Ne ratez pas le train de la révolution collaborative
La confiance avant toute chose
De nombreuses start-up se sont lancées dans l'aventure avec plus ou moins de succès. " Nous sommes partis d'un besoin des Français qui consiste à sous-louer leur appartement lorsqu'ils ne sont pas là. Des millions de nuits sont ainsi perdues chaque soir dans des logements vacants ", explique François de Landes de Saint Palais, cofondateur, avec Julien Delon, fin 2011, du site Sejourning. Il précise que lorsque les deux amis ont lancé le projet, en 2009, " Airbnb n'était pas encore connu en France, pays où la notion d'appropriation est plus forte que dans les pays anglo-saxons ".
Sejourning compte aujourd'hui 50 000 utilisateurs et il est presque rentable ! " Nous misons sur la confiance et nous faisons tout pour que nos outils - site, plateforme communautaire... - poussent loueurs et locataires à échanger et même à se rencontrer, insiste François de Landes de Saint Palais. Ne pouvant attaquer l'international de front, nous avons décidé de miser sur la diversification. " Fidèle à sa stratégie affinitaire, après deux levées de fonds, la start-up a lancé, mi-2013, en association avec Mygaytrip, la plateforme MisterBnb, dédiée à la communauté gay. " Les personnes qui voyagent aiment aller chez des gens qui leur ressemblent ", note François de Landes de Saint Palais. Moins d'un an après son lancement, MisterBnb propose des appartements à Paris, New York, Barcelone, San Francisco et Berlin à plus de 30 000 utilisateurs. " MisterBnb se développe quatre fois plus vite que Sejourning, ajoute François de Landes de Saint Palais. Il mise fortement sur le bouche à oreille (soirées, partenariat avec le magazine Têtu...). Autre diversification pour Sejourning (qui s'est doté d'une holding, Appartlib) : DogVacances, une plateforme mettant en relation des "petsitters" et des personnes qui ne veulent pas abandonner leur chien ou leur chat quand elles partent en vacances. Il s'agit d'une niche prometteuse : un Français sur deux a un animal domestique ! L'objectif est d'avoir 100 000 "petsitters" d'ici six mois. Par la suite, pourquoi ne pas proposer (moins cher) un appartement avec un chien à garder pendant les vacances ?
Des projets infinis
Les projets semblent infinis. Certes, des start-up collaboratives vont survivre, d'autres disparaître. " On est dans une ère passionnante ", reprend Isabelle Milgrom, pour qui " ce nouveau système ne va pas remplacer la consommation classique mais pose cependant aux marques la question de leur mission ". Première attitude des entreprises concurrencées par ces nouveaux modèles : la SNCF a racheté le site de covoiturage 123envoiture et créé une plateforme. L'éditeur américain Condé Nast (Vanity Fair, Glamour, Vogue) a pris une participation dans VestiaireCollective.com, vide-dressing haut de gamme... Mais " comment partager un déodorant ? ", demande Isabelle Milgrom. Comment les marques traditionnelles vont-elles s'adapter à cette consommation collaborative ? Vaste sujet : les marques ont intérêt à imaginer les nouvelles opportunités que cela représente plutôt que de voir cela comme une menace.
Isabelle Milgrom a de nombreuses idées : pour des marques qui saturent, créer des communautés autour des usages, par exemple une plateforme de passionnés et de vente d'occasion sur la moto de luxe, des sponsors de sites collaboratifs, pourquoi pas Maggi pour les repas partagés... Deux choses sont évidentes : il faut faire passer la culture de l'entreprise en mode collaboratif et chouchouter les clients, en faire des évangélistes de la marque. " Il vaut mieux 1 000 fans convaincus qu'1 million qui cliquent sur Facebook ", conclut la fondatrice de M2R.