Quelle relation client dans le secteur Banque ?
RI France et Marketing Magazine se sont associés pour analyser chaque mois un secteur sur la base d'un modèle normé de la relation client développé par Research International. Premier secteur : la banque.
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La satisfaction s'est imposée dans les entreprises comme un indicateur
incontournable dès les années 80. Mais très vite, il est apparu qu'un client
satisfait n'était pas nécessairement un client fidèle, et les modèles d'analyse
de la relation client se sont enrichis des notions de fidélité dès le début des
années 90. Si on fait aujourd'hui le bilan de ces quelques décennies, on peut
se demander en quoi les entreprises ont progressé dans la gestion de leur
relation client ? Le temps d'attente aux services clients s'est réduit, les
réponses apportées ont gagné en pertinence et en qualité, clients anciens et
clients récents sont clairement identifiés dans les bases de données… Mais ces
améliorations sont-elles suffisantes pour instaurer une relation client riche
et durable ?
On peut en douter, surtout dans un contexte où l'augmentation du
niveau de qualité des produits et services délivrés par les entreprises va de
paire avec l'accroissement du niveau d'exigence des clients. Si on ajoute à
cela que les clients fidèles ne sont pas toujours les clients les plus
rentables et qu'une fidélité “passive” peut masquer un comportement beaucoup
plus “actif” (et donc plus rentable) avec une autre entreprise du marché, on
réalise combien il est urgent aujourd'hui de repenser la gestion de la relation
client. Sur la base de ses multiples expériences d'analyse de la relation
client, Research International a développé un modèle qui ne se limite pas
uniquement aux simples notions de fidélité mais qui prend en compte le
développement de la relation dans une optique d'accroissement de la
profitabilité. Le modèle RI mesure ainsi deux indicateurs de développement de
la relation client : - Index Cross-sell / ventes croisées, - Index Up-sell /
montée en gamme.
Quels leviers actionner pour renforcer la qualité de la relation client ?
Une étude menée par Research
International en Europe et aux Etats-Unis auprès de plus de 10 000 clients a
démontré comment une relation client basée à la fois sur des dimensions
“fonctionnelles”et sur des dimensions “émotionnelles” maximise les indicateurs
de pro- fitabilité clients (up-selling et cross-selling). Deux indicateurs
normés ont ainsi été créés : - Index fonctionnel, - Index émotionnel. Le
modèle RI calcule ainsi, pour chaque client interrogé, 2 scores selon la
qualité de la relation qu'il entretient avec son fournisseur. Les observations
contenues dans la base de données RI démontrent que les clients présentant un
index fonctionnel faible et un index émotionnel élevé sont très peu
nombreux.
Les Français et leur banque
Les résultats
observés sur le secteur bancaire le confirment (voir graphique ci-contre) :
seulement 2 % des Français ont une relation émotionnelle forte avec leur banque
alors même que leur relation fonctionnelle est faible (index émotionnel élevé
et index fonctionnel faible). Il semble, en effet, difficile d'instaurer une
relation de confiance si la qualité de la prestation rendue est déjà
insuffisante. Ils sont un peu moins d'un quart (23 %) à présenter des scores
fonctionnels et émotionnels élevés, c'est-à-dire à disposer de tous les
prérequis pour renforcer leur relation commerciale avec leur banque
(souscription à de nouveaux produits ou services, montée en gamme). Les index
de profitabilité de ces clients sont les plus élevés : index de rétention
(propension à rester clients) de 98 %, index Cross-sell (propension à souscrire
de nouveaux produits ou services) de 46 % et index Up-sell (propension à monter
en gamme) de 9 % (voir graphique ci-contre).
A l'opposé, les clients se
caractérisant par un index fonctionnel faible et un index émotionnel faible
obtiennent des index de profitabilité en retrait : index de rétention de 59 %,
index Cross-sell de 12 % et index Up-sell de 3 %. Ces clients sont pourtant les
plus nombreux : ils représentent 45 % de la clientèle bancaire française.
Notons, en outre, que le score de rétention de 59 % (score qui peut apparaître
élevé pour une population peu satisfaite tant sur les dimensions fonctionnelles
qu'émotionnelles), s'explique très certainement par les barrières au
changement, toujours très fortes dans l'univers bancaire.
Enfin, pour 30 % des
clients bancaires, la relation avec leur banque se limite aux seules dimensions
fonctionnelles (index émotionnel faible et index fonctionnel élevé). On
ob-serve alors pour ce type de clients de bons scores de rétention (88 %) mais
des scores de cross-selling plus faibles (33 %). Placer la relation client
dans un registre émotionnel (et non seulement fonctionnel) permet donc
d'accroître visiblement la part des clients susceptibles de souscrire à de
nouveaux services (d'un tiers à la moitié de la clientèle).
Banques mutualistes vs banques centralisées
Les
banques dites mutualistes (les Banques Populaires, la Caisse d'Epargne, le
Crédit Agricole, le Crédit Mutuel) semblent en être une bonne illustration. En
effet, la proximité client qui les caractérise depuis de nombreuses années est
très probablement à l'origine du taux élevé de clients présentant des scores
émotionnels et fonctionnels forts (24 %), contrairement aux banques
centralisées (BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit Lyonnais), qui n'en
comptent que 18 %. Cette tendance est encore accentuée par le résultat suivant
: plus de la moitié de la clientèle des banques centralisées obtient des scores
faibles sur les deux index : fonctionnel et émotionnel (soit 53 % alors qu'ils
ne sont que 44 % au sein des banques mutualistes). Dans ces conditions, il
n'est pas surprenant d'observer de meilleurs résultats pour les banques
mutualistes sur les items liés au développement de la relation, comme par
exemple : “ Je suis plus disposé à essayer les nouveaux services de ma banque
que ceux des autres banques” (24 % d'accord très positif pour les banques
mutualistes contre 15 % dans les banques centralisées).
Ces résultats doivent
être naturellement complétés d'analyses des profils de clientèle. A titre
d'exemple, La Poste obtient des scores assez différents de ceux du marché, qui
s'expliquent aisément par le caractère quelque peu atypique de sa clientèle.
Une relation de qualité, i.e. qui sait concilier performance, qualité du
service rendu et confiance, attachement à l'enseigne (“Ma banque se démarque
des autres banques et son image me correspond bien”) peut faire naître des
attitudes curieuses voire inespérées : “Je suis prêt à faire des concessions
pour être client de ma banque”. Une attitude qui n'est pas encore partagée par
tous…
Modèle RI
(chaque index correspond à un pourcentage d'agrément calculé à partir de plusieurs items). - Index de Rétention : propension à rester client - Index Cross-sell : propension à souscrire à de nouveaux produits ou services - Index Up-sell : propension à monter en gamme Index de qualité de la relation client (chaque index correspond à une note sur 10 calculée à partir de plusieurs items). - Index Fonctionnel : performance de la relation sur les dimensions fonctionnelles - Index Emotionnel : performance de la relation sur les dimensions émotionnelles