Maîtriser la qualité : un jeu de Patience
La donnée client et prospect se domestique mal ! Pour enrichir une base ou mener une campagne de marketing opérationnel, l'achat ou la location de données externes sont devenus des réflexes chez les responsables MD. En B to B, ce réflexe s'accompagne d'une exigence: trouver des données très qualifiées. Un vrai casse-tête? Plutôt un jeu de patience qui, bien maîtrisé, permet d'optimiser ses actions.
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Un fichier B to B de qualité ne se trouve pas facilement. Car pour qu'un
fichier soit un grand cru, il faut, comme pour un vin, qu'il ait eu le temps
de maturer, de s'améliorer et de s'enrichir de nouvelles données. Tous les
spécialistes du marketing opérationnel savent que, pour travailler
efficacement leur fichier clients, ils ont besoin de le tenir à jour en
permanence, de le nettoyer régulièrement, de l'enrichir de nouvelles données
mais aussi de le scanner et de l'explorer. Les même règles devraient
s'appliquer aux fichiers B to B mis en location ou en vente sur le marché.
C'est d'ailleurs une tendance majeure : l'amélioration de la qualité des
fichiers proposés, enrichis d'analyses ou de scorings pertinents ou adaptés à
la demande précise d'un annonceur.
Deux grands types de fichiers
Cette tendance devient d'ailleurs presque une obligation
car l'offre se renouvelle très peu. Elle est composée de deux grands types de
fichiers : les fichiers de compilation, issus tous au départ de la même base,
celle de l'Insee, et les fichiers comportementaux, issus, par exemple, d'un
fichier clients d'un vépéciste, d'une base d'abonnés d'un journal ou encore
d'une liste de visiteurs d'un salon. « En France, les annonceurs restent très
frileux et refusent de mettre en location les adresses de leurs clients. Cela
fait peu souvent partie de la politique maison : c'est dommage car l'offre du
marché se régénère peu », regrette Xavier Creuze, président de DBI, courtier
spécialisé en B to B. « Il y a très peu d'innovations, confirme Annie
Phelippon, responsable des plans fichiers chez Koba, courtier qui réalise
environ 10 % de son chiffre d'affaires sur le B to B. Alors que la demande est
bien présente : nos clients recherchent surtout des données comportementales.
Les seules nouveautés viennent des scores que les grands fournisseurs de
données B to B pratiquent sur leur offre. » Certains annonceurs délaissent en
effet les grands fichiers généralistes. C'est du moins le sentiment de
Christophe de Larquier, dirigeant de Combbase : « Ils sont parfois déçus par
les rendements ou par les limites des critères NAF et effectifs, si bien qu'ils
se tournent vers l'échange ou vers l'acquisition de fichiers comportementaux
pourtant plus chers. » D'un autre côté, le choix en fichiers comportementaux ne
s'élargit pas d'année en année.
Faire éclore la donnée de qualité
La solution existe pourtant pour les marketeurs à l'affût
de données externes. Comme pour leur propre fichier clients, c'est le travail
au quotidien de la donnée qu'on leur propose qui fera monter en puissance le
marché du fichier B to B. C'est la segmentation fine que les propriétaires de
fichiers seront capables de leur proposer qui les fera se tourner vers eux.
C'est l'enrichissement, directement par les courtiers, d'offres au départ peu
détaillées qui les séduiront. « Les entreprises ont digéré un peu tous les
termes à la mode, le CRM, le programme relationnel, etc., analyse Stéphane
Caillot, directeur de l'activité Technologies d'Everest, conseil en marketing
relationnel. Ils ont compris que, derrière ces mots un peu confus au départ, la
qualité de la donnée, la connaissance client, ne sont pas que des concepts. »
D'ailleurs, avant de crier haro sur la pauvreté de l'offre en fichiers
comportementaux, les annonceurs devraient remettre en cause leur propre
démarche vis-à-vis du fichier. « Bien souvent, les clients rejettent la
responsabilité des mauvais rendements d'une campagne sur le fichier, remarque
Jean-Paul Maze, P-dg de Nazca France, spécialiste du développement des ventes
dans le secteur IT. C'est toujours de la faute du fichier, alors que
différentes raisons peuvent jouer. Parfois, ce sont tout simplement les
critères de qua-lification choisis qui sont inadaptés. En outre, il veulent de
plus en plus d'informations comportementales dans les fichiers alors que les
basiques, tels le téléphone de l'interlocuteur visé, l'orthographe précise de
son nom et sa fonction exacte, sont des critères vitaux. »
Une nouvelle offre attrayante
En parallèle, une nouvelle offre
redynamise le marché : les fichiers d'adresses e-mails. Ce marché, spécifique
en termes de recrutement et de traitement des données, est en pleine
croissance. « C'est un marché encore embryonnaire, qui n'est pas aussi
professionnalisé que celui du off line, mais qui se développe, note Etienne
Nael, directeur du business développement d'Ad Pepper Media France. Nous en
sommes simplement au même stade qu'auparavant sur la publicité on line : il
manque encore la reconnaissance de la validité des contacts e-mails. » Les
annonceurs, en attente d'offres, commencent pourtant à s'y intéresser. « Depuis
le début de l'année 2004, les demandes ont doublé voire triplé, remarque
Brigitte Laporte, responsable de Data-studio, courtier spécialisé en adresses
e-mails B to B. Les annonceurs se rendent compte qu'il existe un potentiel
important. Même s'il reste encore beaucoup à faire pour développer l'offre. »
Dans ce contexte, quelle est la meilleure solution pour enrichir efficacement
ses campagnes de prospection ? Un travail mixte de recherche des prestataires
adaptés et d'intégration adéquate des données achetées à sa propre stratégie
de ciblage. Bien choisir à l'externe et faire fructifier les apports extérieurs
dans sa propre base : un jeu de patience certes, mais le seul qui permette
d'améliorer à long terme son marketing direct.
Points clés
Combien trouve t-on de fichiers sur le marché ? Les estimations oscillent entre 200 et 500 pour les plus optimistes. S'y ajoutent les fichiers circulant uniquement sous forme d'échanges entre annonceurs. Quels sont les prix ? Même si une dégressivité se pratique en fonction des volumes, une adresse très spécifique et comportementale peut se monnayer très cher, jusqu'à plus d'1 euro le contact. Une adresse nominative issue d'un fichier de compilation coûte de 15 à 30 centimes d'euros, la donnée e-mail étant dans les plus chères. Dans le cas d'une adresse non nominative, le coût peut tomber à 5 centimes d'euro. Ces prix de location doublent ou triplent dans le cas d'un achat. Enfin, des frais informatiques et de sélection sont à ajouter.