Pour ou contre l'ouverture des magasins le dimanche?
Emmanuel Macron, ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique, est pour l'ouverture des magasins le dimanche
Selon un récent sondage Odoxa pour i>Télé et Le Parisien-Aujourd'hui en France, une très large majorité de Français (72 %) approuve la proposition du Medef consistant à ouvrir les commerces le dimanche. Une suggestion qui pourrait être reprise très prochainement par Bercy et le ministre de l'Économie, de l'industrie et du numérique, Emmanuel Macron, dans le cadre d'un projet de loi très attendu tant par ses partisans que par ses opposants.
Dans un entretien récemment accordé au quotidien économique "Les Échos", le 17 novembre 2014, le p-dg du groupe Fnac, Alexandre Bompard, annonce qu'il va écrire au gouvernement "pour que les magasins qui distribuent des biens culturels disposent d'une dérogation de plein droit. Amazon réalise 25% de son chiffre d'affaires le dimanche, explique-t-il. Je ne vois pas pourquoi le bricolage ou l'ameublement, qui ne subissent qu'à la marge la concurrence de l'e-commerce (3% à peine pour le bricolage), seraient autorisés à ouvrir le dimanche, et pas notre secteur. Ces ouvertures seraient accompagnées de vraies contreparties sociales pour les salariés." Aujourd'hui, hors zones d'intérêt touristique ou thermales (au nombre de 600) et 32 PUCE (périmètre urbain de consommation exceptionnelle), les grandes surfaces ont l'autorisation légale d'ouvrir (d'au moins 300 m2) cinq dimanches par an.
Autre partisan de l'ouverture le dimanche, le ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, Laurent Fabius. Selon lui, une telle mesure contribuerait à relancer le secteur du tourisme en France (7% de l'emploi). "Le touriste qui vient le dimanche et se présente devant un magasin fermé ne va pas revenir le jeudi, a déclaré Laurent Fabius sur RTL le 27 avril 2014. Pour les touristes, il faut qu'il y ait une ouverture (le dimanche), compensée, bien sûr, pour les salariés."
Anne Hidalgo, maire de Paris, se dit opposée à l'ouverture dominicale
La perspective d'une augmentation du nombre d'ouvertures dominicales possibles inquiète. Au Danemark, deux ans après l'adoption d'une loi autorisant l'ouverture le dimanche (le 1er octobre 2012) les petits magasins ont perdu du terrain, tandis que le travail à temps partiel et les enseignes low cost en ont gagné, souligne "La Croix", le 1er décembre 2014. "Dans beaucoup de communes, petites et grandes, nombre de boulangeries, d'épiceries, de magasins de vêtements ou d'électronique mettent la clé sous la porte. La concurrence est devenue trop rude face aux grandes structures qui, elles, peuvent se permettre d'embaucher du personnel."
Sceptique, pragmatique et attentiste, Bernard Morvan, président de la Fédération nationale de l'habillement, l'est assurément. "Le ministre de l'Économie souhaite assouplir les conditions d'ouverture des commerces le dimanche. Mais cette mesure, si elle est décidée sans concertation, risque d'entraîner la mort des magasins indépendants de centre-ville" explique-t-il dans une tribune récemment publiée dans "Les Échos", le 20 octobre 2014. "Est-ce vraiment la volonté politique actuelle de faire définitivement disparaître le commerce indépendant de centre-ville au détriment de l'emploi et du lien social qu'il sous-tend? Aucune étude claire n'a démontré que l'ouverture des magasins le dimanche permettait de relancer la consommation ", affirmait pour sa part, il y a quelques mois, Benoît Hamon, alors ministre délégué à la... Consommation.
Autre farouche opposante à la future réforme actuellement dans les cartons de Bercy: le maire de Paris, Anne Hidalgo, a-t-elle affirmé sur RTL le 18 novembre 2014. L'édile indique qu'elle ne permettra pas l'ouverture le dimanche des enseignes alimentaires et de grande distribution. "Parce que là, ce serait la mort du petit commerce en centre-ville. Or, c'est un élément majeur de la dynamique économique et de l'attractivité d'une capitale."
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