Droit européen : harmonisation des législations ou déréglementation du marché ?
Le Parlement européen a voté, début septembre, un texte de loi visant à déréglementer le système des promotions. La levée des restrictions juridiques s'accompagne d'une obligation de transparence qui renforce le droit à une information "réelle et sérieuse" des consommateurs. Les associations de consommateurs dénoncent cette loi.
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Pour la Commission européenne, la promotion des ventes s'entend comme "une
priorité de sa politique en matière de communications commerciales". D'où la
nécessité, pour elle, de lever les particularismes nationaux. D'une façon
générale, le règlement européen, voté début septembre en première lecture,
interdit aux Etats de s'opposer sur leur territoire à une vente promotionnelle
qui est légale dans le pays producteur ou du distributeur. C'est le principe de
"la reconnaissance mutuelle" qui est ainsi appliquée. Ce qui, du coup, va à
l'encontre de la possibilité offerte par la Commission de conserver sa propre
réglementation. Dans ce cas, la France, qui entend toujours interdire les
ventes à perte ou limiter les périodes de soldes, devra bien accepter qu'une
opération transfrontalière vienne chambouler ces pratiques. Frits Bolkestein,
commissaire libéral chargé du marché intérieur, avait été beaucoup plus loin
que le texte finalement voté par les eurodéputés. La Commission prévoyait, en
effet, d'autoriser les reventes à pertes pour peu qu'elles soient "limitées
dans le temps" ...) sur des produits bien définis", car, selon ses experts,
"les ventes à perte constituent des moyens de promotion moins onéreux que la
création de marques reconnaissables à l'aide de publicité". Sous la pression
notamment des députés français, le Parlement européen a fait machine arrière.
Et choisit de laisser les Etats décider de maintenir - ou non - leur
interdiction (c'est le cas en France, en Italie, en Espagne et en Belgique)
pendant encore deux ans. En ce qui concerne les primes, la réglementation
française restreint leur usage et limite leur valeur afin de lutter contre la
concurrence déloyale (la prime n'excède pas 7 % du prix TTC du produit
principal si celui-ci est inférieur à 80 E. Au-delà, elle correspond à 5 E + 1
% de ce prix dans la limite de 560 E). La Commission européenne lève cette
limitation : "La thèse selon laquelle les consommateurs pourraient acheter un
produit uniquement pour participer à un jeu promotionnel n'est pas valable tant
qu'il existe des obligations de transparence leur permettant d'évaluer la
valeur de la promotion des ventes. Les limites de valeur doivent donc être
remplacées par des obligations d'informations détaillées". Du côté des jeux de
loterie, le Code de la consommation français rappelle qu'ils ne doivent en
aucun cas être soumis à obligation d'achat. Encore une fois, la Commission
remplace cette restriction par "des obligations de transparence" ...) qui
permettent au consommateur de participer à un jeu en étant parfaitement informé
des conditions de participations et des probabilités de gain". On l'aura
compris, l'abandon des règles nationales dont les restrictions sont jugées
"disproportionnées et contre-productives" s'accompagne de nouvelles
"obligations de transparence" afin d'assurer "un haut niveau de protection des
consommateurs".
Il est interdit d'interdire
La
Commission étend le niveau d'exigence en matière d'informations. Le
consommateur devra alors connaître la valeur de la prime qui lui est proposée
et surtout ses chances réelles de gains lors d'une loterie commerciale.
L'absence de ces mentions serait considérée comme une violation de la directive
relative à l'interdiction de publicité trompeuse (directive 84/450/CEE
transcrite dans le Code de la consommation L.121-1). Cette réglementation
entend faciliter d'éventuels recours amiables : elle fait peser, la charge de
la preuve sur l'entreprise à l'origine de la promotion. Elle l'oblige, d'autre
part, à fournir une adresse (postale ou e-mail) pour canaliser les plaintes
éventuelles. Et, bien sûr, à leur répondre par écrit dans un délai maximal de
six semaines. Enfin, la mise en place d'une assistance téléphonique ne peut pas
faire l'objet d'une majoration. Les associations de consommateurs, elles,
dénoncent "un texte calamiteux" qui, sous couvert de transparence, "remet au
goût du jour toutes les arnaques".