[Tribune] 5 gestes pour préserver la biodiversité des agences
Dans cette tribune, Assaël Adary, président du cabinet d'études Occurence, dénonce la mise en danger des agences. Il signe une ode à la diversité, à l'échange et au soutien en proposant 5 gestes qui permettent de sauvegarder les secteurs les plus fragilisés par la crise.
Je m'abonneTout le monde s'accorde sur le fait que l'actuelle pandémie va déclencher sur notre secteur un immense séisme. Un séisme économique auquel sont confrontées les entreprises que nous sommes.Oui cette crise nous offre l'opportunité de le rappeler aux annonceurs et aux pouvoirs publics : les prestataires du secteur de la communication sont des entreprises ... comme les autres ! Ni aliens, ni loups garou, ni lombrics capables de se régénérer une fois coupés en deux. Nous n'avons pas vocation à sucer des cailloux, nous ne vivons pas que d'idées, de créativité et d'eau fraiche. Nous avons des charges, des comptes de résultats et parfois même ... des actionnaires.
A la tête de nos entreprises, des dirigeants responsables tentent depuis quelques mois maintenant de résister, de mettre leur créativité non plus seulement à la disposition de leurs clients mais au service de la survie de nos organisations et de leurs emplois. Parce que les agences ce sont 155 000 collaborateurs directs. Nous rémunérons nos salariés, nous les formons, nous les faisons progresser, nous formons des apprentis et finançons leurs écoles et universités. Nous avons même des conventions collectives ! Oui, des entreprises comme les autres. Alors combien d'entre nous pourrons fêter Noël ? Les structures les plus brillantes, les plus créatives, les plus audacieuses, les plus agiles, les jeunes pouces, les vieux routards ... ou seulement celles qui seront les plus robustes financièrement ? L'un n'exclut pas l'autre, mais l'un n'induit pas l'autre.
Et quoi qu'il en soit, notre secteur vit de sa diversité. Elle est riche, foisonnante, un brin hétéroclite, voire baroque, c'est là sa force et c'est ce dont les entreprises ont besoin. Comme dans tous les écosystèmes, la destruction d'une espèce fragilise l'ensemble. Alors si nous voulons collectivement que notre secteur conserve la richesse de son écosystème et de sa nécessaire biodiversité, je vous propose de mettre en place a minima cinq gestes barrière, simples et efficaces.
- 1 : Partant du principe que dans la tempête plus on est petit plus on est fragile : aidons les plus petits que soi. Les annonceurs : leurs prestataires. Les agences : leurs freelances. Soyons fidèles et payons vite nos factures...
- 2 : Décalons si nécessaire mais n'annulons pas. Annuler c'est annihiler l'espoir d'une reprise, c'est supprimer le potentiel effet trampoline.
- 3 : Ne bradons pas la valeur que nous créons, renonçons aussi aux discounts trop généreux ou à la gratuité sous couvert de solidarité. Ce potentiel et dangereux dumping accentue la crise et la fait perdurer inutilement.
- 4 : Revenons aux bons principes de mises en concurrence si et seulement si elle est nécessaire. N'hésitons pas à nous rapprocher en amont pour ne pas participer à un appel d'offres qui coûtera plus d'argent aux agences participantes qu'il n'en rapportera à celle qui le remportera !
- 5 : Utilisons de manière responsable et raisonnable les aides de L'État. Certains secteurs comme l'événementiel, particulièrement touché, doit bénéficier d'une aide complète, durable. Pour cela il faut que nous formulions collectivement les demandes justes et équitables.
Et au-delà du respect de ces gestes barrière "défensifs", inventons les partenariats de demain. Avec nos clients dans notre relation contractuelle, avec nos concurrents dans le cadre de nos organisations professionnelles ou avec nos prestataires. Ensemble, nous récolterons bientôt les fruits de cette solidarité.
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