Le "B to P", hybride du B to B et du B to C
En matière d'e-adresses, la frontière entre les données professionnelles et les données privées est des plus ténues. Consodata, qui comme ses homologues s'intéresse au marché des adresses e-mails d'entreprises, a choisi son camp : le "business to professionnal".
À LIRE AUSSI
Les prestataires et fournisseurs de bases travaillent tous ou du moins
réfléchissent aux moyens de casser les frontières entre l'adresse postale et
l'e-adresse. D'abord parce que la seconde constitue en soi un marché potentiel
et donc supplémentaire. Ensuite parce que l'e-mail est un critère de poids
susceptible d'augmenter sensiblement la valeur d'une adresse postale. Enfin
parce que, lorsque le marché de l'e-adresse B to B existera de manière tangible
en France, il faudra bien lui offrir des outils de déduplication. Et en
l'occurrence, le meilleur outil qui soit est encore l'adresse postale. Chez
Reed Exposition France, 70 % des demandes formulées auprès du département
marketing direct concernent les fichiers d'adresses e-mails. Pour des besoins
fluctuants entre 5 000 et 10 000 adresses. « Certains clients nous demandent la
totalité de la base. Et beaucoup regrettent que l'offre ne soit pas plus
volumineuse », note Emmanuel Armand, responsable MD chez Reed. « Ce qui a
évolué, c'est la demande des entreprises en matière d'adresses e-mails,
confirme Valérie Papaud, directrice générale de Wanadoo Data. Pour notre part,
nous voulons pouvoir proposer à nos clients des données multimédia : adresses
postales, mais aussi numéros de téléphone, adresses e-mails, SMS. » Un constat
et une ambition communs à la plupart des acteurs qui entendent compter sur ce
marché. Mais la dimension multicanal, si elle constitue l'une, si ce n'est la
principale perspective de développement de ce marché du B to B, conserve un
certain nombre d'inconnues. « Le marché est encore balbutiant. Ce que nous
saurons bientôt quant au couplage adresse postale/adresse e-mail, c'est si un
plus un égale deux, ou bien 1,8, ou plutôt 2,2. Ce sera déterminant pour la
construction de nos offres et la définition des grilles tarifaires », affirme
David Guillot de Suduiraut, directeur général de Consodata. Les premiers tests
en matière de couplage ont été lancés chez Consodata en mai dernier. La mesure
étant plus lente pour le courrier, il faudra vraisemblablement attendre
septembre ou octobre pour avoir quelques indications significatives quant au
niveau de pertinence de ces packages. « Quoi qu'il en soit, notre objectif est
bien là : apporter le maximum de médias de communication à nos clients »,
insiste David Guillot.
Une aventure "plus longue et difficile" que prévu
Reed Exposition France constitue sans doute un bon exemple
de ce que le marché des bases d'e-mails est capable. La filiale française de
l'éditeur de salons professionnels a lancé son activité de collecte des
adresses il y a un peu plus d'un an. L'année dernière, elle revendiquait 85 000
adresses. Aujourd'hui, la base atteint les 200 000 adresses. Et Reed vise les
100 000 adresses supplémentaires par an. « C'est plus long et plus difficile
qu'on ne le pensait, explique Emmanuel Armand. D'abord parce que les
internautes commencent à se méfier. Ensuite parce que les fichiers s'abîment
très vite. » Une perte qui avoisinerait les 20 % par an. Par ailleurs, il
s'avère difficile de faire le ménage dans un fichier d'adresses e-mails.
Contrairement à la donne postale, le NPAI n'est pas, et de loin, la seule cause
de non-aboutissement d'un message. « Il a été dénombré 27 causes d'échec dans
le routage d'un mail. Dans quatre cas seulement, la défection peut être imputée
à une invalidité de l'adresse », précise Emmanuel Armand. Dès lors, quelle
attitude adopter ? Faut-il miser sur l'overkill, avec le risque de supprimer de
bonnes adresses, ou l'underkill, avec celui de laisser des doublons ? Le mieux
n'est-il pas encore que les fournisseurs ou rediffuseurs ne facturent qu'au
mail abouti, justificatifs d'émission à l'appui ? C'est l'option retenue par
Reed Exposition France. Mais pas par l'ensemble des acteurs du marché. Mais
l'une des questions majeures - ô combien sensible - qui se pose lorsque l'on
évoque ce marché naissant des e-adresses est celle de l'opt-in. « Ce qui est
sûr, c'est que le marché est complètement opaque », assène Laurent Déglos,
responsable commercial chez Snarx e-data. Sur le marché du B to B comme sur
celui du B to C, l'opt-in est loin d'avoir force de loi. Il s'agit d'ailleurs
bien souvent d'un opt-out déguisé. Ainsi, tel site proposera à l'internaute de
décocher une case s'il souhaite ne pas être contacté ultérieurement. Ce qui
induit que, par défaut, la case opt-in est pré-cochée. Tel autre site
conditionnera la visite à la délivrance de quelques informations personnelles.
