TPE : les mal-aimées du marketing
Difficile de cerner ce que recouvre l'appellation de TPE (Très petites entreprises). Faute de pouvoir les identifier, les annonceurs peinent à trouver encore les moyens de les prospecter. Pourtant le secteur est économiquement florissant. D'où l'intérêt de trouver une communication adaptée à leur profil. Un profil qui, en maints points, diverge de celui d'entreprises plus importantes.
Je m'abonne
E.F. Schumacher s'était taillé un beau succès de librairie avec un livre
intitulé Small is beautiful, il y a de cela 20 ans. L'expression fait toujours
sourire. On continue de croire que l'entreprise sérieuse se doit d'être
toujours plus grande. Sous les feux de l'actualité, la valse des
fusions-acquisitions, portées par une mondialisation à tout crin, nous ferait
presque croire à un réseau global d'entreprises multiculturelles. Le monde
change pourtant. Mais pas dans le sens supposé. Car l'on assiste à la montée en
puissance d'un mouvement vers la petite taille, voire la très petite taille. Il
prend notamment sa source dans l'externalisation de pans entiers de l'économie,
la croissance de la sous-traitance et le maintien de réseaux plus anciens, tels
le commerce ou l'artisanat. A tel point que sur plus de 2,5 millions
d'entreprises en France, 1,16 n'ont pas du tout de salariés. Pire encore, ces
dernières années, la part des salariés travaillant dans des établissements de
plus 500 personnes a chuté de 20 % à 11 %. Tandis que celle des salariés à
faire carrière dans des entreprises de moins de 20 employés est passée de 25 %
à 40 %, dont 26 % dans les très petites entreprises (TPE) de moins de dix
salariés. S'y ajoute le secteur associatif, quelque 880 000 associations en
activité répertoriées, dont environ 200 000 employant des salariés à plein
temps. Ainsi que le "Soho" (Small office home office), c'est-à-dire
l'indépendant qui travaille chez lui ou le télétravailleur. Autant dire qu'il
s'agit là « d'un magma indescriptible », aux dires d'Henri Kaufman, président
de l'agence EHSBrann/ Communider. Une nébuleuse dont on a du mal à identifier
les limites. Voilà bien le problème, lorsque l'on s'intéresse au marché des
TPE : la cible demeure mal identifiable. On les nomme TPE, micro-entreprises,
Soho, entreprises unipersonnelles, voire « mini compagnies », ainsi que se
plaît à les baptiser Henri Kaufman. Cette fluctuation dans la terminologie
traduit l'absence de valorisation qui pèse sur un secteur économique pourtant
florissant. C'est ce qui explique sans doute l'une des premières difficultés
des communications le visant : faute de savoir à qui l'on s'adresse, les
annonceurs se cantonnent à un plan de campagne générique, avec lequel ils
espèrent toucher, parmi la masse de consommateurs sensibles à leurs arguments,
quelques Soho ou TPE égarés. Et lorsque, enfin, ils songent à adapter leurs
communications aux profils des TPE, c'est avec la crainte de ne pas
rentabiliser suffisamment leurs opérations. D'où cette propension à se
contenter de discours banals, de créations simplistes et d'offres produits
uniquement axées sur les promotions.
Un profil particulier
Cette stratégie s'avère d'autant plus dommageable que
leurs comportements d'achats ne répondent pas aux mêmes logiques que ceux des
grosses sociétés. « On les considère souvent comme des particuliers. Or, ils
souhaitent être reconnus comme des sociétés à part entière. Des sociétés qui
ont, certes, des besoins spécifiques, mais dont les modes opératoires restent
dans la sphère économique. Difficile, par exemple, de créer un achat impulsif.
