Japon : pénurie d'électricité, une aubaine ?
Avec des réacteurs nucléaires en partie stoppés, le Japon doit réduire sa consommation électrique. Beaucoup de secteurs souffrent de cette pénurie mais certains en profitent.
Je m'abonneLe gouvernement nippon s'apprête à publier des objectifs chiffrés concernant des économies de courant pour particuliers et entreprises, afin de faire face aux pics de consommation estivaux. S'il faut logiquement s'attendre à une accélération d'implantation de systèmes solaires ou d'éoliennes, l'impératif de moins recourir au courant dope déjà les ventes de produits dits "sho-ene" (peu d'énergie), comme les ampoules à diodes électroluminescentes (LED), dont le prix a chuté de 65% en deux ans. On observe aussi l'arrivée sur le marché d'appareils électroniques, électroménagers et informatiques étonnants, comme des téléviseurs Toshiba dotés d'une batterie qui permet un fonctionnement autonome pendant trois heures.
Quant aux publicités des temples de l'électronique et de l'électroménager, tel Bic Camera, déjà enclins à jouer sur l'argument d'une consommation d'énergie plus raisonnable, ils accentuent leurs campagnes. Le terme "setsuden" (usage modéré de courant) est désormais entonné à qui mieux mieux.
Les fabricants de climatiseurs domestiques, l'un des équipements des foyers japonais les plus dévoreurs d'électricité, mais dont il est difficile de se passer en été, vont assurément présenter dans les toutes prochaines semaines des modèles aux vertus écologiques renforcées. Ils exigeront peut-être aussi la réactivation d'un dispositif de ristournes sur les appareils les plus économes. Les professionnels du textile proposent quant à eux de nouveaux vêtements antitranspiration et antiodeur (Uniqlo), suivant la mode nationale "cool biz" (travailler en tenue légère) diligentée par les pouvoirs publics.
Même les automates de vente sont sommés de supporter la chaleur : les groupes de boissons Coca-Cola Japon et Suntory ne réfrigéreront pas cet été une partie de leurs distributeurs installés dans les rues et les lieux publics, répondant ainsi au gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara, qui reproche à ces machines d'être trop gourmandes et inutiles.