Opt-in ou opt-in forcé ? Autre formule : on demande aux internautes s'abonnant
à un service de newsletter de mentionner leur(s) centre(s) d'intérêt et on leur
envoie des messages publicitaires sans grand rapport avec les sphères
déclarées. En fait, l'opt-in est pris en compte comme une règle moins
impérieuse pour le B to B que pour le B to C, puisque l'on considère que le
spamming est moins préjudiciable sur le lieu de travail que sur une boîte
personnelle. « Il n'existe pas aujourd'hui de fichiers B to B opt-in constitués
qui soient significatifs en termes de volume. Tout le monde le sait », lance
Emmanuel Armand. Un avis largement partagé par l'ensemble des professionnels.
Au sein de la filiale du leader mondial dans l'organisation de salons
professionnels, on a le mérite de ne pas faire dans la forfanterie : « Notre
base repose en grande partie sur de l'opt-out à collecte légale », déclare le
responsable MD. Dans la pratique, Reed propose aux visiteurs présents sur ses
60 salons de remplir une fiche de renseignement mentionnant les données légales
de la Cnil. Mais l'organisateur d'événements professionnels commence à se
lancer dans la constitution de données opt-in. Ce, via l'ouverture en mars
dernier d'un site dédié à la collecte, reedoptin.com, accessible par liens
directs depuis les 60 sites correspondants aux 60 salons de Reed Exposition. A
côté des fournisseurs "classiques" de bases qui se lancent dans la constitution
de données électroniques, on voit émerger une nouvelle technique de
prospection, plus indirecte, des internautes. La prospection par location en
sponsoring de médias on line. Lancée en avril, silicon.fr est la déclinaison
française de silicon.com, site britannique ouvert aujourd'hui depuis quatre ans
(4 millions de pages vues, 170 000 abonnés à la newsletter) et qui se veut une
web TV B to B gratuite axée sur le monde des nouvelles technologies et le
business : infos sous forme d'articles, mais aussi de rendez-vous audiovisuels
quotidiens. La société emploie à Paris une quarantaine de personnes, dont une
équipe de journalistes. Sa cible commerciale : les directeurs et responsables
informatique et les décideurs au sein des directions fonctionnelles. Un mois et
demi après son ouverture, silicon.fr comptait déjà 63 000 abonnés dont 52 000 à
sa newsletter quotidienne. Etonnant. Pas tant que ça, explique Catherine
Headley, directrice commerciale : « Nous avions préparé le terrain avec des
actions de phoning auprès des entreprises françaises. » Pour s'abonner au site,
les internautes doivent remplir un questionnaire assez succinct : nom, prénom,
raison sociale, adresse et taille de l'entreprise, secteur d'activité, fonction
exercée dans l'entreprise.
Des fichiers utilisés principalement "en aveugle"
Comment silicon.fr utilise cette base ? Avec,
semble-t-il, un certain souci du contrôle sur les données abonnés. La seule
cession de fichiers auprès de tiers concerne les adresses postales. Mais
celles-ci sont louées pour des mailings "en aveugle", c'est-à-dire pour une
utilisation unique et sous la seule maîtrise du propriétaire. Autrement dit,
les fichiers ne sortent pas de chez Silicon.fr. Pourquoi ne pas adopter
davantage de souplesse dans la commercialisation ? « Nous sommes avant tout un
groupe de presse, l'activité fichiers n'est pas centrale pour nous », explique
Catherine Headley. Centrale, l'exploitation de la base d'abonnés et du
potentiel de visiteurs l'est en revanche. Site gratuit pour les internautes,
silicon.fr vit par la publicité. Une publicité ciblée - du moins en grande
partie - dans la mesure où elle est orchestrée sur les segments définis à
partir de la fiche d'identité remplie par les abonnés dès lors qu'ils
s'inscrivent. Si silicon.fr ne loue pas à proprement parler ses adresses
e-mails, le site propose à des entreprises tierces de lancer des opérations de
communication vers cette base segmentée d'abonnés. Pour ce faire, plusieurs
options : la location en sponsoring de la newsletter, l'achat de bandeaux, la
diffusion de bannières-réponse. Pour les entreprises communicantes,
l'alternative ciblage/non ciblage existe. Les actions non ciblées utiliseront
les espaces génériques comme la home page. Les actions ciblées utiliseront soit
les pages développées à l'intérieur des 30 rubriques proposées par le site,
soit la newsletter. Même principe de location en sponsoring chez Net2One.com.
