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Développement des échanges et des partenariats
Effet
direct de la maturité du marché et de l'usure des sources en circulation, les
annonceurs cherchent de plus en plus à se rapprocher de propriétaires afin de
nouer des partenariats.
« Les
professionnels sur ce marché des fichiers sont là depuis des années et
disposent aujourd'hui de gros carnets d'adresses. Les annonceurs le savent et
nous sollicitent de plus en plus pour aider à la création d'accords », remarque
Chantal Dutheil. Le développement accru de l'échange, que constatent l'ensemble
des professionnels, constitue une menace directe pour les courtiers. Du moins
pour ceux qui n'auraient pas tissé avec les propriétaires de liens privilégiés.
Ainsi, les diffuseurs sous contrat d'exclusivité conservent leurs prérogatives,
échange ou pas. D'autres intermédiaires interviennent dans l'échange en
monnayant leur prestation : gestion des balances, travail sur la négociation,
traitement des retours... De quoi s'assurer de la marge. « Nous facturons en
frais d'honoraires au mille, comme on le fait lors de prestations plus
"classiques" », lâche ce courtier. Bref, pour s'approcher, deux propriétaires
ont souvent besoin d'intermédiaires. Et cela se paie. D interactive, qui
annonce un chiffre d'affaires fichiers de 4,5 millions d'euros, a accusé une
légère baisse de son activité en 2001. Et pourtant, la marge de la société
serait restée la même qu'en 2000, justement grâce à ce jeu des échanges. Une
démarche commerciale qui permettrait de combler le manque à gagner imputable à
la frilosité des annonceurs en matière de tests. « Même quand on leur propose
de nouveaux petits fichiers, les entreprises sont de plus en plus réticentes à
tester. Certaines vont jusqu'à demander des assurances sur les taux de
remontée. Or, nous sommes tenus à une obligation de moyens, pas de résultats »,
souligne Joëlle Guillet.
La vraie-fausse perspective du multimédia
Les courtiers pourront-ils trouver un tremplin avec
l'émergence des nouveaux médias et supports de contacts ? Cette fameuse
dimension multimédia qui anime tout le discours ambiant des stratèges de la
relation client aurait-elle trouvé un écho jusque dans le monde du fichier ?
Qu'en est-il, par exemple, des opérations conjugant adresse physique et adresse
postale ? Une bonne idée, mais, reconnaît-on un peu partout, la demande est
inexistante. Et pas seulement pour des motifs de coût, car, dans un package
adresse physiqueadresse postale, la source électronique est bien souvent
bradée. « Le marché de l'adresse e-mail est encore trop jeune », avance en
guise d'explication Ouriel Ohayon, directeur marketing de Ludopia Interactive,
fournisseur d'une base d'adresses électroniques qualifiées. Cette société
réalise la plus grande partie de son chiffre d'affaires avec les données
e-mails. Suivent le postal et le SMS. Mais les demandes plurielles sont
ultra-marginales. Un bémol du côté de Médiaprisme, où l'on affirme que le
couplage adresse physique/adresse e-mail fonctionne bien, à la seule condition
que l'adresse postale soit maîtrisée et qu'elle comporte des données
comportementales. En gros, dans le succès du couplage, c'est la donnée physique
qui fait levier. On prête souvent à l'adresse d'internaute une vertu
comportementale. Comme si le fait d'avoir accès à Internet était en soi une
donnée comportementale. Outre la légèreté d'une telle conclusion, la qualité
des fichiers d'adresses physiques d'internautes est souvent douteuse : ces
derniers se montrant parfois assez fantaisistes quand il s'agit d'inscrire des
données de ce type on line. Qu'en est-il des données téléphoniques ? « Jusqu'à
présent, en B to C, on ne louait pas d'adresses avec téléphone. Les
propriétaires s'y refusaient. C'est un tabou qui est en train de tomber. A
condition que l'on fasse valider le script d'appels avant opération de phoning.
Aujourd'hui, le numéro de téléphone se loue souvent seul, autour de 0,12 à 0,15
euro », affirme Stéphane Barthélémy. Le SMS ne semble pas avoir connu de tabou.
Alors qu'en termes de volume de messages envoyés, le marché du short message
explose littéralement, il est intéressant de noter que les dernières décisions
arrêtées par Bruxelles soumettent les fichiers de numéros de téléphone mobile
aux mêmes règles que les sources d'adresses e-mails. L'opt-in fait donc son
apparition légale dans le SMS. Or, aujourd'hui, parmi l'offre en circulation,
nul ne sait quelles sont les données opt-in, les données relevant du permission
marketing et les données opt-out. A noter également : il est plus facile de
spammer les téléphones mobiles que les adresses e-mails (par constitution, en
aléatoire, de bases de numéros). En revanche, le routage coûte plus cher. Quant
aux actions intégrant le média télévision interactive, on attendra.
« En 2000 et en
2001, strictement aucune campagne via TVI n'a été menée. Pour trouver la trace
d'une action, il faut remonter à 1999 », précise Yann le Roux, directeur
général de Média Contacts, agence conseil en marketing interactif au sein de
MPG, la branche médias du groupe Havas. Le marché des fichiers B to C se
développe bien davantage par la technicité, le travail sur la matière première,
la création de services, que par un apport significatif d'offres nouvelles. La
technologie joue et jouera ici un rôle toujours plus déterminant. « Le marché
de l'adresse est un marché assez traditionnel qui évolue, mais pas tant dans
l'offre-même que dans la manière de la travailler. Nous ne sommes plus des
courtiers, mais des techniciens de l'adresse. Et nous en sommes aux prémisses.
», déclare Frédérique Agnès.