Leurs actes restant toujours très rationnels », estime Eric Sainte-Claire
Deville, directeur du marketing stratégique chez Chronopost. Une absence de
caractérisation qui, pour Henri Kaufman, est source d'échec potentiel : « La
tentation, le plus souvent, c'est d'agir avec eux comme s'il s'agissait de
grands comptes en utilisant un discours publicitaire généraliste, alors que
l'on est ici à mi-chemin entre le consommateur normal et le marketeur averti. »
Il s'agit alors d'adapter son discours à des profils dont la principale
caractéristique repose sur la concentration des pouvoirs. « Quand on est patron
d'une TPE, on possède toutes les casquettes : on est aussi bien prescripteur,
décideur, utilisateur qu'acheteur. Pas question de leur faire perdre du temps
et de leur mentir. Ce sont des gens pressés qui décident vite et qui cherchent
avant tout une information cohérente », relate Alain Bosetti, directeur général
de Soho Agency et fondateur du Salon des micro-entreprises. Un constat auquel
l'expérience d'Eric Sainte-Claire Deville fait largement écho : « Ils
économisent sur leur temps. Ce sont des gens pour qui l'argent dépensé est
clairement le leur. Il faut donc leur faciliter la vie en leur procurant un
produit ou un service, pratique, rapide, et en corrélation avec leurs besoins.
»
De la difficulté de trouver une base de données fiable
Tous les protagonistes qui s'y sont essayés le disent. L'une des difficultés
majeures réside dans le fait de ne pas savoir qui contacter. « Les fichiers
disponibles sur ce secteur ne sont pas de très bonne qualité », déplore Eric
Sainte-Claire Deville. Bien sûr, il existe la base de données de l'Insee qui
recense, par code APE, l'ensemble des entreprises françaises. Difficile,
toutefois, d'imaginer envoyer un mailing prospectif à l'attention des quelque 2
millions de TPE sans posséder plus de précisions. Ne reste alors qu'une
solution : affiner ou segmenter selon les catégories socioprofessionnelles
(architectes, médecins, comptables...), les régions d'implantation ou même les
comportements d'achat. On trouve aisément des CD-Rom qui, pour le prix de 150
euros, assurent fournir le nec plus ultra en matière de segmentation. Infobel
ou Franceprospect, par exemple, vendent ainsi au tout venant l'annuaire des
entreprises françaises et de leurs dirigeants sans pour autant garantir la
fraîcheur des informations. Mais lorsque l'on veut mieux cibler, rien ne vaut
les courtiers qui disposent de fichiers, parfois, plus originaux. Le prix à
l'achat ou à la location étant toutefois nettement plus prohibitif. « Les
professionnels inscrits à un ordre, comme les médecins ou les architectes, sont
facilement identifiables. En revanche, aller vers les indépendants ou vers les
associations relève de la mission impossible. Pour ces catégories là, on
préfère, en général, les laisser venir vers nous à l'occasion de salons ou de
séminaires, plutôt que de s'escrimer à trouver leurs contacts », explique le
directeur de la division PME pour l'Europe du constructeur informatique Apple,
Jean-Pierre Giannetti. Une possibilité toutefois : se concentrer sur les
créations d'entreprises. On est alors à peu près sûr de s'adresser à des
individus qui n'ont pas encore cerné l'ensemble de leurs besoins. Patrick
Visier, P-dg de DPV, y voit même un atout supplémentaire : « Pour certains
produits, comme les retraites complémentaires, il faut attirer leur attention
dès les premiers mois de leur création. Si la qualité de service et de prix
suivent, c'est encore le meilleur moyen de les fidéliser. » D'autant qu'il faut
faire vite : environ 50 % de ces sociétés auront disparu cinq ans plus tard.
Quant aux associations ou aux Soho, il n'existe pas de bases les regroupant
réellement. Leurs adresses pouvant être répertoriées sous les fonctions les
plus diverses. « Parfois on s'aperçoit que l'adresse professionnelle est
identique à l'adresse personnelle. Et que l'on est donc en présence d'un
travailleur indépendant. Mais on ne sait pas encore comment les traiter »,
regrette Denis Riols, directeur marketing de Companeo, qui développe des
services (création de sites internet, avance de trésorerie, formations...) à
destination des PME, voire des TPE. Alain Bosetti pense, lui, avoir trouvé la
parade : « Les Soho leaders ». Faute de pouvoir les identifier tous, le
président du salon des micro-entreprises concentre son action sur les plus
importants ou les plus représentatifs. Soit quelque 1 500 individus,
prescripteurs pour des réseaux plus ou moins importants. « Les travailleurs
indépendants ont besoin de conseil et de confiance, poursuit-il. Ils
s'adressent souvent à leurs pairs, plus expérimentés, qui sont en mesure de les
aider dans leurs démarches. La recommandation de certains produits ou de
certaines entreprises fonctionne à plein régime sur ce segment. » Surtout qu'en
France, il n'existe pas encore, comme c'est le cas aux Etats-Unis,
d'associations d'envergure qui les fédèrent.
