Gabe Zichermann décrypte les enjeux de la gamification
Les jeux font leur entrée dans les entreprises pour aider les marketeurs à mieux vendre leurs produits.
Je m'abonneGabe Zichermann, 37 ans, organise les Gamification Summits. Ces cycles de conférences réunissent des professionnels qui viennent présenter les applications du jeu dans la vie courante et le business. Gabe Zichermann conseille aussi des start-up, anime des ateliers et des conférences sur la gamification. Le blogueur est également coauteur des livres “Game-Based Marketing” et “Gamification by Design”.
En quoi consistent les Gamification Summits ?
Nous essayons de faciliter les échanges de bonnes pratiques en réunissant des personnalités brillantes qui partagent leurs connaissances. Vous pouvez visionner les vidéos de ces rencontres sur le site Gamification.co. Deux sommets ont déjà eu lieu aux États-Unis, l’un à San Fancisco, l’autre à New-York. Les deux rencontres ont été de vraies réussites : nous avons fait salle comble avec des intervenants issus du monde de l’entreprise, de l’université et de l’administration et il y avait beaucoup d’interventions très intéressantes. Nous espérons organiser un sommet en Europe l’année prochaine.
Vous affirmez que le divertissement fait vendre. Vous avez des exemples en tête ?
Le Monopoly de McDonald’s, qui est disponible dans leurs restaurants aux États-Unis et au Canada depuis dix ans, connaît un grand succès. Il y a aussi l’énorme réussite du jeu Jimmy Choo, où les femmes étaient en compétition pour trouver six paires de chaussures de sport Jimmy Choo "cachées" dans Londres. De même, l’impact des jeux en réalité alternée (alternate reality game ou ARG) comme Flynn Lives pour promouvoir la suite du film "Tron" : ce jeu avait réussi à faire descendre dans la rue des dizaines de milliers de joueurs pour trouver ce qui était arrivé à Kevin Flynn.
Les jeux connaissent déjà un immense succès aux États-Unis : trois des cinq programmes les plus populaires (télévision et jeux confondus) sont des "social games" sur Facebook, comme FarmVille. Pourquoi les gens sont-ils accros à ces jeux ?
D’une manière générale, les jeux procurent toute sorte de plaisirs aux gens : détente, sentiment d’accomplissement, maîtrise, lien social… Des jeux comme FarmVille sont conçus pour galvaniser notre besoin de reconnaissance et de liens sociaux. Les joueurs plébiscitent ce type de divertissement. La gamification tire beaucoup d’enseignements de ces jeux et les rend encore plus attirants avec les techniques des "social games".
Vous êtes convaincu que l’avenir du marketing passera par la gamification. Comment les marketeurs vont-ils utiliser ce ressort ?
Les marketeurs cherchent toujours à innover et à aller chercher les consommateurs, où qu’ils soient. Ils ont toujours essayé de rester en phase avec la génération des gameurs : dans le passé, ils ont déployé beaucoup d’efforts pour insérer des pubs dans les jeux, puis ils sont passés à leur fabrication pour promouvoir les marques (advergames). Ce qui est nouveau avec la gamification, c’est l’introduction des techniques des jeux à l’intérieur des entreprises et leur insertion dans les produits ou services.
D’après vous, les gens accordent plus d’importance à leur statut qu’à l’acquisition de récompenses matérielles. Est-ce un changement radical dans leur implication et leur fidélité à l’égard des marques ?
Nous avons toujours pressenti que les récompenses fondées sur l’argent avaient un impact limité sur l’implication et la fidélité des consommateurs à long terme. Mais jusqu’à présent, il n’était pas évident de présenter une alternative aux marketeurs, faute de temps et de budget. Actuellement, avec l’énorme succès des "social games", il est devenu plus facile de convaincre les directions marketing d’adopter la gamification et ses techniques.
Pour en savoir plus sur la gamification :
"Fun is the future : mastering gamification" - Intervention de Gabe Zichermann lors des Google Tech Talks - octobre 2010 (59mn22').
"Gamification is the new loyalty" - Intervention de Gabe Zichermann lors de la Social Media Conference à Copenhague - juin 2011 (44mn56').