Les étapes pour construire une chaîne solide
1 La chaînede conception-fabricationd'un mailing
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Une fois la stratégie et les outils opérationnels définis, deux chaînes de
préparation se déroulent en parallèle. La première concerne le choix et le
traitement des fichiers. On compte environ une semaine pour bâtir le plan,
autant pour la livraison des adresses. Attention toutefois aux propriétaires
qui requièrent une demande d'autorisation pour une première utilisation.
Certains vépécistes ne font qu'une extraction par mois. Suit la sélection et le
comptage des adresses qui permet de vérifier que l'on dispose bien d'un nombre
"suffisant" de destinataires. Le taux de déperdition liée aux doublons tourne
en moyenne autour de 10-15 %, mais il peut dépasser 40 % en cas d'échanges de
fichiers, dans le domaine caritatif par exemple. Il faut ajouter 2 à 3 semaines
pour la déduplication (traitement informatique qui élimine les adresses
communes entre fichiers d'origines différentes) et l'extraction des adresses
désirées. La seconde chaîne regroupe les opérations de conception et de
réalisation des documents. Sur un mailing lourd, il faut prévoir deux semaines
pour la création, le même délai pour l'exécution et la gravure. L'impression
d'un lot de documents (lettre, dépliant, carte réponse...) peut requérir une
bonne semaine de travail. Enfin, les deux chaînes (fichiers et documents) se
croisent lors de la phase d'impression-personnalisation (une semaine), qui
consiste à intégrer l'ensemble des informations concernant le destinataire
(adresse, offre, etc.) et/ou l'émetteur (concession, délégation régionale),
avant la mise sous pli et le routage (2 à 3 jours). Le codage, qui permettra
de suivre les remontées, peut se faire lors de la personnalisation ou
déduplication.
2 Un brief solide pour une recommandation en béton
« Un bon brief est factuel et indique un angle d'attaque
voulu par le marketing. Il comprend un état du marché, des principaux
concurrents, un historique de la marque, son actualité et ses éléments de
communication. Il présente les objectifs généraux de la marque et, en
particulier, les buts assignés au marketing direct : conquête et/ou
fidélisation », explique Valérie von Dorpp-Duporge, directrice commerciale de D
interactive Communication. L'agence apprécie qu'on lui communique les
contraintes de timing, de budget et de communication (territoires respectifs du
MD et de la publicité, par exemple). En pratique, les informations sur le
ciblage sont trop souvent lacunaires. « Le ciblage est trop large et l'on doit
demander des études complémentaires sur le coeur de cible », poursuit-elle.
Autre point faible : l'historique sur les opérations entreprises. « Que cela
soit volontaire ou non - turn-over élevé dans les équipes -, l'opacité sur les
informations chiffrées nous empêche d'aller jusqu'au bout de notre
recommandation. Faire de la rétention pour tester une agence n'est pas un bon
calcul », estime Valérie von Dorpp-Duporge.
3 Calculer son point mort
Avant de lancer une campagne, mieux vaut s'assurer que les
objectifs à atteindre pour qu'elle soit rentable sont réalistes ! Prenons le
cas d'une opération de création de trafic en concession automobile. Première
étape : multiplier le nombre d'envois par le coût unitaire du message (soit le
coût du document + celui du fichier + coût de production + affranchissement).
Peuvent se rajouter des frais annexes (cadeau ou réception dans le cas d'une
opération de création de trafic) ainsi que des coûts de relance externalisés
(télémarketing). Ces investissements sont ensuite comparés à la marge estimée
par vente : coûts totaux/marge = nombre de ventes à réaliser pour rentabiliser
l'opération. « Le taux de retour minimal à atteindre correspond, lui, au ratio
nombre de ventes à réaliser/nombre d'exemplaires envoyés x 100 », indique
Pierre Grimaldi, directeur de clientèle chez DraftWorldwide.
4 Bâtir son plan fichiers
« Bâtir un plan fichiers est un travail de
logique et de créativité », explique Brigitte Le Bliguet, responsable média
fichiers chez Rapp Collins. Quoi de commun entre la recherche de fichiers pour
le relancement d'un véhicule haut de gamme auprès d'une cible de professions
libérales et responsables de flottes en entreprise et celle de personnes
privées qui sortent la nuit à Paris pour la vente de Champagne ? Dans le
premier cas, on s'orientera vers le fichier des abonnés au téléphone (avec
toutefois une difficulté sur la nominativité) et vers une liste d'entreprises
avec flottes (liste Bottin, entreprise de moins de 500 salariés, avec
responsable de flotte automobile, ventilées par département). Dans le second
cas, la quête sera plus sinueuse. « J'ai tout d'abord contacté des boîtes de
nuit, comme le Queen's ou Les Bains, mais elles ne louent pas leur fichier,
puis regardé du côté des fichiers de presse branchée, comme Perso, Optimum...
Mais il y avait souvent un problème de qualification sur l'âge. Or on n'a pas
le droit de vendre de l'alcool à des moins de 18 ans », raconte Brigitte Le
Bliguet. In fine, elle a retenu le fichier du magazine DS, une sélection
(hommes et femmes de 25 à 35 ans, Paris et RP, 250 à 400 KF de revenu annuel,
professions de l'art, culture, de la mode et de la communication) sur une liste
de la société Archétype, spécialisée dans les fichiers de comportement pointus,
plus une extraction sur un fichier de relations publiques (organisation de
soirées people).