Adapter sa stratégie
Savoir adapter sa stratégie commerciale au profil de ces
entrepreneurs est plus délicat qu'il n'y paraît. Pas question de calquer un
message générique pour s'adresser à eux. Le coup du packaging spécifique ne
fonctionnant que si l'offre est, elle aussi, réellement différenciante.
Chronopost ne s'y est pas trompé et développe des outils spécifiques et des
"aides à l'achat" pour favoriser leur fidélité. C'est ainsi qu'au début des
années 90, Chronopost a mis en place le principe des enveloppes ou des
emballages pré-expédiés. Ce spécialiste de la livraison s'apprête aujourd'hui à
reproduire son outil d'envoi en ligne, qui existait déjà à destination des
grands comptes, à l'attention cette fois-ci des TPE. « Nous avons simplifié
l'ossature de façon à ce que les TPE et autres professions libérales s'y
reconnaissent », relate le directeur du marketing stratégique de Chronopost.
Le problème, c'est qu'ils sont si nombreux qu'on n'échappe pas à une diversité
d'intérêts. Parfois contradictoires. C'est du moins l'avis du directeur
marketing produit de la filiale française de Viking Direct, Alain Josse : «
Pressés, les patrons de TPE souhaitent un discours clair, sans fioriture. Mais,
au lieu de simplifier l'approche, cette exigence de clarté diversifie les
comportements d'achats. Parce que le même individu peut être sensible à des
discounts à un moment donné, être intéressé par des produits astucieux à un
autre et se laisser aller à des achats cadeaux sans mettre en péril sa société.
» Encore faut-il aussi tenir compte de ces "petits trucs", comme celui que
préconise Henri Kaufman : s'intéresser au conjoint. « L'une des spécificités de
ces structures, c'est d'associer un couple dans un même travail. Le conjoint,
souvent d'ailleurs la femme, s'intéressant plus particulièrement à
l'administratif ou à l'organisation. C'est elle qui ouvre le courrier, elle qui
commande. » D'où peut-être ce besoin de sécuriser en augmentant les marques de
confiance via un discours réaliste. « A force d'utiliser les arguments des
publicitaires, on quitte la réalité. Or, ici, il faut y revenir »,
ajoute-t-il. Avec un panier moyen compris entre 300 et 1 000 euros, Viking
Direct vise précisément les TPE. Pour répondre à la diversité des
comportements, le spécialiste des petites fournitures de bureau a choisi de
segmenter sa base de données - et donc de cibler l'envoi de ses catalogues - en
fonction, non pas des catégories socio-professionnelles, mais des comportements
d'achat. Seule solution, selon Alain Josse, pour répondre aux attentes de ses
clients : « Nous avons opté pour une segmentation verticale de la base. Peu
importe que notre client soit un commerçant ou un avocat, c'est avant tout son
historique d'achat qui nous détermine. Nous envoyons une cinquantaine de
catalogues différents dans l'année en fonction du niveau de fidélisation ou des
gammes de produits achetés. S'y ajoute un fort degré de personnalisation grâce
à l'impression numérique. » Même son de cloche chez le constructeur Apple, pour
lequel les TPE représentent environ un quart des ventes globales. Mais
Jean-Pierre Giannetti nuance le verdict. Selon lui, si on peut présenter des
solutions spécifiques - notamment des solutions complètes de type "tout-en-un"
-, tous les publics ne répondent pas de la même façon : « Les chirurgiens
dentistes ont ainsi des besoins assez bien normés. Et, d'une manière générale,
plus ou moins identiques. A ceux-là, on peut proposer une solution qui couvre
tous leurs besoins. A l'inverse, on remarque que pour les architectes, il faut
faire du sur-mesure. Parce qu'il n'en existe pas un qui ait les mêmes besoins
que son voisin. »
La valeur réelle du client rapportée aux médias utilisés
La difficulté de les contacter est une chose. La valeur
réelle de ce type de clientèle en est une autre. C'est pourquoi il faut aussi
savoir adapter les outils relationnels aux perspectives escomptées en matière
de rentabilité. En clair, ne pas trop dépenser pour des cibles dont les volumes
d'achat représentent peu. « C'est un secteur éparpillé sur une multitude de
clients. Nous n'avons aucun intérêt à utiliser les outils traditionnels, comme
le marketing direct. Cela représenterait une dépense par trop importante au
regard des volumes induits. On privilégie alors le marketing relationnel via la
présence de stand sur les salons, l'organisation de séminaires ou des
événements spécifiques comme les portes-ouvertes », explique Jean-Pierre
Giannetti. Qui estime que, au-delà, la publicité institutionnelle, présente
notamment dans les grands quotidiens nationaux, suffit en termes de notoriété.
