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Tribune : "Innover n'est pas inventer !"

Contrairement à une idée largement répandue, la France est une terre d'invention. Mais trop peu souvent terre d'innovation. Or, ce n'est pas l'invention mais l'innovation qui assurera la croissance de nos entreprises ! Une tribune de Christophe Rebours, CEO d'InProcess.

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Tribune : 'Innover n'est pas inventer !'

"Qu’est-ce qu’une innovation réussie ? Beaucoup pensent que cela consiste en un développement technologique. Mais l’innovation est bien plus que la seule technologie. L’innovation réussie passe toujours par un processus, une méthode qui transforme un germe d’idée en une réalité impactante pour l’entreprise et ses clients. Elle s’opère toujours en trois étapes :

- L’INVENTION : l’idée d’un nouveau modèle (produit, service, expérience...)
- LA DIFFUSION : le passage à la réalité par les phases de design, ingénierie, production, marketing et communication.
- L’INSTALLATION : son appropriation par les utilisateurs, l’intégration naturelle dans leur vie. Cette étape est celle du fameux "Comment faisait-on avant  ? " (l’iPhone ou la capsule Nespresso). Et elle est garantie par le fait qu’avant même l’invention, on ait pris le temps d’observer de façon ethnographique les usages et la vie des utilisateurs, leur rapport à leur environnement, pour y détecter des manques réels qui deviendront des leviers d’innovation.

Nombreux sont les exemples d’innovations qui ont changé les habitudes. Le point commun de la majorité d’entre eux ? L’observation des usages. Steve Jobs, par exemple, était probablement l’un des meilleurs anthropologues de la planète. Ou les frères McDonald, qui ont observé dans leur restaurant l’attrait des clients pour un hamburger standardisé et en ont optimisé la diffusion : offre, taille, prix, commande, expérience, etc. L’installation du McDo dans la vie des Américains s’est opérée naturellement.

L’innovation réussie est donc une discipline qui nécessite des compétences en ethnographie (détecter les leviers d’innovation), en design, en ingénierie et en marketing (la façonner pour la diffuser). Si la France ne manque pas de talents dans ces domaines, pourquoi n’arrive-t-elle pas à occuper une meilleure place dans l’économie mondiale grâce à l’innovation ? Ce ne sont pourtant ni les structures de soutien, comme Oséo – sans parler de l’inaltérable concours Lépine pour l’invention – ni les laboratoires de recherche qui manquent.

Pour arriver à percer dans l’innovation, nous devons aboutir deux choses. D’abord, cultiver l’innovation dans la société et prendre l’habitude de stimuler les attitudes positives de recherches de solutions. Puis apprendre à valoriser ces attitudes à l’école, dans nos entreprises et nos collectivités. Les pouvoirs publics doivent se pencher sur la question, comme chacun d’entre nous dans nos propres réseaux.

Le second enjeu concerne les hommes et les femmes qui font les stratégies marketing et l’innovation. Ils doivent opérer leur révolution copernicienne et (re)mettre l’homme au centre des efforts d’innovation. La préoccupation des équipes doit être l’humain, utilisateur des produits ou services aujourd’hui. Il faut pour cela ouvrir les portes des services innovation, marketing et R&D aux ethnologues. Ce sont les seuls qui savent observer les usages et y détecter les signaux faibles annonciateurs de besoins d’innovation qui peuvent nous aider à concevoir des innovations qui répondent vraiment aux enjeux des clients. Et ce sont eux qui garantiront que les innovations s’installeront ensuite naturellement dans la vie quotidienne des clients.

N’est pas Steve Jobs qui veut. Mais nous avons tous la possibilité de faire appel au talent d’observation des ethnologues. Ils nous feront ouvrir les yeux sur la vie des utilisateurs de nos produits et nos services. Ils démultiplieront les capacités d’innovation impactante, profitable et durable de nos entreprises. Et ils nous feront enfin passer d’inventeurs à innovateurs !"


Biographie
Diplômé de l’école Boulle et de l’École nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad), Christophe Rebours débute sa carrière de designer industriel en Allemagne, avant de passer plusieurs années en Asie pour le compte de grands groupes d’électronique grand public ou d’ONG culturelles. Après avoir travaillé avec Philippe Starck, il rejoint l’agence Plan Créatif en 1995 et fonde, en 2002, InProcess. Christophe Rebours est également cofondateur de Violet, start-up cocréatrice du lapin Karotz (Nabaztag) et d’Impedimenta®, incubateur d’innovations sur la mobilité au quotidien cofondé avec le sociologue Bruno Marzloff.

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