Quelles sont les stratégies des marques anti-Black Friday?
Le Black Friday organisée le 23 novembre est un important pourvoyeur de chiffre d'affaires pour de nombreuses marques. Pour autant, certaines ont décidé de boycotter l'événement en 2018. Explications.
Je m'abonneLe Black Friday, célébrée le 23 novembre, fait des émules en France. Si la plupart des marques plongent ainsi dans les offres promotionnelles à tout-va, le Black Friday, symbole de la sur-consommation, fait entrer certaines d'entre elles dans une colère noire.
La Camif : fermer son site e-commerce
La Camif est, sans nul doute, la plus engagée des anti-Black Friday. Le 23 novembre 2018, l'enseigne connue pour le positionnement made in France et durable de ses produits, ferme son site de vente en ligne pour "sensibiliser les Français à la consommation responsable". C'est la deuxième année que La Camif fait ce choix "radical". Dans un communiqué, la marque explique : "Refuser cette aberration commerciale américaine est une responsabilité que doivent prendre les (e)commerçants pour inciter les Français à changer leur mode de consommation". Mais, pourquoi aller jusqu'à la fermeture de son site e-commerce, au risque de perdre des clients ? "Notre décision de fermer notre site Camif.fr ce jour-là n'a pas pour but de culpabiliser le consommateur, mais, de lui ouvrir les yeux sur le pouvoir qui est le sien", fait part Emery Jacquillat, président de Camif.fr, dans ce même communiqué. Et de poursuivre : "Fermer le jour le plus commercial de l'année est un signal fort que nous envoyons aux Français, un geste de refus destiné à éveiller les consciences. Ce que nous souhaitons faire passer comme message, c'est que non, les consommateurs ne sont pas obligés de se laisser aspirer dans la spirale de la surconsommation. Nous les invitons en premier lieu à prendre du recul par rapport à un achat trop souvent compulsif." L'enjeu est plus que jamais écologique pour la marque. "Le vrai coût des prix bas est d'abord social et environnemental. À moyen terme, c'est l'essentiel de la valeur créée par nos entreprises, qui se trouve concentré dans une seule main : celle des GAFA. Est-ce vraiment ce à quoi nous aspirons ? Ne devons-nous pas, au contraire, redonner du sens et de la valeur à notre consommation ?", défend Emery Jacquillat.
Symboliquement la marque ouvre son siège, au 66 rue Jacques Daguerre à Niort, au grand public. Les collaborateurs accueillent les visiteurs de 10h à 13h00, pour des ateliers et des conférences sur l'économie circulaire, animés par des associations (telle que Zéro Waste France), des fabricants et des collaborateurs de l'entreprise.
Nature & Découvertes : célébrer le "Fair Friday"
Nature & Découvertes fait le choix, pour la première année, d'un "Fair Friday", un vendredi équitable. L'idée : "Parler des réductions qui comptent pour nous, celles de la biodiversité. 90 % des requins en Méditerranée sont victimes de la surpêche", explique ainsi Antoine Lemarchand, président de Nature & Découvertes, citant également la perte des 3/4 des moineaux à Paris. "Globalement la moitié des animaux sauvages de la planète sont victimes des pressions que nous exerçons sur la planète", poursuit-il. La marque, convaincue que ces changements ne sont pas irréversibles, invite ses clients à venir voter, dans ses points de vente, du 19 au 25 novembre, pour 4 associations qui défendent la biodiversité - Sea Shepherd France, Longitude 181, ASPAS et la Ligue de protection des oiseaux. À chaque vote, 1 euro sera reversé par la marque à une association.
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Altermundi : participer au "Green Friday"
Dans la même veine que Nature & Découvertes, Altermundi, enseigne de mode et de décoration responsable, affirme son engagement au collectif "Green Friday" au côté de l'acteur de l'économie sociale et solidaire Envie, afin de sensibiliser les Français à la consommation responsable. "En décidant de réparer plutôt que de jeter, d'allonger les durées de vie, d'acheter local, ... des actions individuelles peuvent avoir un réel impact décisif sur le collectif. Le Green Friday veut donc redonner du pouvoir aux consommateurs en leur montrant que leurs achats peuvent avoir un réel impact positif sur notre société actuelle", explique la marque. 15 % de son chiffre d'affaires du jour sera reversé à des associations.
Le Slip Français : affirmer ses engagements
Pas de Black Friday pour Le Slip Français en 2018. Ni de "Cyber Slip", prône Guillaume Gibault, président de la marque, car "ce n'est pas le sens de notre métier". La Digital Native Vertical Brand (DNVB) explique : "Cette décision résulte du choix que nous avons fait, de donner du sens à nos produits. [...] Depuis 7 ans maintenant, nous essayons de (ré)inventer la fabrication française. Et nous fabriquons tout en France : des meubles de nos boutiques à la boîte de nos Slips. Une fabrication assurée par des entreprises dont le savoir-faire se transmet souvent de génération en génération, avec lesquels nous concevons et fabriquons des produits pérennes et de qualité. Que nous proposons au juste prix : celui qui rémunère la qualité d'un savoir-faire textile. Le Slip Français essaie de construire un modèle de production agile et adapté à ses clients. Et pour cela, nous nous efforçons de ne pas sur-produire, ne pas sur-stocker, et de proposer des produits de qualité, au bon prix. C'est pour ces raisons-là que nous ne faisons pas de promotions en dehors des périodes de soldes." Le Slip Français communique sur ses réseaux sociaux et sur son site via la page réaffirmant ses engagements.
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