5 Tester les fichiers et le reste ?
Prenons le cas d'une société qui vend par correspondance des vins haut de
gamme. « On va rechercher des fichiers de vépécistes : caves à vin, foie gras,
abonnés à des revues gastronomiques haut de gamme. Et pourquoi pas, le fichier
Relais et Châteaux ? », propose Annie Phelippon, directrice de clientèle chez
Koba. L'idéal consiste en fait à extraire, selon les possibilités des fichiers,
10 000 clients actifs (0-6 mois) par liste. On commence par tester, juste avant
la période idéale de communication pour les produits concernés, les fichiers
avec une offre unique et, ensuite, on peut faire varier les offres (primes
différentes). La logique voudrait que l'on teste les cibles, les mécaniques et
les médias. Mais à multiplier les tests, on se retrouve avec une accumulation
de résultats difficilement comparables vu la variété des paramètres introduits.
« De surcroît, ces résultats ne sont pas toujours significatifs, compte tenu du
nombre restreint d'envois par lot », ajoute Axelle Boissel, directrice de
clientèle chez Everest.
6 Les enseignements de la déduplication
Contrairement aux idées reçues, le traitement d'un
grand nombre de fichiers de formats différents ne devrait pas poser de problème
à un prestataire compétent. Certaines campagnes mixent 180 fichiers ! Sauf si
les adresses sont mal normalisées. « Les meilleurs prestataires peuvent se
casser les dents là-dessus », fait observer Dominique du Châtelier, secrétaire
général de la Fevad. Comment se déroule la déduplication ? Le prestataire
reçoit les fichiers sur différents supports (bandes magnétiques, cartouches,
e-mails, disquettes) et les met au même format avant d'éliminer les adresses
communes selon un ordre de priorité (en premier, bons résultats précédents,
coût élevé du fichier...) entre fichiers indiqué au préalable. Les premiers
dans l'ordre fixé sont en général des fichiers déjà testés ou utilisés avec
succès. Il communique alors un état du nombre d'adresses par fichier, des
informations qu'un broker sérieux ne manquera pas de regarder de très près. «
Si le nombre d'adresses a beaucoup chuté - au-delà de 30 % -, cela peut être la
preuve que l'on est bien dans le coeur de cible ou qu'il y a un problème de
mise à jour - rejets des adresses incomplètes et mal normalisées -, voire de
doublons internes », explique Chantal Dutheil, responsable développement
fichiers chez Koba. Les adresses sont ensuite codées et éditées sur les
courriers. « Il faut impérativement coder l'offre, le fichier et l'action
déclenchée, trois données qui permettront d'analyser la performance de
l'opération », conseille Annie Phelippon. La déduplication est en général
réalisée après les tests, pour affiner le choix des fichiers.
7 Identifier les goulots d'étranglement
Chaque mailing est un cas
spécial, mais un certain nombre de passages délicats reviennent régulièrement.
Parmi lesquelles figurent les validations juridiques (voir article en page 62).
Le recours à un nombre élevé de prestataires, notamment pour le traitement des
fichiers et l'impression des documents, augmente les risques de rupture. Sans
évoquer les mauvaises surprises de la déduplication « quand on s'aperçoit que
l'on a en fait loué deux fois le même fichier et qu'il manque des adresses »,
raconte Brigitte Le Bliguet. Un mailing un peu technique doit être
spécialement soigné et suivi sur la difficulté qu'il comporte (enveloppe à for-
me spéciale, insertion d'un objet...). Le conseil de Valérie von Dorpp-Duporge
: « La règle d'or d'une mise en oeuvre réussie consiste à faire travailler
ensemble, dès la recommandation, les commerciaux, créatifs et fabrication. Et
dès que le mailing est un peu compliqué - insertion d'un objet, enveloppe à
forme spéciale -, il est également judicieux d'inté- grer les prestataires
concernés très en amont. » La chaîne peut prendre du retard à cause de
l'organisation du client. « Les annonceurs ont parfois du mal à réagir sur des
maquettes. C'est souvent le supérieur hiérarchique qui demande au der-nier
moment des modifications importantes dans les visuels ou sur le texte. C'est
dommage car plus les modifications arrivent tardivement dans la chaîne
graphique, plus elles sont coûteuses », regrette Axelle Boissel.
8 Traiter et analyser les remontées
Le traitement des remontées
suppose la mise en place préalable d'une logistique administrative et
commerciale. « Sans relance, un mailing perd au minimum 50 % de son efficacité
», estime-t-on chez DraftWorldwide. En amont même de la relation commerciale,
la nature des données à historiser doit faire l'objet d'une réflexion :
certaines informations alourdiront la base de données sans apporter de
plus-value pour les études et la communication. « Il faut aussi prévoir comment
va-t-on rentrer dans la base de données les codes offres, actions dans le but
d'alléger au maximum la démarche de saisie », conseille Valérie von
Dorpp-Duporge. L'analyse des résultats permet d'améliorer les performances par
un meilleur ciblage. « Une analyse sérieuse des remontées permet de louer des
fichiers plus spécifiques ou d'éliminer ceux qui ont généré un taux de NPAI
supérieur à 3 ou 4 % », confirme Brigitte Le Bliguet. Celle-ci regrette
toutefois que les clients de son agence négligent parfois de lui transmettre
les résultats de l'opération : « Cela me permettrait d'affiner le plan fichiers
pour une prochaine fois. Or, bien souvent, on repart de zéro. » De façon
générale, « plus un client nous en dit sur ses produits, son historique
actions, plus on peut l'aider », insiste Annie Phelippon.