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«Le gros problème, en B to C, c'est qu'il n'y a pas assez de fichiers.
C'était déjà le cas il y a deux ans, ça l'est toujours. Il y a des fichiers qui
naissent, mais autant qui meurent », lance Frédérique Agnès, P-dg de
MédiaPrisme. Cette carence générale, si elle est remarquée par l'ensemble des
courtiers du marché, fait cependant l'objet de nuances quand il s'agit de
quantifier l'offre. Chez Koba, on estime que l'offre actuelle du marché tourne
autour des 1 500 fichiers actifs, c'est-à-dire utilisés au moins une fois dans
leur intégralité en l'espace d'une année. Frédérique Agnès est moins
enthousiaste : « Le marché fonctionne sur 600 fichiers dont 200 qui tournent
vraiment. » Ce que le marché n'a pas gagné du côté de l'offre, il l'a gagné en
maturité. Le constat est ici très partagé. « Nous sommes totalement sortis des
rails du broking, lance Frédérique Agnès. Aujourd'hui, nous vendons avant tout
du conseil, à des clients qui savent ce qu'ils veulent. » Maturité de la
demande, maturité des pratiques. « Y a- t-il eu, ces derniers temps, des
scandales autour de l'adresse postale et de son utilisation ? Non. La
profession est saine. On n'entend pas les annonceurs dire que c'est un repère
de rigolos », constate Stéphane Barthélémy, directeur d'Adress Company.
Par-delà cette évolution globale et structurelle, il semble néanmoins que la
conjoncture, ces derniers mois, n'ait pas été des meilleures. 11 septembre,
passage à l'euro, élections présidentielle et législatives : chez Koba, on
reconnaît que l'activité fut "calme" ce premier semestre 2002. Le courtier
espère notamment dans la reprise en force des mailings caritatifs.
« Beaucoup
d'associations ont réalisé des tests de saisonnalité, afin d'étaler des
campagnes jusqu'à présent très concentrées sur le mois de novembre. Nous nous
attendons à de grosses campagnes », affirme Chantal Dutheil, directeur de
clientèle. Chez Adress Company, où l'activité collecte de fonds chute de 30 %
alors qu'elle représente traditionnellement près du tiers du chiffre d'affaires
global, on attendait également, en juin, les résultats des campagnes estivales.
« Sur ce marché, mieux vaut être producteur que courtier. Pour une société
comme la mienne qui solde son chiffre d'affaires de 15 millions de francs par
une marge nette de 2 millions, je connais des brokers qui, à partir du même
chiffre, feront sensiblement moins de résultat net », explique un producteur.
Pas évident de faire du business de manière pérenne avec l'adresse. Le marché
du fichier en B to C a manifesté, ces derniers mois, voire ces dernières
semaines, les symptômes d'une activité malaisée. Et les rangs se sont
éclaircis.
« Je ne pense
pas que la configuration du marché évoluera sensiblement dans les années qui
viennent. Par-delà les changements de main, il y aura deux-trois gros acteurs
et quelques petits », avance Joëlle Guillet, directrice du pôle fichiers de D
interactive.
Le courtage dominé par trois acteurs
Aujourd'hui, le marché du courtage est dominé par trois entités. Qui
revendiquent chacune la première place, insistant toutes sur les difficultés
rencontrées par leurs concurrents. MédiaPrisme revendique un chiffre d'affaires
de plus de 10 millions d'euros. « Nous sommes le plus gros broker qui ait
jamais existé en France », estime Frédérique Agnès. Chez Koba, on affirme que
l'activité fichiers représente 18 % du chiffre d'affaires de l'entreprise. « Un
ratio stable », précise- t-on. « Nous sommes toujours les acteurs les plus
importants du marché. Nous avons le plus gros catalogue de fichiers exclusifs
», avance Chantal Dutheil, qui recense 170 exclusivités et parle de 60 millions
d'adresses louées en 2002. Le cas d'Eurodirect Marketing est un peu spécifique
puisque le groupe rassemble en France trois courtiers (Adress Company, ITL,
Europrogrès), qui ont tous réalisé un chiffre d'affaires assez comparable,
autour des 4 millions d'euros. Le business des courtiers se trouve directement
altéré par la configuration de l'offre et les tendances de la demande. Koba,
par exemple, qui travaillait beaucoup sur ses fichiers exclusifs, a davantage
recours à des sources tierces. Et pour cause : rendements à la baisse,
généralisation des tests et segmentation des opérations. « Le marché s'est
complètement atomisé, l'offre également par voie de conséquence. Et les
entreprises prospectent de plus en plus. Il n'est plus possible d'apporter un
conseil exhaustif avec seulement 170 fichiers », remarque Chantal Dutheil. De
fait, l'ambition d'une société comme Koba, aujourd'hui, n'est plus de gonfler
son catalogue de fichiers en exclusivité (« Il n'y a pas de nouveaux fichiers
»), mais de développer des offres commerciales et des services autour de son
offre et de celle accessible sur le marché.
