"Exemplarité dans le discours et dans les faits": Assaël Adary (Occurrence)
Préparer la LiveLine, le retour à la vie, les besoins qu'auront alors les consommateurs, et les exigences de ces derniers vis-à-vis des marques. C'est à quoi Assaël Adary, président du cabinet de conseils Occurrence, réfléchit déjà. Et il avertit: les clients chercheront une exemplarité totale.
Je m'abonne- Arrivez-vous déjà à penser à l'après-crise ? Si oui, comment vous y préparez-vous ?
La moitié de mon temps est consacrée non seulement à y penser mais à la préparer. Cette crise aura une fin mais la difficulté du moment est que sa date, le processus de déconfinement, la nature et la vitesse de la reprise, etc. ne sont pas connus.
Dans nos métiers, nous parlons de Deadline, les équipes d'Occurrence et moi-même préparons la LiveLine, le retour à la vie.
Dès le début du confinement, nous avons listé toutes les tâches de fond, structurelles, celles que l'on reporte à "plus tard", ou que l'on juge "pas essentielles" ... et nous nous y attelons. Nous sortirons de cette période plus forts et plus vite si nous avons le sentiment que ce temps n'a pas été vain et infécond.
En tant que cabinet d'études, nous passons aussi beaucoup de temps à documenter notre présent, à l'analyser, à faire de la curation des bonnes pratiques, à benchmarker. Cette matière première nous la partageons dans un groupe LinkedIn ouvert à tous, Covinials. Nous avons la conviction que nous sommes en train de créer à l'échelle de la planète et de manière intergénérationnelle une nouvelle communauté de destin : les covinials. Que voudront-ils consommer? Que voudront-ils faire de leur vie qu'ils aient 20 ou 50 ans? Quelles seront leurs opinions et leurs perceptions pour (re)construire demain?
C'est aujourd'hui qu'il faut instruire ces questions !
- Comment les marques peuvent-elles s'engager pour lutter contre cette crise ?
"Il faut mettre en place des comportements sains vis-à-vis de ses collaborateurs, de ses consommateurs mais aussi de ses fournisseurs!"
Les grandes marques ont un devoir d'exemplarité dans le discours mais aussi dans les faits. Au-delà des marques, le comportement des entreprises derrière les marques sont aujourd'hui scrutés, auscultés. Comme le disait très justement Warren Buffet : "C'est quand la mer se retire que l'on voit ceux qui se baignent nus" ... et aujourd'hui la mer est vraiment basse!
La crise est un exhausteur des comportements! Il est donc nécessaire d'alerter les grands donneurs d'ordre : aujourd'hui tout se voit et tout prend une coloration plus intense. Lutter contre cette crise c'est aussi limiter la crise économique en plus de la crise sanitaire, il faut donc mettre en place des comportements sains vis-à-vis de ses collaborateurs, de ses consommateurs mais aussi de ses fournisseurs !
- Quel est l'engagement de marques qui vous a le plus ému ?
Le 2 avril, la MAIF a informé tous ses sociétaires (assurés Maif) qu'elle remboursait les cotisations d'assurances automobile (en raison de la baisse des accidents durant le confinement) à hauteur d'un peu plus de 100 millions d'euros redistribués à 2,8 millions de sociétaires. Mais la MAIF fait encore mieux en responsabilisant ses clients: les assurés pourront conserver cette somme, mais l'assureur les encourage à la reverser sous forme de don via une plateforme dédiée pour soutenir les hôpitaux (Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France), la recherche (Institut pasteur) ou la solidarité (Secours populaire). Chacun fait sa part! Et pour la bonne information des grincheux, cette somme représente près d'une année de résultat net pour la MAIF (127 millions en 2018). Un engagement qui n'est donc pas anodin!