Recherche

[Interview] : La certification FSC, un atout pour la communication papier

Avant toute communication papier, que ce soit par catalogue, prospectus ou encore courrier adressé, il y a un arbre. Pour revenir aux origines de ce qui constitue l'essence même de ce matériau, nous nous sommes adressés à Aurélien Sautière, directeur exécutif de FSC France. Entretien.

Publié par le | Mis à jour le
Lecture
6 min
  • Imprimer

Pouvez-vous rappeler le rôle de FSC ?

Aurélien Sautière : Forest Stewardship Council (FSC) est une ONG internationale née en 1994 aux Etats-Unis. Le bureau national français, dont je suis directeur exécutif, a quant à lui été fondé en 2003.

L'objectif de FSC est la promotion de la gestion responsable des forêts dans le monde, à travers la garantie d'une chaîne de contrôle fiable, depuis le producteur jusqu'au consommateur. 

Concrètement, lorsqu'un acteur - producteur, industriel, commerçant, marque, collectivité, imprimeur, etc -, souhaite détenir le label, plusieurs audits sont réalisés par un organisme extérieur. Après cet audit initial, un certificat de gestion forestière ou de chaîne de contrôle suivant le cas est alors délivré pour une durée de 5 ans, suivis de contrôles annuels.

 

Comment sont définis les critères du label ?

A.S : Ces critères sont définis en lien direct avec notre gouvernance, elle-même en ligne avec la notion de développement durable. FSC est une ONG qui appartient à ses membres, répartis dans une chambre sociale (syndicats de travailleurs, usagers de la forêt, représentants des peuples autochtones, etc), une chambre économique (propriétaires, gestionnaires et exploitants forestiers, industriels et négociants, marques et distributeurs, imprimeurs, etc) et une chambre environnementale (associations nationales et internationales environnementales, experts scientifiques). 

Les critères ne sont pas figés : les normes évoluent au gré de prises de décisions. Pour être adoptée, une motion doit recueillir la majorité de l'ensemble des membres, ainsi que la majorité au sein de chacune des chambres.

En ce moment-même a lieu notre assemblée générale, qui se tient tous les trois ans. Au cours de celle-ci, des discussions sont engagées entre les différentes parties prenantes, et tous les membres définissent ensemble les règles de gestion forestière. 

 

Quelles-sont les règles de la gestion du milieu forestier vue par FSC ?

A.S : Les règles de FSC se composent de deux standards : le standard de traçabilité, afin de s'assurer des certifications de l'ensemble des acteurs impliqués dans la commercialisation d'un produit labellisé FSC, et le standard forêt, qui rassemble 10 principes et 70 critères de gestion forestière, définis par les adhérents FSC de 1994 à aujourd'hui. Ce dernier s'applique partout dans le monde, mais s'adapte aux différentes réalités (administrative, environnementale, sociale…) que les différents pays rencontrent localement.

En France, un groupe de travail dédié définit des indicateurs plus spécifiques, négociés sur le même modèle qu'au niveau mondial. La prochaine révision de ces indicateurs aura lieu dans le courant de l'année prochaine. L'objectif est ensuite d'obtenir un référentiel pour l'ensemble des acteurs certifiés FSC en France.

Ces critères et ces indicateurs répondent aux grands enjeux environnementaux et sociétaux actuels.

Du point de vue environnemental, la gestion forestière vue par FSC doit répondre à de hautes valeurs de conservation des forêts. Nous travaillons par exemple à l'identification de zones à protéger pour différentes raisons environnementales ou sociales (intérêt patrimonial, lieu de nidification, biodiversité, etc). Nous menons également une lutte contre la conversion des forêts, et notamment la déforestation, qui n'est pas acceptable dans le cadre d'une certification.

D'un point de vue social, nous veillons au respect du droit des travailleurs. Contrôler n'est pas toujours chose facile ; toutefois, nous obtenons de précieuses informations sur les gestionnaires en relevant les plaintes et les procédures en cours contre eux auprès des services publics. 

 

Quelles sont les proportions de forêts certifiées FSC ?

