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Start-up: ces jeunes pousses qui font pétiller le retail

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Start-up: ces jeunes pousses qui font pétiller le retail

C'est l'ébullition! Le retail, après une longue période d'observation, s'ouvre (enfin) au dynamisme des start-up. Sur quoi planchent-elles ? Éléments de réponse.

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Elles font rêver. Leurs noms imprononçables, leur dynamisme juvénile, leur persévérance mêlée de décontraction... Et leur promesse de décrocher la timbale. Criteo, BlaBlaCar, LinkedIn ou Pinterest, étaient, au départ, de jeunes pousses. Inventer un modèle économique dans un contexte où il n'y a que des incertitudes, c'est en cela que réside leur force. Les start-up émoustillent aujourd'hui le retail, en quête de bonnes idées pour poursuivre sa mue perpétuelle. "Nous sommes au centre d'une bulle qui, en 2016, pourrait éclater", analyse Daniel Gergès, directeur du tout nouveau Silicon B, l'incubateur du groupe de prêt-à-porter Beaumanoir (2800 magasins dans le monde avec des marques comme Cache Cache, Morgan, Bonobo, La City, etc.). Cet accélérateur de start-up, véritable écosystème du commerce connecté, veut être une structure d'innovation et de recherche sur tous les métiers du commerce. "Dans 18 mois au plus tard, nous souhaitons être un pôle international de recherche et d'innovation sur le commerce connecté, ouvert à tous les acteurs du commerce", précise Daniel Gergès. L'open innovation est souhaitable dans ce secteur réputé peu loquace.

La chasse aux start-up est ouverte

Silicon B, installé à Saint-Malo, fief du groupe Beaumanoir, vient, après un appel à projets, de sélectionner deux pépites: La Boutonnière (cocréation de vêtements) et Clickndress (personal shopper) qui, dès cet automne, seront face aux clients... en vrai. Autre signe également très concret de cette chasse aux start-up, la naissance de Peps (Plein d'Expérience pour Se Réinventer), la nouvelle entreprise de Catherine Barba, figure incontournable du Web français et serial entrepreneuse, qui, depuis New York, distillera des bonnes idées pour inspirer plusieurs secteurs économiques, dont le retail français et sa cohorte de start-up.

À lire: l'interview de Catherine Barba, chasseuse de bonnes idées made in NY.

Le tout premier concours de start-up 100% retail vient même de livrer sa première moisson. Organisés par HighCo et Anaxago, les First Awards 2015 ont consacré Mobeye. Une plateforme de "store check" (relevé de linéaires) en crowdsourcing, c'est-à-dire faisant appel aux consommateurs, rémunérés pour faire de simples photos de linéaires via leur mobile (voir l'encadré ci-dessus).

Découvrez les 6 start-up finalistes des First Awards 2015.

First Awards: c'est Mobeye qui gagne!


L'application de crowdfunding Mobeye est le grand gagnant des ­premiers First Awards (For Innovation In Retail Start-up Awards), le premier concours de start-up dédié à la ­distribution et à la grande consommation, lancé par HighCo et Anaxago (la première plateforme de financement participatif en fonds propres dédiée aux PME de croissance. 12?M€ collectés en deux ans et une communauté de plus de 37 000 membres) en mai dernier.
Qu'est-ce que Mobeye? Une application qui propose aux particuliers de relever, via une simple photo faite à l'aide de leur smartphone, la présence d'une publicité ou le prix d'un produit en magasin.
Avec une ­communauté de 100 000 utilisateurs inscrits sur l'application, la collecte d'informations sur le terrain permet de donner des indicateurs-clés sur l'exécution des campagnes marketing et commerciales en magasin pour les industriels et les distributeurs.
Six autres start-up concouraient en finale: HexaPay (achat d'impulsion depuis n'importe quel type de support publicitaire), Fidzup (mesure et analyse le trafic en point de vente), Drive Insights (pilotage et veille concurrentielle pour les sites de drive), Ubudu (marketing microlocalisé d'envoi de messages microciblés et analyse des parcours en magasin), Eval&Go (écoute client via un logiciel d'enquête en ligne (Evalandgo.fr) et une solution dédiée au retail : Qwesteo.


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Qu'inventent les start-up dans le retail?

Lorsqu'on évoque la digitalisation dans le retail, en y associant des néologismes comme "phygital" ou "digitail", par exemple, on parle surtout de transformation des services. Aujourd'hui, les start-up se concentrent principalement sur quatre domaines principaux: les services pour les clients (livraison et paiement en tête), l'expérience client (shopping communautaire, recommandations,?etc.), le phygital instore (vitrines interactives, tchats,?etc.) et les technologies dites "enfouies" (ce que le client ne voit pas) comme les stratégies de géolocalisation, les pushs,?etc.

Sophie Lubet, directrice du salon Paris Retail Week (voir son interview), confirme "une effervescence des innovations autour "du dernier mètre"". Soit le paiement ou l'accès à l'information en temps réel, en "mode shazam". Les start-up travaillent aussi sur l'humeur du client en fonction de son "état d'errance", par exemple. L'objectif? Identifier toutes ses hésitations en situation d'achat pour lui adresser un message de nature à le "réveiller" en lui proposant des offres, du contenu...

