidémie de Covid-19 qui sévit, avec des conséquences importantes pour l'ensemble des acteurs de cette filière économique. C'est ce que rappelle Magali Tézenas du Montcel, déléguée générale de Sporsora, qui rassemble les fédérations et clubs, médias, annonceurs et agences de marketing sportif.

Quelles sont les conséquences de la crise actuelle sur l'économie du sport ?

Le sport va avoir besoin d'un soutien colossal, au même titre que les autres autres secteurs économiques. Nous faisons face à des réactions en cascade : les compétitions sportives n'ont plus lieu, les médias ne peuvent plus diffuser, les opérations menées par les annonceurs et les agences sont annulées... Tout ne pourra pas être reporté, et la situation est très complexe, mais aussi très floue : que va-t-il advenir des championnats qui ne se terminent pas, et quelles conséquences pour les suivants ? Même les organisations qui ne sont pas encore reportées ou annulées sont impactées : je pense par exemple aux Jeux Olympiques, avec de nombreux athlètes qui n'ont plus les moyens ou l'envie de se préparer dans ces conditions. (L'interview a été réalisée avant le report de la compétition, décidé par le CIO et le Japon ce mardi 24 mars, ndlr). Et le sport amateur n'est pas en reste ! Il y a au total 2,5 millions de compétitions en France chaque année. Les fédérations et les clubs sont ainsi impactés à différents niveaux. Au-delà de ceux qui touchent des droits TV, de nombreuses structurent dépendent des revenus des jours de match, de la billetterie au merchandising...

Comment réagissent les sponsors de ces compétitions ?

Pour l'instant tous les acteurs sont plutôt bienveillants, et savent qu'il ne faut pas ajouter de la difficulté à une situation qui est déjà très complexe, et qui remet en cause l'avenir de nombreux acteurs. Mais tout le monde épluche déjà les contrats, et les médias ou sponsors vont commencer à demander des compensations... Peu d'acteurs ont des contrats d'assurance annulation pour cause de pandémie ! Par ailleurs de nombreuses activations sont annulées. Nous avons été sollicités par Bercy pour mener une étude d'impact auprès des agences qui sont membres. Pour l'instant, 62% des cinquante répondants se disent très impactés par la crise, et évoquent une perte de CA d'au moins 28% cette année. Les prestataires opérationnels sont les plus touchés, là où les agences conseil peuvent encore opérer. Nous espérons que nos membres seront responsables et agiront de bonne foi, dans le sens juridique du terme, c'est-à-dire avec bienveillance envers leur partenaire. Il faut éviter la disparition des plus petites structures. Mais les annonceurs sont habitués aux aléas sportifs... On fait souvent du sponsoring pour le meilleur et pour le pire, c'est ce qui fait tout l'intérêt du sport, ce côté émotionnel, passionnel.

La réaction de Lidl

En tant qu'acteur important du marketing sportif, comment Lidl fait face à l'annulation des compétitions ?

Michel Biero, co-gérant de Lidl France : "En effet depuis mi-mars et pour un temps indéterminé, la saison de Lidl Starligue est suspendue, tout comme l'ensemble du sport professionnel et amateur. Le tournoi de qualification olympique auquel doit participer l'équipe de France masculine de handball a lui été repoussé au mois de juin, sans qu'à ce jour aucune décision n'ait été prise sur un report des Jeux Olympiques et Paralympiques. (Ces propos ont été recueillis avant la décision du CIO et du Japon de repousser les Jeux ce mardi 24 mars 2020, ndlr).

Dans cette période difficile, deux mots-clés dictent notre conduite et nos échanges avec le monde du handball : la responsabilité et la solidarité. À l'heure actuelle, l'enjeu est de respecter les mesures de confinement, la distanciation sociale et les gestes barrières. C'est nécessaire pour faciliter le travail du corps médical et le quotidien de nos collaborateurs qui viennent travailler tous les matins. Le sport reprendra ses droits mais l'important aujourd'hui c'est de prendre soin les uns des autres, de se protéger et de se soutenir.

Demain, quand cette crise sera derrière nous, nous serons évidemment aux côtés du handball français, des joueurs et des joueuses, des clubs sportifs professionnels et amateurs et des institutions pour tenter de minimiser l'impact de cette crise sur l'aspect sportif mais aussi sur le rôle social et économique du sport. Vous dire aujourd'hui la forme que cela prendra est prématuré tant les perspectives restent incertaines. Nous allons avoir de nouveaux exploits à réaliser avec le handball français, il ne s'agira pas seulement de ramener des médailles, mais je suis convaincu que nous y arriverons."


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