A.S : Encore assez peu, même si l'on observe de fortes croissances. Au niveau mondial, plus de 215 millions d'hectares sont certifiés FSC, et ce sur tous les continents, soit environ 53 000 entreprises certifiées sur l'ensemble de la chaîne de contrôle.

En France, nous certifions près de 100 000 hectares. Un chiffre en nette hausse, puisqu'en 2017 il était d'à peine 34 000 hectares ! Mais cela reste encore peu élevé par rapport aux 18 millions d'hectares de forêts que compte la métropole…

Cette croissance s'explique notamment par des raisons économiques : les entreprises réalisent le bénéfice commercial d'une certification FSC, parfois indispensable pour toucher certains marchés.

 

Quelle est la représentation de la filière papier dans cette activité ?

A.S : La filière papier est la plus importante, et a été la première à avoir compris l'intérêt de la certification. Viennent ensuite le marché du panneau, puis celui de la construction (bois d'œuvre).

L'industrie du papier en France est particulièrement moteur en matière de certification : ses entreprises veulent montrer qu'elles font les choses bien. Le groupe Sylvamo l'un des plus importants producteurs de papier en France et dans le monde, certifie l'ensemble de ses gammes.

 

Quel est l'impact d'une certification FSC sur la communication d'une entreprise ?

A.S : Aujourd'hui, nous comptons 900 entreprises certifiées en France sur l'ensemble de la chaîne : industriels, négociants, imprimeurs, etc. Elles étaient 802 en 2020. Les marques et les distributeurs suivent cette même tendance. Ils doivent détenir la licence de communication sur FSC s'ils souhaitent commercialiser des produits. Les lettres FSC et le logo sont des marques déposées ; une autorisation est donc nécessaire pour les utiliser.

Les entreprises françaises n'étaient que 27 à détenir la licence en 2020. Deux ans plus tard, elles sont 63 ! Ce qui n'est pas rien quand on pense que certaines sont de grands groupes multinationaux…

Cette demande croissante de la part des marques vient de plusieurs raisons. Tout d'abord, la certification FSC est un véritable outil de RSE pour elles. Et puis c'est aussi une garantie pour des consommateurs de plus en plus exigeants et soucieux des aspects environnementaux et sociétaux.

Le sujet de la préservation des forêts n'est malheureusement pas encore au cœur du débat public. Cependant, la certification est un véritable outil de marché, et les consommateurs participent à donner de plus en plus de poids à ce label. C'est donc un cercle vertueux, et les entreprises ont donc tout intérêt à recourir à cet outil, notamment pour leurs communications papier, car c'est une preuve attendue de leur intégrité auprès de leurs consommateurs et plus largement des citoyens.

 

Cet été a été le triste témoin d'incendies dévastateurs, en France comme ailleurs. Est-ce que ce bois brûlé peut toutefois être utilisé ? Si oui, à quelles fins ?  

A.S : Malheureusement, face à ces incendies qui ont ravagé le Sud-Ouest, la Bretagne mais aussi le Maine-et-Loire, nous restons impuissants… Nous n'avons pas déploré d'incendie de forêt certifiée FSC.

Mais lorsqu'une forêt brûle, tout le bois ne se consume pas jusqu'aux cendres. Des arbres qui ne sont atteints qu'en surface peuvent survivre. Certains arbres sont encore exploitables, mais sont parfois déclassés. Partiellement carbonisés, les incendies laissent des traces de noircissement difficilement compatibles avec la transformation en pâte à papier. Mais ce bois peut encore tout à fait servir comme bois de chauffage.

Dans tous les cas, l'important est de réfléchir plus globalement à une gestion forestière qui maximise la résilience d'une forêt, face aux incendies mais aussi à d'autres fléaux dûs au réchauffement climatique, comme les scolytes, une famille d'insectes qui creusent des galeries dans le cambium des épicéas. Leur surnombre a déjà fait des milliers de victimes dans les arbres des forêts de l'Est et du Nord. 

 

A lire aussi : Le courrier, support idéal du Goodvertising

À lire aussi

S'abonner
au magazine
Se connecter
Retour haut de page