Ludopia : collecte sécurisée
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L'e-mailing, nombre d'entreprises, et souvent parmi les plus en vue, ne veulent
pas en entendre parler. Certaines ont essayé et n'ont pas souhaité récidiver.
D'autres jugent les fichiers d'adresses e-mails trop peu qualitatifs pour s'y
risquer. A l'origine de cette désaffection, il est de bon ton de pointer le
doigt sur les “gros collecteurs” que sont les sites et portails de jeux et
loteries, dont le modèle repose sur le volume de trafic généré. Est-il pour
autant possible, à partir d'un site gratuit, de jouer la carte de la qualité et
de proposer une offre d'adresses e-mails convaincante à des fins de
prospection ? Oui, répond-on chez Ludopia Interactive, société éditrice de
luckyvillage.com, site de jeux promotionnels lancé en mai 2000.
Le credo de Ludopia, c'est le verrouillage et le contrôle des données
déclarées. Une précaution d'autant plus nécessaire pour un site où l'internaute
n'a rien à débourser et tout à gagner. Chaque jour, le loto de luckyvillage.com
propose en effet une dotation d'1 million d'euros. La seule contrainte pour le
joueur étant de s'inscrire. Et c'est justement là que commence le cycle des
sécurisations.
Fausse déclaration : pas de gain
Il est ainsi clairement précisé qu'une déclaration fausse ou erronée annulera
les gains en cas de victoire. C'est en donnant une adresse e-mail correctement
“orthographiée” que l'internaute pourra recevoir ses résultats. Une fois
l'adresse enregistrée et obligatoirement confirmée, un moteur la lit et en
corrige le suffixe (l'outil a ainsi recensé 150 façons d'écrire Wanadoo !).
La restitution exacte de l'adresse postale est en outre obligatoire puisque
c'est à cette adresse que l'internaute gagnant recevra son chèque. « Nous
n'avons eu que deux cas de fausses déclarations sur des milliers », souligne
Ouriel Ohayon, co-fondateur et directeur marketing de Ludopia Interactive.
Voilà pour la saisie initiale.
Durée de vie moyenne d'un “profil” :de 12 à 16 mois
Ludopia intègre également des outils de validation en aval. « Dès que
l'internaute se logue sur le site, son interface est personnalisée. Si une
mauvaise adresse e-mail a été saisie, on va demander une réécriture », explique
Ouriel Ohayon. Autre sécurité : une campagne d'e-mailing ciblant, une fois par
an, chaque inscrit. Enfin, la société procède à un certain nombre de
croisements avec d'autres fichiers sources.
Deux ans et demi après l'ouverture du site luckyvillage.com, Ludopia a pu
construire une base de 400 000 profils.
« 30 % des adresses ne pourront plus être utilisées », signale Ouriel Ohayon,
qui précise que la durée de vie moyenne d'un “profil”, malgré toutes les
sécurités mises en œuvre, ne dépasse pas 12 à 16 mois.
Que contiennent ces “profils” ? Des informations déclarées par l'internaute au
fil de champs d'inscription obligatoires et facultatifs. Une vingtaine au
total, ce qui représente une minute de temps pour le candidat. « Nous indiquons
à l'internaute que plus il nous donnera d'informations, plus nous
personnaliserons les messages que nous lui adresserons », remarque le directeur
marketing de Ludopia. Les données collectées relèvent d'informations
“classiques” : âge, sexe, activité professionnelle, centres d'intérêt… Pour les
données les plus objectives, outre les adresses physique et e-mail, la base
Ludopia serait renseignée à 33 % en numéros de téléphone : deux tiers de lignes
fixes, un tiers de lignes mobiles.
Trois sources de revenus : location du fichier, promotion, data
Ludopia, qui a réalisé en 2001 un chiffre d'affaires d'un peu moins d'un
million d'euros, annonçait l'équilibre pour le mois de juin 2002. Comment cette
société employant sept personnes se rémunère-t-elle ? De trois manières. La
principale source de revenus étant la commercialisation (en location
uniquement) de son fichier. Avec des prix alignés sur ceux du marché, soit
0,23 euro pour l'adresse e-mail, plus 0,04 euro par critère supplémentaire s'il
s'agit d'une information standard (faisant partie des 20 champs de la fiche
d'inscription universelle) et 0,15 euro s'il s'agit d'un champ spécifiquement
commandé par une entreprise. Pour l'adresse physique, il faudra compter 0,17
euro, pour le téléphone (fixe et SMS) 0,30 euro.
Deuxième source de revenus : l'activité promotion et média. Ludopia, qui
revendique 20 000 internautes uniques par jour et 17 millions de pages vues,
loue en effet des espaces publicitaires et propose des mécaniques
publicitaires. Enfin, la société a développé une activité de “data technologie”
: normalisation et qualification de bases tierces, constitution de bases,
génération de campagnes d'e-mailing et de SMS.
« C'est une activité qui peut vite devenir très rentable, avance Ouriel Ohayon.
Les salaires, la collecte, l'informatique peuvent ne représenter que 20 % des
coûts. Ce qui autorise des marges de 80 %. »
Ludopia vient de lancer sur son site luckyvillage.com de nouveaux jeux, une
boutique de cadeaux ainsi qu'un module de sondage. L'objectif étant d'augmenter
le trafic mais surtout de fidéliser les joueurs. « Avoir comme certains sites
une base de plus d'un million d'adresses, aujourd'hui, étant donné l'état du
marché et la nature de la demande, cela ne rime pas à grand-chose », affirme le
directeur marketing.