Créé il y a un an et demi, ce site propose des revues de presse quotidiennes.
Et dispose d'une base intéressante en termes de profondeur de renseignement
puisque les internautes qui s'inscrivent remplissent un questionnaire très
détaillé. Et, même s'il n'est pas obligatoire de remplir la totalité des
champs, les abonnés Net2One se prêtent au jeu dans leur grande majorité. La
base est donc riche d'une infinité de croisements possibles. La limite
demeurant celle de la couverture : Net2One compte aujourd'hui 430 000 abonnés,
pour un taux de résiliation assez faible, autour des 15 %. L'intérêt de la
formule repose entre autres sur son principe de compilation des informations
qui seront adressées aux abonnés : ceux-ci doivent en effet mentionner un ou
plusieurs mots-clés, qui serviront de critère de sélection des données pour le
moteur de recherche. Le socle de mots-clés ainsi constitué (50 000 aujourd'hui
déclarés) recèle de vraies richesses en termes comportementaux, a fortiori si
on le croise avec l'important volume de données déclarées par les internautes
lors de leur inscription. « Nous sommes sans doute le seul moteur de recherche
à travailler sur la base de mots-clés. Les autres vont fonctionner sur des
centres d'intérêts. Le mot-clé est nettement plus précis. Si France Télécom
voulait, par exemple, cibler une population très technique, ce serait possible
avec des mots-clés comme UMTS ou d'autres plus pointus encore », avance Marc
Sauerbrey, responsable marketing de Net2One. Et de fait, si le site compte 430
000 abonnés, il n'adresse "que" 150 000 mails par jour à des abonnés, preuve
que la majorité d'entre eux ont choisi des mots-clés trop pointus pour passer à
travers les filets d'un moteur de recherche qui balaie pourtant quotidiennement
26 000 sites d'information en ligne.
Comment départir les adresses professionnelles des adresses privées ?
Mais, au vu de ce que sont
les e-adresses dans leur écriture même, dans quelle mesure les entreprises
exploitant ces bases sont-elles assurées de cibler des professionnels plutôt
que des particuliers ? C'est l'une des limites de ce marché, tel qu'il existe
aujourd'hui. « L'adresse mail en soi aide à identifier la cible. Mais on ne
peut parler de méthodes exactes dans la mesure où nombre d'internautes
disposent aujourd'hui de plusieurs adresses », note Marc Sauerbrey. Qui plus
est, comme le rappelle Laurent Déglos, n'importe qui peut se référencer sur les
moteurs de recherche web comme entreprise : « Personne n'ira vérifier si son
numéro Siret est correct. Ni s'il s'agit d'un particulier ou d'une entreprise.
Et en France, il y a plus d'un million et demi d'entreprises individuelles dont
la raison sociale est le nom du propriétaire. » La base de Net2One, par
exemple, comporte des adresses postales. Mais rien ne garantit qu'il s'agisse
d'adresses professionnelles. Pour les annonceurs, le ciblage repose en fait sur
du comportemental déclaratif : « 60 % de nos abonnés déclarent avoir un usage
plutôt professionnel de la newsletter qu'ils reçoivent », précise Grégoire
Wable, responsable études et fidélisation de Net2One. Alors que le site est
clairement présenté comme un service B to C. L'approche choisie par Consodata
est intéressante en ce qu'elle est emblématique de cette hybridation B to B/B
to C. L'éditeur de mégabase comportementale a construit la légitimité de son
approche et de son offre autour des adresses de particuliers. Aujourd'hui, la
société s'intéresse clairement aux données professionnelles. Un glissement plus
qu'une diversification : « La frontière entre le monde du business et le monde
de la grande consommation disparaît peu à peu dans la sphère du on line »,
explique David Guillot de Suduiraut. Et, de fait, Consodata écarte la
désignation B to B et opte pour le "B to P", business to professionnal, afin de
mieux signifier que, dans l'e-mailing, la cible est moins un marché qu'une
personne. En l'occurrence une personne susceptible d'abstraire la frontière
entre la sphère du consumer et celle du business.
