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Les initiatives les plus folles en matière de data

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Longtemps, la marque a été le principal actif immatériel des entreprises. Désormais, la data est en train de la supplanter. Démonstration et opportunités au travers de six repérages.

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L'inconnue des early adopters

Tout chef d'entreprise sait que l'innovation est clé et que les premiers acheteurs - les fameux early adopters - sont de potentiels ambassadeurs prosélytes du nouveau produit ou service. Comment se fait-il alors qu'ils soient aussi peu identifiés et profilés dans les databases et autres CRM des entreprises? Cumulez le chinois WeChat (600 millions d'utilisateurs), les américains Messenger et WhatsApp (1 milliard chacun) et le russe Telegram (100 millions) et vous obtenez pratiquement 3 ­milliards de consommateurs actifs, soit autant de datas à exploiter, à l'insu de leur plein gré mais pour leur bien-être social et économique (on croise les doigts). Là encore, au sein de ces monstrueuses databanks que sont ces services de messagerie, très peu d'informations utiles et concrètes sur les early adopters - on sait tout juste qu'ils représentent entre 5 et 10% des clients - et leurs comportements! Paradoxe de cette ère de la transparence.

Pensez à qualifier ces consommateurs pas comme les autres car ils aiment plus particulièrement vos marques - à défaut d'être totalement fidèles - et ont envie de jouer avec vous pour inventer de nouvelles offres.

La data collée à la peau

Après son BioStamp Research Connect, l'entreprise de santé MC10, spécialisée dans les dispositifs technologiques portés sur le corps, propose le WiSP (Wearable Interactive Stamp Platform), une sorte de seconde peau intelligente et connectée. Prenant la forme d'un tatouage éphémère, le WiSP dispose d'une connexion NFC et envoie les données des patients directement sur le cloud. Jusqu'alors destiné à des fins médicales comme la surveillance cardiaque, ce produit semble avoir de l'avenir dans d'autres secteurs. MC10 a en effet établi un partenariat avec PCH, fournisseur de solutions de produits personnalisés, pour ouvrir leurs dispositifs portables ultrafins au développement d'applications NFC. Portés comme des tatouages jetables, ces dispositifs sont illisibles lorsque retirés. Quand elle est jumelée à un smartphone, une tablette ou un dispositif lecteur de NFC, la plateforme WiSP offre une variété d'applications: paiement sans contact, expérience inter­active... Les marques sont alors en mesure d'approfondir leur connaissance clients grâce aux nombreuses interactions qu'elles pourront avoir avec eux. Ce patch intelligent a déjà conquis L'Oréal, qui a lancé cette année My UV Patch, un capteur électronique flexible d'analyse du rayonnement UV sur la peau.

Pensez à piocher dans d'autres secteurs, peut-être plus innovants en termes de data, pour apporter à vos clients une offre disruptive encore jamais vue. Et n'oubliez jamais que votre métier se justifiera dans le traitement et l'analyse des données!

Votre propriétaire is watching you

Si nous trouvons normal que les employeurs vérifient les profils de leurs candidats sur les réseaux sociaux, peut-on transposer cette habitude à d'autres cas de figure? La start up britannique Score Assured offre la possibilité aux propriétaires immobiliers de mesurer la fiabilité des locataires, en analysant leurs données Facebook, Twitter, LinkedIn, Instagram et autres comptes en ligne. Pour cela, elle a développé un site web baptisé Tenant Assured, auprès duquel les candidats à la location ­ s'inscrivent et se soumettent à une enquête poussée sur leur vie numérique. Le logiciel de la start-up recherche alors sur le Net tout type de publications les concernant. Pour établir son diagnostic, Score Tenant se base essentiellement sur les publications qui peuvent donner une idée sur le profil des locataires: font-ils la fête, sont-ils fumeurs, ont-ils des animaux de compagnie ou semblent-ils financièrement responsables... À la fin de l'analyse, Score Tenant remet un dossier complet au propriétaire, agrémenté d'une "note de risque". Raisonnables ou non, ces problématiques tendent à dépasser le cadre de la location immobilière. Score Assured propose d'ailleurs de rassurer les parents sur le profil de la babysitter qu'ils emploient...

Pensez à assurer sur l'utilisation des données de vos clients. Beaucoup associent big data et Big Brother. Et surtout, pensez, en échange de ces datas sensibles, à offrir un bonus. N'oubliez pas non plus peut-être de créer un poste de CDDO [chief data destruction officer] qui s'engagera sur la bonne destruction des datas si le client le souhaite.

Le pouls de Boston

Selon un rapport de What Works Cities publié en mars dernier, 70% des villes ­ américaines de taille moyenne se seraient engagées à utiliser le big data pour optimiser leur gestion, alors que seulement 28% d'entre elles ajusteraient véritablement les programmes municipaux selon l'analyse des ­ données collectées, ce que fait Boston. Dès février 2015 en effet, Boston utilisait la data, en partenariat avec Waze, pour répondre efficacement à ­ l'encombrement du trafic automobile. Pionnière parmi les smart cities américaines, la ville crée, en 2016, le "Boston city score" , un indicateur de performance permettant à tous de suivre au quotidien l'état de fonctionnement de la ville. Ce programme s'appuie sur l'agrégation de données publiques issues des différents départements de la municipalité. Grâce à cet indicateur, les membres de l'équipe municipale peuvent identifier rapidement quels sont les ­ éléments dysfonctionnels à la journée, à la semaine, au mois ou au trimestre, et prendre des décisions pour les corriger.

Pensez à utiliser le big data en interne. Membres de comité de direction et RH, utilisez-le pour mobiliser encore mieux vos équipes et les sensibiliser ainsi à de nouveaux enjeux: contribution au bien-être collectif, participation à des démarches d'innovation...

Journal intime du futur

Le designer new-yorkais Nicholas Feltron a eu le projet fou de transposer dix ans de sa vie en données, et rien ne lui a échappé: sommeil, alimentation, poids, déplacements, activités sportives, finances, lectures, sorties et même conversations ou SMS échangés... De 2005 à 2015, il a ainsi pris soin de renseigner tous ces éléments, dans un premier temps à la main sur un cahier, puis de manière plus ­ automatisée grâce à l'avènement des objets connectés. Nicholas Feltron modélisait ensuite ces données récoltées en infographies et publiait un "Feltron report" par an. L'objectif de ce projet expérimental était tout à fait personnel pour le designer: se connaître davantage, analyser sa vie et mieux la comprendre. Rien d'étonnant à ce que Nicholas Feltron ait petit à petit changé positivement son comportement.

Pensez à l'aspect pédago de toute démarche big data. L'initiative de Nicholas Feltron s'apparente au "quantified self" , mouvement qui implique de se mesurer en continu grâce aux nouvelles technologies pour tenter de s'améliorer. Il y a dix ans, cette tendance n'en était qu'à son balbutiement, les "Feltron reports" représentaient alors une oeuvre avant-gardiste, qui posaient des questions sur le contrôle et l'importance des données ­ personnelles que nous produisons sans forcément le savoir, ainsi que sur l'intimité.

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