"Ma vision n'est pas financière, mais centrée sur l'humain", Pascal Chevalier
En 2012, Pascal Chevalier créée Reworld Media. 7 ans et plusieurs acquisitions plus tard, il rachète les titres de Mondadori France, faisant de son groupe de presse le 1er éditeur de magazines français. Quels sont ses projets, sa vision, mais aussi les difficultés à venir?
Je m'abonne- Avec le rachat de Mondadori France, Reworld Media devient le 1er éditeur de presse magazine en diffusion. Quel est votre projet pour les nouvelles marques médias que vous intégrez?
Pascal Chevalier: Assurer leur développement sur l'ensemble de leurs canaux. Soit, ce que nous nous appliquons à faire sur l'ensemble de notre offre éditoriale depuis notre création, en 2012. Marie france diffusé à plus de 100 000 exemplaires, a ainsi vu son site exploser avec 2 millions de VU par mois. Tiré à 150 000 exemplaires, Auto Moto totalise, de son côté, plus de2,5 millions de VU, alors que lors de son rachat, il n'avait même pas de site web! Pourquoi ce succès? Car nous avons trouvé les canaux les plus efficaces pour parler à nos lecteurs, tout en maintenant une haute exigence éditoriale. Pour Auto Moto, il s'agit des vidéos. Et cela n'a rien changé, sur le fond, au travail des journalistes. Avant, ils exprimaient leur passion en écrivant. Ils le font désormais via des vidéos.
C'est cette logique que nous allons appliquer aux titres de Mondadori France. Il s'agit de marques médias très puissantes, qui ont souffert, depuis des années, d'un manque criant d'investissement.
- Quels seront les premiers titres à être repensés?
Nous n'allons pas changer pour changer. Science et Vie, ça cartonne tellement que les modifications seront à la marge. Idem pour Télé Poche et Télé Star, diffusés, respectivement, à plus de 360 000 et 730 000 exemplaires ou pour Le Chasseur français.
Ce qui, en revanche, est assez incroyable, c'est que les marques de Mondadori France ont été très peu digitalisées. Et lorsqu'elles l'étaient, leur audience n'était même pas nécessairement monétisée. C'est ce potentiel, gigantesque, que nous voulons chercher. Parallèlement, nous intensifions sur les nouveaux produits, à raison de 10 par an sur chacun des titres... 5 seront probablement abandonnés, 3 seront moyens, mais deux seront bons! Et enfin, nous misons sur le hors media, jusqu'ici, très peu développé. Organisée, le 2 septembre, par Sport Auto, la 1re édition du Track Day doit ainsi être un événement, non pas annuel, mais trimestriel ! Et ce n'est qu'un exemple.
A terme, le chiffre d'affaires doit être répartis sur 3 socles, le print, le digital et le hors media.
- Quelles synergies ferez-vous jouer au sein de ce nouveau Reworld Media?
Nous avons beaucoup à apprendre de la stratégie d'abonnement menée, jusqu'ici par Mondadori France, et pilotée par Christophe Ruet. Notre idée, c'est de monter des offres couplées entre les 3 millions d'abonnés de Mondadori France et les 300 000 de Reworld Media. Parallèlement, notre idée est d'utiliser la force des marques media pour pousser les événements du reste du groupe, ainsi que ceux de NetMedia Group auquel appartient plusieurs titres de presse BtoB, dont Marketing.
- Quelles difficultés aurez-vous à surmonter?
Ce sera l'humain, comme à chaque fois. Et c'est normal, nous avons tous peur de l'inconnu... Mais souvent, cela se règle souvent, rapidement, lors de rencontres informelles. Dans une boîte comme Mondadori France, où de nombreux journalistes ont beaucoup d'ancienneté, il est logique qu'ils partent avec leur clause de cession. Mais cela ne signifie pas, bien au contraire, la fin de notre collaboration. [Depuis cet entretien, 60% des journalistes ont posé leur clause de cession, Ndlr]. Et pour ceux qui restent, cela crée de sacrées opportunités. Moi, je veux des projets. Et je veux rassurer tous les collaborateurs: ma vision n'est pas financière, mais centrée autour de l'humain, des contenus et des produits.
- Mondadori France devient donc Reworld Media. Concrètement, un déménagement des équipes est-il prévu?
Mondadori s'est engagé sur un bail ferme de 9 ans pour des locaux à Bagneux.
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