Un marketeur doit-il se coucher tard?
Le travail tardif, souvent décrié pour son manque d'efficacité, serait pourtant bénéfique aux marketers et leur permettrat de s'adapter aux nouveaux usages des consommateurs, connectés en permanence et toujours en demande de réponses.
Je m'abonneIl est 11 heures du soir, mes paupières sont lourdes, mes yeux se ferment, et pourtant je sais que je dois rédiger ma chronique mensuelle, mais le hic, c'est qu'au terme de cette journée harassante, je ne sais pas du tout quel thème aborder... Et si... Mais oui, et si nous abordions le thème pourtant central du travail tardif, le soir, auquel la plupart des marketers se livrent désormais?
Se coucher tard est le privilège du monde civilisé. Nos ancêtres qui s'éclairaient à la bougie, et leurs prédécesseurs qui vivaient à la lueur de torches ou d'autres feux, n'avaient pas ces préoccupations. Le temps diurne rythmait leurs journées. La division des heures n'était pas universelle -l'heure variait d'ailleurs d'une ville à l'autre- et il ne venait à l'esprit que de rares individus de prolonger le labeur d'une journée au-delà du coucher du soleil.
La fée électricité a tout changé. Nos mondes modernes ont découvert de nouvelles libertés, au prix d'une activité humaine prolongée en début de soirée. À cela, rien de mal. Mais l'Internet est venu chambouler tout cela. Avec nos portables, ordinateurs ou smartphones, rien n'est plus simple que de prolonger notre journée de travail par une soirée devant un écran. Est-ce un bien ou est-ce un mal? À vous d'en juger, selon ce que vous saurez en faire.
Acquérir de nouveaux clients
Car le travail vespéral d'un marketer n'a rien d'innocent. Au-delà de la touche finale qu'il ou elle apportera aux tâches de la journée écoulée, ce travail nocturne permet d'autres usages: trier ses mails, répondre à ceux en attente, lire quelques articles de blogs, vérifier quelques profils sur LinkedIn, relever les compteurs. À cela, rien de bien original, beaucoup de nos collègues non-marketers agissent de la même manière.
Mais on peut aller plus loin. Nos clients sont comme nous, ils vivent sur la même planète et ont subi les mêmes dérives sociétales. Comme nous, ils surfent le soir sur Internet, écoutent de la musique en streaming ou font leurs achats en ligne. Et cela se voit, cela laisse des traces. Pourquoi l'analyse des comportements en ligne se feraient elle uniquement de jour? Pourquoi ne pas interagir avec le visiteur nocturne ? Pourquoi ne pas répondre à ses sollicitations sur Twitter à 23h30? Pourquoi le community management cesserait-il à la sortie des bureaux?
Le marketing digital ne se traduit pas uniquement par un changement de medium, mais aussi, et surtout, par une plus grande liberté accordée aux consommateurs. Les tâches que ces derniers ne pouvaient effectuer que de jour, de visu et durant les heures ouvrées -comme rencontrer un futur déménageur- peuvent désormais s'effectuer à distance, de nuit ou durant le week-end. Les entreprises qui le comprennent s'offrent une bouffée d'oxygène et de nouveaux clients potentiels, par millions.
Voulez-vous des exemples ? En voici deux. Number26, banque en ligne, totalement en ligne, depuis l'ouverture d'un compte jusqu'au retrait d'espèces. Vous voulez ouvrir un compte à 23h02? Pas de problème, un téléopérateur est là pour vous guider durant cette opération qui ne prend qu'une dizaine de minutes, depuis un ordinateur ou un smartphone (se munir de son passeport au préalable). Des bras en plus, nouvel acteur du déménagement, dont le site permet d'obtenir renseignements et devis à tout moment de la journée et du week-end.
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Alors, un marketeur doit-il veiller le soir et accepter de se coucher tard? Pour moi, cela ne fait aucun doute.
Pour aller plus loin:
Un marketer doit-il être curieux?
Un marketer doit-il avoir des devoirs?
Un marketer doit-il se mettre au big data?
L'auteur: Hervé Kabla dirige Be Angels, agence digitale spécialiste des médias sociaux, et a cofondé une association qui rassemble les professionnels des médias sociaux et du digital en entreprise. Il accompagne des entreprises B2B et B2C dans l'élaboration et la mise en oeuvre de leur stratégie marketing sur les médias sociaux. Il est également coauteur de plusieurs ouvrages aux Editions Kawa, dont "La communication digitale expliquée à mon boss", "Les médias sociaux expliqués à mon boss", et "Le social selling expliqué à mon boss".