La start-up clermontoise Search'XPER travaille sur la "sérendipité cognitive" s'appuyant sur une analyse des centres d'intérêt réels et subconscients de l'internaute, elle lui "pousse" des pages mettant en avant des produits qu'il n'aurait pas consultés de lui-même. Un test sur le site d'achat Pecheur.com a permis d'augmenter les ventes de 30% avec cette méthode.

Quentin Lebeau, cofondateur de TokyWoky (vainqueur des e-commerce Awards, en 2014) croit, lui, à la recommandation on line. Ce module de tchat, intégrable aux sites marchands, permet à des ambassadeurs de conseiller d'autres clients. "L'insight de base était que les internautes font 12?fois plus confiance à leurs pairs qu'à un commercial", argumente Quentin Lebeau. Les ambassadeurs, que TokyWoky appelle des coachs, ont accès à une plateforme réservée, destinée à les fidéliser via des "mercis". 14 000?ambassadeurs ont été recrutés depuis le lancement du service en 2013, qui répondent à 12 000?questions par an environ.

Après un début avec la Fnac, L'Oréal Paris, Lancôme, le programme relationnel Ma vie en Couleurs ou Go Sport (une vingtaine de marques utilisent aujourd'hui TokyWoky), la solution fait ses preuves chez Kiabi. Depuis le mois de janvier dernier, et après un mois de test sur le site Kiabi.fr, qui pèse environ 6% du chiffre d'affaires de l'enseigne (soit 1,55?milliard d'euros en 2014), TokyWoky afficherait un taux de conversion de 7% des internautes en clients. "Aujourd'hui, nous allons déployer notre système de recommandation pour Kiabi sur l'ensemble de ses sites marchands européens."

My Pop Corner: la "pierre" aussi innove

Le bon produit, au bon endroit, au bon moment. C'est le socle du ­commerce. My Pop Corner a remporté, en juin 2015, le premier "Coup de coeur Start-up du SIEC'Lab", de la dernière édition du SIEC, un salon dédié à l'immobilier commercial. Il s'agit d'un site internet qui simplifie la?réservation d'espaces éphémères: les marques, les e-commerçants et les créateurs peuvent ainsi?exposer ou vendre leurs produits dans des lieux physiques adaptés et inoccupés pour la durée de leur choix. Nicolas Lengaigne, cofondateur de My Pop Corner, décrit Ma Pop Corner comme le "Airbnb des centres commerciaux": "Le SIEC'Lab nous a permis de faire des rencontres qualitatives et d'échanger avec des bailleurs et des enseignes intéressés par notre solution."

Lire la suite en page 3.

Le temps du déploiement ?

Sophie Lubet, directrice de Paris Retail Week, se réjouit de cette déferlante de start-up innovantes: "Après une période d'observation prudente, les retailers ont pris conscience de l'urgence d'irriguer le commerce en idées neuves, parfois même révolutionnaires, pour accélérer sa mutation." En janvier dernier, à New York, la grand-messe du commerce mondial, le Retail Big Show (NRF), a confirmé la ­prédominance du magasin dans la croissance du secteur du commerce.

Selon Guillaume Rio, technology trends manager pour L'Échangeur By Laser, cette attention croissante portée à l'apport du digital sur les parcours clients ne fait que commencer: "Les retailers ­s'organisent en déployant leurs propres labs", observe-t-il. Pour lui, ce sont les fournisseurs de solutions IT qui sont au service au retail et non l'inverse: "On a très peu parlé d'Amazon dans les allées du salon, cette année. Quant à Google, qui devait présenter son digital wallet, il s'est désisté à la dernière minute." Des retailers qui mènent la danse, donc, et dont les yeux convergent, aujourd'hui, vers un point de contact de plus en plus stratégique: le mobile. Cela tombe bien, les start-upers sont nés un smartphone à la main...

5 conseils pour innover grâce aux start-up

1) Quels besoins?
Ce n'est pas parce que c'est la mode qu'il faut la suivre. Une start-up peut vous aider à lever un irritant (NDLR: ce qui freine votre business). Menez un audit avant de vous lancer.

2) Comment choisir ?
Parmi la myriade de start-up qui pullulent sur le marché, il y en a sans doute une qui peut vous aider. Contactez un incubateur, lisez la presse spécialisée (Maddyness, notamment), déplacez-vous pour les rencontrer lors des nombreuses manifestations partout en France (le salon Paris Retail Week en présente une quarantaine).

3) Demandez un test
La bonne idée s'exprime vite et bien. Cela s'appelle un pitch. En cinq minutes, vous devez avoir saisi les opportunités que propose la ou les start-up. Soumettez-les ensuite à un test in vivo.

4) Créez votre propre incubateur
À l'image du groupe de prêt-à-porter Beaumanoir, créez votre propre cellule d'innovation en organisant un concours autour de vos principaux objectifs. C'est la méthode exploratoire.

5) Associez vos équipes
Ne laissez pas vos salariés en dehors de ce vent d'innovation. Profitez de cette volonté de changement pour écouter tout ce qu'ils ne disent pas d'ordinaire. Dans le retail, il y a un mantra très connu: "C'est celui qui fait qui sait"...

Pour aller plus loin: l'interview de Sophie Lubet, directrice du pôle retail Comexposium et commissaire du salon Paris Retail Week



 
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