Consodata annonce 500 000 adresses pour novembre
On estime que les internautes en
France sont entre 10 et 12 millions (14,5 millions même, selon le dernier
baromètre Internet Européen Webgauge ISL/GfK). On sait que 95 % des grands
comptes et 75 % des PME sont équipés d'Internet. On sait par ailleurs que la
moitié des connexions internet se fait depuis le domicile et l'autre moitié
depuis le lieu de travail. Loin de s'en effrayer, Consodata rebondit sur ce
potentiel et sur cette mixtion B to C/B to B. Et veut faire des e-adresses B to
B une activité à part entière, annonçant entre 400 000 et 500 000 adresses
collectées dans les quatre à cinq prochains mois. « Plus que le volume, c'est
la couverture par secteur qui importe, nuance David Guillot de Suduiraut. Si
nous pouvons couvrir 40 % de la cible high-tech, ce sera bien. » Comment
Consodata envisage la collecte de ces nouvelles données ? « Nous disposons
déjà, avec notre base de 1,2 million d'adresses e-mails opt-in, d'un nombre
important de profils pertinents en B to P », estime Matthieu Violet,
responsable du marché e-business. Consodata entend également s'associer sept à
huit sites exclusivement B to B et négocier un accès à leur base. Mais, pour
alimenter et grossir la base, Consodata va tout simplement exploiter le
dispositif de collecte mis en oeuvre pour la constitution de sa base B to C.
Autrement dit, utiliser son réseau de sites partenaires (une cinquantaine
aujourd'hui) et ajouter au formulaire en ligne un espace dédié à la sphère
professionnelle. Pour composer le déroulé proposé dans la case "votre secteur
d'activité", Consodata a inversé la classification Insee en traduisant de
manière intelligible les codes NAF. Une fois que l'internaute a coché le bon
secteur d'activité, le moteur procède à une déclinaison dans l'autre sens afin
de rendre sa base compatible et déduplicable avec les données de l'Insee.
A e-adresses, e-collecte
Il est vraisemblablement plus
facile de glisser du B to C au B to B sur le on line que de passer du off line
au on line dans le B to B. Reed Exposition France en a récemment fait le
constat. L'organisateur d'événements professionnels a contacté 350 000
personnes de sa base, par fax, leur demandant si elles étaient intéressées par
ses salons et par le fait de recevoir des informations correspondant à leurs
centres d'intérêt. Une tentative de constitution de base opt-in qui s'est
soldée par un taux de retour très faible : 15 000 réponses seulement, soit une
remontée de 0,5 %. « Nous avons intégré ces 15 000 adresses à notre base de 200
000 adresses opt-out à collecte légale. Sans les différencier », précise
Emmanuel Armand. Consodata bénéficie ici de tous les avantages d'un dispositif
de collecte en fonctionnement et rodé. Fait intéressant, la société n'a pas
voulu, dans le champ de collecte on line désormais réservé à la sphère
professionnelle, demander aux internautes de mentionner leur adresse e-mail
professionnelle. Paradoxal dans une démarche de constitution et de
commercialisation d'une base B to B. « Nous nous sommes posé la question. Pour
conclure que c'était à l'internaute de choisir, sans s'en justifier, l'adresse
qu'il souhaitait nous laisser, qu'elle soit professionnelle ou privée », avance
Matthieu Violet. Comment, alors, faire la différence entre les adresses privées
et les professionnelles ? Car il faut bien la faire, même si la frontière est
des plus ténues. « Si l'on souhaite toucher les gens sur leur lieu de travail,
on peut déjà faire parler le corps des adresses et éliminer toutes les adresses
de substitution. On peut aussi écarter les adresses Wanadoo, qui ne concernent,
en B to B, que des sociétés monosalariales ou des TPE, en tous cas pas des
entreprises à fort potentiel de chiffre d'affaires », explique Matthieu Violet.
