Moins de harcèlements au sein des agences?
Deux ans après les révélations #Metoo dans la publicité, le climat est jugé majoritairement serein au sein des agences. Néanmoins, des faits de harcèlement existent toujours, nécessitant des dispositions d'envergure et de long terme qui sont loin d'être la norme, selon l'AACC et Les Lionnes.
Des premiers résultats "encourageants". L'Association des Agences-Conseils en Communication (AACC) et l'association Les Lionnes ont révélé les enseignements du premier baromètre destiné à mesurer les faits de harcèlement et d'agression en agence : "L'état des Lionnes", étude menée par OpinionWay auprès de 3002 répondants. Deux ans après les révélations #Meetoo dans la publicité et l'éviction du président de l'AACC, Laurent Habib, en 2020, la tendance est, semble-t-il, à une évolution positive des mentalités : 53 % des interrogés considèrent le climat dans les agences comme "serein" et 39 % comme neutre.
Sur le sujet de l'égalité femmes-hommes, pas moins de 74 % des répondants déclarent que le sujet de l'égalité et de la parité est prioritaire ou important dans leur entreprise et 73 % des femmes pensent que les hommes ne sont pas favorisés par rapport à elles lorsqu'il s'agit d'attribuer de nouvelles missions. Mais, des progrès restent encore à faire sur l'égalité salariale : 44 % des femmes sont convaincues que les hommes sont/étaient favorisés par rapport aux femmes au sein de leur agence en termes de niveau de rémunération, 17 % des hommes partagent cet avis.
13 % des personnes ont subi des harcèlements en agence en 2020/2021
Quant aux faits de harcèlements, plus précisément : 60 % des répondants déclarent avoir été témoins d'au moins un fait de harcèlement ou d'agression en agence durant leur carrière, dont 32 % dans leur agence actuelle. 47 % des personnes ayant été témoins de faits de harcèlement ne les ont pas signalés en raison de la peur d'être pénalisé dans leur travail (26 %) et de la crainte de possibles répercussions sur la personne victime (24 %). 47 % des interrogés se disent victimes de harcèlement (au moins une fois), dont 13 % au cours de la dernière année : du harcèlement moral (38 %) ou du harcèlement sexuel (33 %, dont 24 % pour du "harcèlement sexuel d'ambiance", une "situation où sans être directement visée une personne est témoin de provocations et de blagues vulgaires ou obscènes qui lui deviennent insupportables", selon la définition des deux acteurs).
D'où "la nécessité pour les agences de proposer un cadre de parole protégé avec des interlocuteurs identifiés", prônent l'AACC et Les Lionnes, dans un communiqué, reconnaissant que si "plusieurs agences ont progressivement déployé des dispositifs [...] il y a encore des axes d'amélioration certains". Ainsi, 60 % des interrogés déclarent qu'il existe au sein de leur agence des outils de surveillance ou de signalement des comportements à risques ; ainsi que des actions d'information et de sensibilisation. Pour autant, 1/3 des répondants constatent que leur agence n'a pas mis en place un "plan de lutte contre le harcèlement" d'envergure et long terme. "La lutte contre le harcèlement est un combat de long terme que nous ne pourrons mener que collectivement. Selon ce baromètre, une majorité des répondants jugent le climat de leur agence actuelle comme serein ou neutre, mais nous sommes conscients du gros travail que nous avons à faire pour que les dispositifs d'accompagnement et de soutien soient à la fois mieux identifiés mais aussi plus performants", explique ainsi Bertille Toledano, co-présidente de l'AACC, dans le même communiqué.
La première édition de ce baromètre doit constituer le point de départ à la mise en place de mesures adaptées pour lutter contre toute forme de harcèlement. "La parole se libère dans notre secteur et nous ne pouvons que nous en réjouir pour l'avenir de la profession. Cependant, les réseaux sociaux ne peuvent être une solution pérenne, et ce baromètre nous livre pour la première fois, un état des lieux objectif, nécessaire pour avancer et pouvoir prendre les mesures nécessaires", complète David Leclabart, co-président de l'AACC, dans le même communiqué. Julie Régis, présidente de Lionnes, considère qu'il faut mettre le sujet de la gouvernance au coeur des débats : "Aujourd'hui il faut dépasser les seules obligations légales (premier socle incontournable à respecter) et faire le choix de la parité au sein des organes de direction. C'est comme ça que les agences pourront lutter contre le premier fléau qui touche l'industrie et qu'a révélé L'État des Lionnes : la fuite des talents. Ainsi, elles pourront retrouver leur rôle d'éclaireur".
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