Selector, base de données et outil de médiaplanning
Services à l'image de celui
qu'apporte Selector, méthode créée il y a quatre ans, conjugant travail
"manuel" de veille et traitement logiciel. L'objectif étant de recenser de
manière exhaustive l'offre existante sur le marché afin de proposer un outil de
médiaplanning exhaustif. Une base de données répertoriant quelque 1 300
fichiers actifs.
« Nous proposons
cet outil à nos clients afin d'optimiser la prestation de conseil, sans
facturation supplémentaire. Le commercialiser, ce serait prendre le risque de
voir nos clients se couper de nous », affirme Annie Phelippon, directrice de
clientèle chez Koba. Autre type d'outil, celui lancé par le producteur DPV en
novembre 2001. Un site dédié au traitement des adresses en ligne,
e-adressesnet.com. <>
« Il s'agit du seul
site proposant des prestations de déduplication et de traitement Charade
(fichier NPAI de La Poste, ndlr) », avance Patrick Visier, son président. Le
service est plus spécifiquement conçu pour les petites quantités, moins de 100
000 adresses. L'objectif étant de proposer aux PME, aux annonceurs menant des
actions sporadiques ou à faibles volumes, un minimum de facturation deux à
trois fois moins élevé que ce qu'il est en off line : soit entre 150 et 230
euros contre 450 à 530 euros. Autre intérêt pour les utilisateurs : la
rapidité. Une opération de traitement sur 10 000 adresses prendra moins d'une
demi-heure, affirme-t-on chez DPV. Pour le reste, le tarif, calculé au prorata
du volume traité, est identique à celui du marché. « Il est même un peu
supérieur pour les entreprises qui souhaiteraient travailler sur de plus gros
volumes. Je ne veux pas casser les prix du marché. Je veux d'une part, réaliser
pour ma société une recette annexe, d'autre part, ouvrir le marketing direct à
des entreprises jusqu'alors freinées par le ticket d'entrée », précise Patrick
Visier. De manière générale, le prix unitaire de l'adresse B to C n'a pas
évolué. « Peut-être une petite hausse avec le passage à l'euro », signale Annie
Phelippon. Le coût standard d'une adresse physique étant de 0,15 euro. Pour une
adresse comprenant à la fois des données courrier, e-mail, téléphone et fax, il
faudra débourser 0,60 euro. Les critères de segmentation seront proposés à
partir de 0,04 euro pour les données socio-démographiques, jusqu'à 0,50 euro
pour les discriminants comportementaux les plus pointus, relatifs notamment à
l'intention d'achat. Quant aux courtiers, ils bénéficient de commissions de
l'ordre de 15-20 % et de 30 % pour les fichiers en exclusivité. « Certains
courtiers ont pris des exclusivités sur lesquelles ils ont abaissé la marge à
20, voire 15 %, ce qui déprécie le marché », regrette Annie Phelippon. La
profession des courtiers ayant opté pour une rémunération sur la commission, le
conseil est considéré comme gratuit. « Un certain nombre de courtiers sont déjà
prêts à rétrocéder une partie de leur commission à l'annonceur. Pas la peine, à
ce compte-là, d'envisager d'imposer la facturation du conseil. Ce qui serait
pourtant une bonne chose », affirme un broker.