La fonction marketing prend du galon 2/4
Coller au plus près des attentes du consommateur final, lecteur, auditeur, téléspectateur, nécessite de plus en plus pour les médias de savoir faire évoluer leurs marques. Bien rodé au niveau publicitaire, le marketing éditorial fonctionne, en revanche, de manière très hétérogène selon la culture d'entreprise des différents groupes présents sur la scène médiatique. L'heure est au développement d'outils de veille en tout genre, avec le risque de, peut-être, laisser en route la nécessaire créativité qui fait des médias un produit pas tout à fait comme les autres.
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Qu'ils soient nationaux
ou régionaux, les médias ont de plus en plus en ligne de mire la nécessité de
coller au plus près aux évolutions et attentes du consommateur final, auditeur,
lecteur ou téléspectateur. Ils sont aidés en cela par un certain nombre de
conseillers extérieurs qui, eux aussi, affinent au plus près leur expertise
dans ce sens. Le groupe Carat, dont on oublierait presque aujourd'hui sa
fonction d'achat originelle, est de ceux-là. Il suffit de regarder, par
exemple, la quatrième édition 2002 du Cahier de Tendances, publié par TVMI,
Carat Expert et le Planning stratégique, en collaboration avec les centres
experts plurimédia du réseau Carat. Le groupe y va plus loin dans "l'analyse
des tendances lourdes de la société, le panorama de leurs applications et la
mise en perspective des ressorts à faire jouer chez un consommateur-zappeur" en
traitant d'idées force, comme "la fin de la cool attitude, la vulnérabilité
surexposée, l'authenticité comme antidote ou la jeunesse comme échappatoire". «
L'analyse des tendances s'adresse maintenant à l'ensemble de nos clients,
auxquels elle offre des repères sociologiques importants, en décryptant le
regard que portent les consommateurs sur le monde et sur ses représentations.
Cette veille vise à leur fournir une réflexion sur la construction optimale de
leurs systèmes de communication marketing et médias », exposait René Saal, Dga
de Carat France et Dg de Carat Expert, lors du lancement de cet outil. Comme le
note, par exemple, pour la télévision, Muriel Arnaud, directrice générale de
Carat TV Marketing International, « le fait que l'on soit passé d'une
télévision de l'offre à une télévision dans laquelle le téléspectateur prend de
plus en plus d'importance a considérablement fait évoluer la fonction marketing
au sein des chaînes. Le métier se professionnalise énormément et le poids du
marketing devient d'autant plus important que les risques financiers sont
beaucoup plus lourds. » En télévision, cette fonction revêt des formes très
diverses. Il s'agit d'abord du marketing du produit chaîne en tant que tel,
c'est-à-dire tout ce qui est communication autour de la marque hors antenne
sous forme de publicité, partenariat, etc. C'est également l'utilisation des
outils marketing dans les relations avec les annonceurs, et avec les opérateurs
pour les chaînes du câble et du satellite. C'est enfin, et ce n'est pas la
moindre partie de la stratégie, le marketing antenne, à savoir tout ce qui est
programmation, études d'audience, du comportement des téléspectateurs, tout ce
qui amène à ce que les programmes soient en adéquation avec l'image de la
chaîne et les attentes du public. « Les demandes qui nous sont faites ont très
clairement évolué, note Muriel Arnaud. Avant, elles portaient essentiellement
sur des données générales sur le marché, mais cette information filtrant
aujourd'hui d'un peu partout, il s'agit d'apporter maintenant un conseil très
personnalisé. Pour ce qui touche au marketing antenne, il s'agira soit de
fournir aux chaînes des outils, comme des bases de donnée auxquelles elles ne
souscrivent pas, soit d'exploiter des outils qu'elles possèdent déjà, mais avec
un regard à la fois extérieur et transversal. » Ces demandes d'information
affinées au plus près émanent moins des hertziennes, largement dotées de
structures d'études, que des chaînes du câble et du satellite, à l'organisation
marketing beaucoup plus ténue. « Il y a encore quelques années, les chaînes
étaient peu marketées, à la fois parce que les équipes intégraient peu de gens
issus du marketing et parce que l'univers du câble et du satellite se
développait facilement, analyse Albine Commissaire, directrice du marketing de
Télétoon. Les choses ont changé car il s'agit aujourd'hui de gagner des abonnés
sur un marché saturé. » Pour la chaîne enfants de TPS, où Albine Commissaire
reconnaît avoir des budgets réduits pour mener des études de grande envergure,
le recrutement et la fidélisation passent essentiellement par des études quali
menées régulièrement auprès de groupes d'enfants sur un certain nombre
d'émissions, comme, dans quelque temps, le Club Nelly, créé au début de
l'année, « et qui est un peu notre prime time car diffusé à 17 heures, à la
sortie de l'école ». La chaîne procède aussi à des sondages auprès d'enfants
interrogés à la sortie des cours. « On s'appuie également sur notre service de
relation aux téléspectateurs, "notre ligne chaude", qui permet de cerner les
réactions des enfants », ajoute Albine Commissaire.