Ce que confirme Chronopost qui, toutefois, diffuse également des spots radio à
destination des TPE. « Nous pouvons avoir des campagnes particulières à
destination des TPE en presse spécialisée ou sur les ondes : le coût n'étant
pas trop important. Mais ne pouvons guère aller au-delà », justifie Eric
Sainte-Claire Deville. Mais, si la valeur unitaire des achats sur la cible est
faible, sa valeur vie peut s'avérer importante. Il semble, en effet, que le
patron d'une TPE ou le Soho soit plus fidèle. En fait, n'ayant que peu de temps
à accorder à la fonction achat, ils privilégient le "déjà connu". C'est, dû
moins, l'opinion d'Alain Bosetti. « Avec eux, la durée de vie d'un mailing, par
exemple, est plus longue. Ce sont des documents qu'ils conservent et qu'ils
compulsent quand ils ont un achat à effectuer. » Pour y pallier, l'une des
solutions peut être la mutualisation des coûts. D'où l'intérêt des annonceurs
pour des pratiques, à moindre coût, comme le bus mailing. Depuis presque 10
ans, La Documentation Directe, par exemple, propose deux fois par an une
opération sur les TGV en seconde classe et sur des horaires d'affaires. Les bus
mailings sont déposés sur les sièges peu de temps avant le départ des trains.
La cible ? Précisément les TPE ou les Soho qui, selon Elisabeth Chevins,
chargée du département bus mailing, sont « des voyageurs occasionnels, habitués
de la seconde classe, alors qu'en première, on touche plutôt des dirigeants ou
des responsables de grosses sociétés ». Les taux de retour entrent dans les
critères des opérations de ce type. Soit entre 2 et 5 ‰. Les annonceurs se
comptent parmi les fournisseurs d'équipements de bureau, des éditeurs
financiers ou juridiques ou des sites marchands. Reste aussi la solution du
faxing, que certains, comme Denis Riols, croient encore être un média
d'avenir.
L'importance du contenu
Apple se distingue
plus spécifiquement par l'importance octroyée au contenu. L'un des axes de sa
stratégie étant de donner l'information la plus exhaustive possible. L'envoi
régulier de newsletters à plusieurs millions d'exemplaires s'inscrit dans cette
démarche. « L'information est essentielle sur cette cible, estime Jean-Pierre
Giannetti. Nous fournissons une information, par exemple, sur l'évolution des
normes, la création de nouvelles versions de logiciels. L'information sur nos
produits n'intervient que secondairement. » Alain Bosetti pousse même le
bouchon plus loin. Puisque l'un de ses chevaux de bataille consiste à
revendiquer un accompagnement informatif à toute action commerciale. Ce qu'il
nomme le « marketing différencié ». Il s'agit alors d'habiller un produit avec
un ou des services spécifiques à destination des Sohos ou des TPE. C'est ainsi
que l'on pourra établir un guide sur "Comment établir son bureau chez soi" ou
leur proposer une mise en relation téléphonique avec un designer pour qu'ils
structurent mieux leur espace professionnel. Au final, il s'agit encore et
toujours de personnaliser l'échange. Le contenu, c'est encore ce qui distingue
la campagne Stiméo de l'assureur AGF, menée par EHSBrann/Communider. Ce nouveau
produit financier est un plan d'épargne entreprises (PEE) dédié aux TPE. La
stratégie mise en place répondait à plusieurs impératifs. D'abord, faire
connaître ce PEE, que la loi Fabius sur l'Epargne salariale avait, fin 2001,
ouvert aux TPE et aux entrepreneurs individuels. Ensuite, prouver que
l'assureur pouvait aussi être prescripteur en matière financière. Enfin, leur
démontrer que ce produit financier s'adressait bien à eux. « La communication
s'articulait autour de deux idées : proximité et simplicité. Avec une signature
