Parship ou la rigueur germanique au service de la rencontre
Depuis le filtre d'amour cher à nos moyen–âgeuses sorcières, les méthodes
de séduction se sont considérablement sophistiquées et, de l'agence
matrimoniale aux petites annonces, du Chasseur Français aux sites de rencontres
et aux “speed datings”, les tentatives de faire de la rencontre sentimentale un
florissant commerce n'en finissent plus de se réinventer. Et d'inspirer les
Cupidon en herbe entrevoyant à travers la fabrication des relations humaines un
marché porteur de promesses.
Et maintenant le marché français
Dernier arrivé en date sur le marché français du e-dating : l'Allemand Parship. Filiale 100 % de Holtzbrinck Verlag, l'un des principaux groupes de presse allemands, Parship revendique quatre ans d'ancienneté, une position de pionnier sur le marché allemand de la rencontre sérieuse sur Internet, ainsi qu'un million de membres et une centaine de relations consolidées en un an grâce à l'utilisation de sa plate-forme. En France, l'arrivée tardive de ce nouvel acteur peut surprendre. D'autant plus si l'on tient compte des positions acquises par Meetic, avec ses 12,4 millions de membres, lui-même cordialement challengé par NetClub qui revendique, pour sa part, la deuxième place au classement des sites de rencontres. « Il faut distinguer les sites de flirt des outils de mise en relation efficace, souligne Guillaume Sampic, directeur général de Parship France. Notre modèle ne cible pas les adeptes de Meetic ou de NetClub mais un public plus mature, les 25-50 ans non intéressés par le simple flirt, mais désirant réellement trouver l'âme sœur. » Cette différence suffira-t-elle à attirer des foules sentimentales ?
Algorithme et psychométrie
Pour imposer son modèle, Parship capitalise sur un atout clé, sa méthodologie de mise en relation. Pas vraiment “fun”, presque austère, elle tire sa légitimité de la science dont elle s'inspire, la psychologie, dont émane la pièce maîtresse, un test de personnalité psychométrique. Il a été mis au point par une équipe d'experts sur la base de travaux menés depuis plus de quarante ans en Allemagne ainsi que sur l'analyse de 80 000 questionnaires de personnalité et fait l'objet d'un dépôt de brevet. Bref, que du solide, à la manière germanique ! Effectué par chaque membre sans exception, il constitue la clé d'accès aux fonctionnalités du site et, d'après Guillaume Sampic, la clé de réussite de la rencontre. Passée cette première étape, les profils les plus compatibles sont alors mis en relation par le site. Chez Parship, en effet, il n'est pas question de feuilleter des albums photos ou d'enjoliver sa personnalité par un descriptif trop optimiste, seuls les profils jugés compatibles sont soumis par le site à l'adhérent. Sur la seule base de ces critères rigoureux mais fiables, chaque soupirant peut alors demander à un autre membre d'entrer en contact avec lui.
Modèle payant
Reprenant à son compte un rouage essentiel de la psychanalyse qui mesure la valeur de l'engagement au paiement des séances, Parship a mis au point un modèle payant. « C'est le meilleur moyen de dissuader les touristes de la rencontre en ligne et de ne retenir que les candidats sérieux, prêts à s'engager », explique Guillaume Sampic. Ainsi, si le test psychométrique et la demande de mise en relation sont proposés en libre accès, la prise de contact, elle, est payante. Plusieurs formules sont proposées, mais un d'abonnement de six mois minimum est exigé de tous les candidats. « C'est la durée minimale pour réaliser une vraie rencontre », précise Sabrina Philippe, psychologue et psychothérapeute de Parship France. Tout comme en Allemagne, Parship France met en effet à la disposition de ses membres un service de “coaching sentimental” accessible par mail et téléphone non surtaxé. Sa vocation est d'accompagner les candidats vers la réussite de leur rencontre en les aidant à surmonter leurs difficultés, à progresser dans la compréhension de leur personnalité. Loin d'être perçu comme un gadget par les utilisateurs allemands, ce service a connu un succès tel qu'il compte désormais trois homologues de Sabrina Philippe en Allemagne. En France, pays de plus en plus “psychophile”, la démarche pourrait bien rencontrer le même succès. Pour sûr, en plaçant la dimension “psycho” au cœur de son modèle, Parship affirme sa crédibilité auprès des candidats en quête d'une authentique relation amoureuse.
Partenariats presse
Cohérent avec son propre discours sur les relations sérieuses, Parship attaque le marché en nouant des relations avec des partenaires. En ligne de mire, essentiellement des éditeurs de presse auxquels Parship va proposer sa plate-forme en co-branding puisque le développement du site de destination parship.fr n'est pas une finalité, juste le meilleur moyen de constituer rapidement un socle de membres. Le service est livré clés en main, signé Parship mais habillé aux couleurs de l'hébergeur. Deux avantages côté partenaires : offrir un service aux lecteurs et exploiter des nouvelles sources de revenus, l'accord prévoyant un partage des recettes tirées de l'utilisation du site. Pour compléter son chiffre d'affaires, Parship proposera également la fourniture de contenus thématiques réalisés par ses équipes de psychologues. Rodée en Allemagne, cette stratégie est en cours de déploiement dans neuf pays d'Europe où Parship compte étendre son modèle. Objectif : réaliser 20 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'horizon 2006.
Points clés
Naissance
en 2001. Partenariats en Europe : 200. Partenariats en France : 20 Minutes et Femme Actuelle. CA prévisionnel 2006 en Europe : 20 ME. 1,3 million
de membres.
Ulteem, premier pas vers la diversification
Toujours à l'affût des tendances sociétales, Ilius, l'éditeur de Meetic, a lancé cet été un site de rencontres à l'étonnante ressemblance avec Parship. Baptisé Ulteem, sans doute par proximité sémantique avec Meetic, il se positionne comme un service de “matching psychologique” de seconde génération. A l'instar de Parship, Ulteem prend le contre-pied de Meetic en proposant la mise en relation entre personnes. Clé de voûte du modèle ? Sans surprise, un questionnaire psychologique fondé sur les travaux de sociologues et psychologues du couple. Autre similitude : la méthodologie basée sur l'affinité des profils. Sur le plan de la stratégie de développement paneuropéenne, Ulteem compte s'appuyer sur un réseau de partenaires. Ironie du sort, le premier de ces accords a été noué en Allemagne, avec un éditeur de portail toutefois, le FAI AOL.