Open innovation: l'idée au coeur de l'entreprise

Les "Intrapreneurs" sont-ils l'avenir de l'innovation en entreprise? Cette tendance visant à donner la parole à tout salarié ayant une idée, quelle que soit sa fonction, pour faire émerger des concepts disruptifs est, en tout cas, bien réelle dans les sociétés. Mais la créativité a souvent besoin de se nourrir d'autres inspirations. L'ère de l'open innovation bat son plein sous différentes formes. Mélanger, confronter les idées, privilégier l'agilité, en interne ou en externe, telle est la mission des directeurs de l'innovation, architectes de cette nouvelle "Tour de Babel" créative. Faire émerger l'innovation en entreprise est un enjeu de taille qui permet de s'imposer face à la concurrence.

Des talents à foison

"Beaucoup de nos clients font appel à des communautés externes de créatifs via des plateformes de mise en relation, telle que Eyeka, pour faire émerger des idées. Cela peut prendre la forme de concours et permet de bénéficier d'une approche innovante via une communauté très large (jusqu'à 200 000 personnes) et une mixité de profils très forte qui va bien au-delà de l'entreprise", souligne Sébastien Ropartz, associé en charge de Deloitte Digital. Cette approche dépasse totalement les frontières et les capacités internes de l'entreprise. Cet écosystème innovant accueille également des plateformes d'incubateurs (type École 42) ou Ackathon qui ouvrent des challenges à des étudiants. À l'instar du groupe Amaury, qui a lancé un incubateur dans le domaine des médias et du sport sous la forme de jeux-concours auprès d'entrepreneurs locaux. Ce sera au directeur marketing de sélectionner le projet le plus novateur. La finalité est d'aider des start-up à émerger et à se faire connaître.

Apparaissent également des Fab Lab qui, sous forme d'entrepreneuriat local, créent debout en bout un service dans des laboratoires. "Cela donne des moyens d'aller très vite dans l'innovation. Le principe consiste à mobiliser les forces vives de l'entreprise autour d'une thématique donnée, tester un produit ou un service par exemple, de l'idée à sa mise en production en quelques mois. Tous les collaborateurs sont dans un même lieu pendant une période donnée", témoigne ainsi Arnaud Bouchard, vice-président practice custumer expérience de Capgemini Consulting. Reste à réussir l'exécution au sein même de l'entreprise.

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Pas de réussite sans vision

"La vertu de toutes ces démarches d'open innovation est de faire se rencontrer un monde extérieur très différent de l'entreprise et des forces vives internes. Le Graal est de mixer ces deux mondes", précise Sébastien Ropartz. Au directeur de l'innovation de catalyser, rassembler, conduire les équipes à se rassembler. "L'innovation est principalement une question de management et de leadership, directement liée à la présence dans les entreprises de meneurs, soit très orientés sur l'innovation, soit, au contraire, préoccupés uniquement par les aspects opérationnels de leur organisation, quitte à perdre de vue l'objectif de l'innovation", explique Jean-Philippe Deschamps, professeur en management de la technologie et de l'innovation à l'IMD Lausanne.

Un contexte également évoqué par Arnaud Bouchard, vice-président practice customer expérience de Capgemini Consulting: "Le plus compliqué est de définir les objectifs de l'innovation pour ensuite embarquer les équipes en interne. Et cela va bien au-delà de la direction marketing. Quand on n'a plus les moyens de se renouveler en interne, on fait appel à des compétences extérieures. Ce sont de forts accélérateurs, à condition que la vision et l'ambition soient très claires pour embarquer l'écosystème." Et le consultant de rappeler quelques règles de base: "Une innovation agile doit savoir harmoniser la tête (la vision), le corps (la culture), les jambes (les compétences) et doser les interventions à chaque étape du processus sans changer l'équipe qui reste la même de A à Z de la mission. Il ne faut jamais extraire un profil en cours de route, ce qui garantit la continuité des réflexions apportées."

En parallèle, l'ouverture d'esprit fait également partie du succès de la démarche. "Il convient d'adopter une posture d'humilité et être capable d'apprendre d'autres secteurs pour partir sur des terrains de jeux inconnus", précise Sébastien Ropartz. La clé, c'est la pertinence du mode de fonctionnement pour faire émerger une innovation. "Ce n'est pas au service marketing seul de s'attribuer une idée", conclut Arnaud Bouchard.

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Comment l'innovation est-elle traitée en entreprise?

L'innovation est omniprésente dans les entreprises, à la fois dans la communication et dans la transmission des valeurs. Dans un univers toujours plus concurrentiel, l'innovation permet de gagner des parts de marché. Elle concerne les produits, les services mais aussi dessine un nouveau modèle d'entreprise. Pour que l'innovation fonctionne, elle doit être intégrée globalement et pas seulement dans les départements R?&?D ou marketing. Il faut donc penser les organisations et le management différemment. Intégrer l'innovation, c'est un nouveau modèle de pensée et surtout elle doit être portée par les dirigeants. C'est une mutation culturelle qui doit se faire à tous les étages.

Quelles sont les tendances qui se dessinent?

Toutes les entreprises tendent vers des organisations de type BIG de Pernod-Ricard (il s'agit d'une cellule indépendante), mais il y a encore beaucoup de freins au changement. Être en mode électron libre, c'est avoir une indépendance intellectuelle enrichissante mais en même temps, il ne faut pas se couper des autres services. C'est toute la difficulté. Les directions RH ont un rôle très important à jouer. En effet, l'innovation passe par la convergence de compétences, l'intégration de profils différents, des méthodes plus collaboratives. On peut pluger une structure, monter un département, mais ce qui compte c'est d'avoir une approche visionnaire, insufflée par la direction.

En France, l'innovation est-elle à la traîne?

S'orienter vers l'innovation, c'est prendre un risque et éventuellement accepter l'échec. Et se construire sur un échec, c'est davantage dans la culture anglo-saxonne. C'est moins dans la culture française. Pour cela, il faut un esprit entrepreneurial. Mais ne pas prendre ce risque, c'est tuer son entreprise.

Quels sont les talents à privilégier?

Ceux qui ont une vision prospective de leur métier. Au-delà du savoir-faire, il faut pouvoir intégrer les évolutions du monde extérieur et pouvoir imaginer son métier dans dix ans.

Pour aller plus loin:
Mettre en scène les nouveautés en magasin

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