générale : "C'est simple et ça rapporte", qui misait tout sur le bénéfice
produit », rapporte Ségolène Parre-Lequeutte, chef de groupe chez
EHSBrann/Communider, en charge du budget AGF. L'agence a notamment réalisé une
chemise porteuse, diffusée à 30 000 exemplaires, qui contenait l'ensemble des
documents. A savoir, une plaquette trois volets pour l'entrepreneur, un livret
d'adhésion expliquant comment il pouvait aussi en faire bénéficier ses
éventuels salariés, ainsi qu'une affichette. Surtout, ce qui distingue cette
campagne, c'est d'avoir choisi le face à face entre le prospect et le chargé de
clientèle AGF afin de mieux expliquer le produit. C'est pourquoi l'agence a
également réalisé des outils d'aide à la vente à destination du réseau
(présentation PowerPoint, dossier argumentaire). « Tout a été pensé pour
favoriser la confiance », poursuit Ségolène Parre-Lequeutte. AGF s'appuyant sur
sa propre base de données, des entreprises déjà clientes de produits
d'assurance, pour faire connaître le dernier-né de ces produits financiers. Le
mailing n'est donc utilisé que lorsque la cible en vaut la peine. C'est souvent
le cas des professions libérales ou des artisans dont on s'arrache les faveurs.
L'agence Baxbé travaille ainsi sur plusieurs cibles TPE pour le compte de
Citroën. « Nous avons la chance d'avoir un client qui cherche une segmentation
fine de sa base. Nous allons, par exemple, réaliser des mailings à l'intention
des gestionnaires de flottes. Le premier mailing, qui est destiné aux
responsables de parc automobile de moins de 4 véhicules, n'aura rien à voir -
ni dans le discours ni dans l'offre produit - avec celui réalisé pour ceux qui
s'occupent de parcs de plus de 20 véhicules », justifie Marine Sterbecq,
directrice commerciale de l'agence.
Trouver des moyens de contact originaux
Une façon pour le constructeur de réduire ainsi, à
chaque fois, sa cible potentielle et d'adapter son discours au plus près de ses
attentes. Pour Marine Sterbecq, l'une des règles en matière de création, c'est
encore d'aller à l'essentiel. « Il faut une offre directe avec un contenu
rédactionnel assez léger. Le but étant de comprendre les attentes des prospects
et d'y répondre. » Pas question pour autant d'unifier le ton. « L'humour ou un
ton décalé fonctionnent très bien. » Chez Baxbé, les campagnes mettent l'accent
sur les petits plus. Il peut s'agir d'un cadeau mais, bien plus sûrement, d'une
attention. C'est le cas notamment du mailing à destination des artisans taxi,
réalisé encore pour le compte de Citroën. L'agence est partie de l'idée que les
chauffeurs de taxi n'ont guère le temps de se rendre dans leur concession afin
d'essayer un nouveau véhicule. D'où leur proposition : fixer un rendez-vous où
le commercial de la concession - transformé pour l'occasion en chauffeur de
maître - vient les prendre à leur domicile. « L'idée, c'était qu'ils puissent
se faire une idée de la conduite du véhicule et qu'ils soient aussi en mesure
de vérifier le confort du modèle pour leurs futurs passagers », relate Marine
Sterbecq. Le cas est assez emblématique. Mais on retrouve là l'une des clefs de
réussite sur cette cible : se mettre suffisamment dans la peau de son
interlocuteur pour provoquer l'échange, voire, à terme, l'acte d'achat. Trop
longtemps ignorés, les TPE et autres Soho n'ont que trop besoin de se sentir
valorisés dans leur rôle de professionnels. En adaptant leurs produits et
services à ces profils, les annonceurs pourraient bien trouver là des débouchés
non négligeables, alors que le ralentissement de la croissance économique rogne
leurs parts de marché. Et faire leur la devise "Small is beautiful".