Autre possibilité pour Consodata, qui est rediffuseur des Pages Jaunes : le
croisement avec les données France Télécom. Les tarifs des données
commercialisées seront bien sûr fonction de leur mode de collecte, et des
données périphériques agrégées. Reed Exposition France loue des adresses
e-mails 1,50 F l'unité (avec un forfait frais fixes de 1 500 F). Consodata, qui
débute cette activité de commercialisation des e-adresses B to B, a choisi de
les louer au même prix que les B to C, soit 2,09 francs (frais techniques
compris). Normal, dans la mesure où la constitution de la base professionnelle
repose sur le dispositif déjà déployé pour la base consumer et ne génère donc
pas d'autre investissement. Le calcul est très différent en ce qui concerne les
sites proposant l'accès à leur base d'abonnés dans le cadre d'un sponsoring
d'e-mailing. Pour les différentes opportunités de contact proposées via la web
TV silicon.fr, divers tarifs : 600 francs au mille (un millier de pages vues)
pour la newsletter sans ciblage, 500 francs au mille pour l'achat d'un bandeau
non ciblé et 700 F pour un bandeau ciblé, 25 000 francs de location journalière
pour la présence d'une bannière-réponse sur la home page du site (avec une
garantie de 20 contacts générés via la bannière), 100 000 francs par mois pour
un bandeau, plus logo, plus bannière-réponse sur une page en rubrique (sans
garantie quant au taux de contacts générés). Bref, ça n'est pas donné. Car, si
l'on regarde les choses de près, la seule manière pour l'entreprise de
s'approprier une adresse, par-delà la simple communication (si "ciblée"
fut-elle), c'est de louer un emplacement pour une bannière-réponse, en invitant
ainsi les internautes à cliquer pour, éventuellement, inscrire leurs
coordonnées. Autrement dit, il faudra débourser 25 000 F pour une journée.
Imaginons que l'on n'obtienne pas plus d'inscriptions que la vingtaine garantie
par silicon.fr, le coût contact avec acquisition de l'adresse et des données
afférentes s'élèvera alors à 1 250 F. Certes, il s'agit là de l'hypothèse la
plus "coûteuse". Mais enfin, elle reste envisageable.
Le sponsoring de newsletters, séduisant mais très cher
Imaginons maintenant un
annonceur qui choisirait la formule mensuelle "ciblée", soit un investissement
de 100 000 F. Certes, il faut intégrer dans cette location le coût de la
visibilité auprès d'un segment de cible. Quant au coût du contact acquis, il
dépendra du nombre de réponses sur la bannière. Silicon revendique 550 000
pages vues au mois de juin, deux mois après l'ouverture. Soit 275 000 pages par
mois. A partir de là, toutes les hypothèses sont envisageables. Imaginons un
scénario optimiste : 10 % de taux de clics, soit 27 000. Puis encore 10 %
d'inscription, soit 2 700. Le coût contact acquis se montera à 37 F. Ce qui
reste cher. Net2One semble avoir opté pour un modèle tarifaire plus lisible. Le
site propose sur ses newsletters des bandeaux journaliers en one shot et des
plug-in à la semaine ou au mois. Et, là encore, les adresses ne sortent jamais
de chez Net2one. Grosso modo, le coût unitaire de l'adresse revient à 50
centimes pour les demandes standards (trois critères de segmentation) et 4 F
pour l'option "critères illimités". « L'activité fichier a un vrai potentiel.
Mais pour l'heure, elle est pour nous marginale en termes de génération de
chiffre d'affaires. Nous vivons principalement avec la location de notre
plate-forme technologique à des entreprises tierces comme Allo Ciné », souligne
Marc Sauerbrey. Chez Silicon.fr, où l'activité de sponsoring à partir d'une
exploitation des fichiers est en revanche centrale, on se refuse à avancer la
moindre information ou échéance quant à la rentabilité de la maison mère. Tout
au plus saura-t-on que la société britannique, qui existe depuis quatre ans, a
récemment levé 140 MF auprès de Bank of America. Sur sa nouvelle activité
d'e-adresses B to B, Consodata entend, de son côté, trouver rapidement
l'équilibre opérationnel. Et pour cause : les investissements initiaux sont
quasi nuls puisque la base reposera sur une mutualisation des outils et
techniques mis en oeuvre depuis plusieurs années et aujourd'hui rodés.