Sitôt examinée par les députés de l'Assemblée Nationale, la LEN met le feu aux poudres dans le petit monde des intermédiaires techniques de l'Internet (FAI et hébergeurs). Qui s'insurgent contre certains amendements apportés au texte lors de sa seconde lecture. En cause : le caractère "liberticide" de ces dispositions. « C'est l'Internet tel que nous le connaissons dans tous les pays démocratiques qui est remis en cause », alerte le président de Tiscali, Rafi Kouyoumdjian, tandis qu'au sein de l'AFA (Association des fournisseurs d'accès à Internet), le ton s'enflamme. On craint certaines dérives induites par les nouvelles dispositions qui, au prétexte d'enrayer la diffusion d'une certaine catégorie de contenus illicites (pédophilie, incitations à la haine raciale, révisionnistes et négationnistes), obligeraient les FAI à exercer un contrôle "a priori" de tous les contenus. C'est-à-dire de les examiner avant leur diffusion sur le réseau, alors qu'aujourd'hui ce contrôle se fait a posteriori. Derrière cette nuance sémantique, c'est la fatale dérive vers un Internet censuré qu'ils entrevoient et dénoncent. La menace d'un Internet "à la Chinoise" plane sur l'Hexagone : « Si le texte n'est pas modifié par le Sénat, nous supprimerons tous les contenus personnels », ont indiqué, unanimes, les membres de l'AFA.